9 janvier 2017

Thee Oh Sees - A Weird Exits, Live In San Francisco et Odd Entrances (2016)

John Dwyer est incontestablement l'homme de cette année 2016. Alors que seulement une année s'est écoulée depuis la sortie de Mutilator Defeated At Last voilà qu'en 2016 les Oh Sees ont sorti la bagatelle de trois disques !

Le premier disque à voir le jour est un live, dans la désormais mythique série Live In San Francisco. Un live qui permet de donner un aperçu de la puissance scénique du groupe, de la machine à groove que sont Dwyer et sa bande. Toute personne ayant assistée à un concert des Oh Sees vous le dira, les californiens sont un des meilleurs groupes de rock and roll en activité. Si rien ne vaut l'expérience du live cet enregistrement à le mérite de capter et de restituer un peu de la magie de la bande. Un aperçu qui rappellera des souvenirs heureux à celles et ceux qui ont eu la chance de les voir et qui devrait convaincre les autres de la nécessité d'assister une fois dans leur vie à un concert des Oh Sees.
Le tracklisting fait la part belle à Carrion Crawler/The Dream (2 titres), Floatin Coffin (3 titres) et Mutilator Defeated At Last (3 titres). Un tracklisting complété d'un titre du futur album A Weird Exits et deux singles du groupe (dont le mythique Tidal Wave enregistré en 2010).

Tracklist : I Come From The Mountain / The Dream / Tunnel Time / Tidal Wave / Web / Man In A Suitcase / Toe Cutter Thumb Buster / Withered Hand / Sticky Hulks / Gelatinous Cube / Contraption


Après cette mise en bouche, place à A Weird Exits la nouvelle production studio du groupe. Disons le sans ambages il s'agit là du meilleur album enregistré par les Oh Sees depuis Carrion Crawler. Rien que ça. Si la formule depuis lors est bien connue, mélange de garage rock high energy, de heavy et de kraut, les Oh Sees sous la houlette d'un Dwyer plus aventureux que jamais insuffle un vent nouveau, une vague de fraîcheur à leur recette qui menaçait de les voir tourner en rond.
Les expérimentations de Dwyer avec son projet parallèle Damaged Bugs servent désormais à enrichir la palette musicale du groupe ("Jammed Entrance"). S'il on devait faire une comparaison, ce Weird Exits c'est le Fun House des Oh Sees. Et pas seulement parce que certains titres font penser immanquablement aux Stooges (flagrant sur les attaques de guitare de "Dead Man's Gun") mais surtout par cette esprit de liberté, de créativité artistique qui habite ce nouvel album. On sent les Oh Sees libérés comme jamais comme si le renouveau apporté par le changement de personnel avait requinqué Dwyer et que Mutilator Defeated At Last malgré ses nombreuses qualités n'avait été au final qu'un brouillon, un nécessaire album de rodage pour ses nouveaux compagnons de jeu.
Résultat on est à la fête sur chaque titre, l'apport des deux batteurs (comme désormais en live) apportant un vrai plus.
Si "Ticklish Warror" est dans le plus pur style Oh Sees, sur "Plastic Plant" le côté plus aventureux plus débridé, dope le morceau. Un morceau époustouflant.
Weird Exits est un album varié aux multiples facettes et rend la facilité avec laquelle le groupe enquille les perles plus fascinante encore.
Aussi à l'aise quand il fait sortir l'artillerie lourde ("Gelatinous Cube") que quand il faut prendre son temps pour poser les bases avant de faire décoller le morceau ("Unwrap The Fiend pt2"). Et que dire de la fin de l'album - toute la deuxième partie de l'album revêt une tonalité différente - avec "Crawl Out From The Fall out" titre planant bien psyché s'étalant sur près de huit minutes ou "The Axis" ballade nimbée d'échos noyés, portée par des nappes d'orgue pour se conclure dans un maelström de guitares noisy digne d'un Neil Young.
Avec Weird Exits les Oh Sees viennent de sortir ni plus ni moins qu'un des meilleurs albums de 2016 mais aussi un de leurs meilleurs disques à ce jour.
Chapeau bas.

Tracklist : Dead Man’s Gun / Ticklish Warrior / Jammed Entrance / Plastic Plant / Gelatinous Cube / Unwrap the Fiend Pt. 2 / Crawl Out From the Fall Out / The Axis

Et alors que l'on pensait les agapes terminées voilà que déboule dans les bacs Odd Entrances composé de pistes enregistrées lors des mêmes sessions que Weird Exits. Six nouveaux titres qui prolongent, avec une égale qualité, le plaisir de ce dernier. Une part plus grande étant consacré aux titres au long cours puisque trois des six compositions excédent les six minutes.
"You Will Find It Here" qui ouvre l'album est de ceux là. Une odyssée sonore superbe, planante à souhait, sorte de mille feuilles sonique (à chaque écoute on découvre une couche nouvelle).
Rupture de ton avec "The Poem" qui convoque Donovan au banquet. Un titre tout en retenue qui permet de constater la maîtrise nouvelle du groupe de ces nouveaux tempos tout en permettant une pause avant l'arrivée des huit minutes de "Jammed Exit" le bien nommé sur lequel Dwyer et sa bande s'essayent à moules expérimentations (bidouillages électroniques, flûte. ..). "At The End On The Stairs" résonne à nouveau comme du Donovan, cette fois période Barabajagal, la démesure des Oh Sees en sus tandis que "Unwrap the Fiend pt1" paye son dû à Brian Eno influence revendiquée de Dwyer comme l'attestait la sortie de son album sous le nom de Damaged Bugs.
Même si les titres de Odd Entrances prolongent ceux de Weird Exits, on recommandera de ne pas commencer par ceux-ci, souvent moins abordable dans leur excentricité comme "Nervous Tech (Nah John)" qui clôt le disque par une jam entrecoupée de saillies de guitares... De plus Weird Exits à le mérite malgré sa variété d'avoir une réelle unité qui manque fatalement vu l'exercice à Odd Entrances.
Néanmoins on aurait tort de bouder notre plaisir en ne faisant pas l'acquisition de cette autre galette du groupe, n'en déplaise à nos banquiers.

Tracklist : You Will Find It Here / The Poem / Jammed Exit / At the End, On the Stairs / Unwrap the Fiend, Pt. 1 / Nervous Tech (Nah John)

On vous l'indiquait en introduction, on le réaffirme en conclusion : John Dwyer est le grand bonhomme de cette année 2016. Vivement 2017...

Frank


Audio et vidéo :








15 octobre 2016

Et Pour Quelques 45 De Plus - Acte VI

EMBROOKS - NIGHTMARE / HELEN (2016)

Plus de dix ans que l'on attendait le retour des Embrooks...
C'est peu dire que c'est avec beaucoup d'émotions que l'on a posé ce nouveau single des auteurs de l'incroyable Yellow Glass Perspections, sommet du garage rock sorti en 2004. Un classique qui dépasse d'ailleurs le simple monde du garage.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que Mole, Alessandro Cozzi Lepri et Lois Tozer font un retour en grande forme avec deux nouvelles pépites "Nightmare" et "Helen", qui reprennent là où on les avait laissé : dans une bulle spatio-temporelle bloquée en 1966 (les Who et autres Creation constituent toujours des influences majeures du groupe).
Un 45T à se procurer d'urgence.
On espère maintenant simplement que cela ne soit pas qu'un one shot, et qu'un album est en préparation. Les Embrooks nous ont terriblement manqué.




PINK SLIP DADDY - GOOD HARD ROCK (2016)

Puisque l'on en est à évoquer des retours, signalons celui des Pink Slip Daddy, de Palmyra Delran et Mick Ferguson, groupe américain eighties qui a eu son heure de gloire au début des années 90 et a signé un album recommandable chez Sympathy For The Record Industry (Rock Damage & Other Love Songs en 1994).
Après une carrière en dents de scie, faits de splits et de reformations, on était sans nouvelle depuis un single il y a quelques années.
Et c'est Kizmiaz Records qui rappelle à notre souvenir le combo qui sort de sa retraite avec un 45 à l'ancienne, du bon rock and roll old school, à l'image du bien nommé "Good Hard Rock".
"Bristol Stomp" et "Outskirts" en face B, poursuivent l'effort dans la même veine d'un pub rock jovial et séminal.




JACUZZI BOYS - HAPPY DAMAGE (2015)

Puisqu'on en est à rattraper le temps perdu, il est plus que temps d'évoquer un superbe EP sorti l'an passé et que l'on doit aux Jacuzzi Boys. Il fallait que l'on parle absolument de ce disque et ce pour de nombreuses raisons.
Tout d'abord parce que leur troisième album sorti en 2013 était une vrai sortie de route, le genre de disque à oublier, alors que ce Happy Damage est une vraie bouffée d'air frais, un disque jouissif, tout ce que l'on était en droit d'attendre du groupe.
Ensuite parce que le morceau-titre est sans doute le titre que l'on a le plus écouté l'an passé. Un hit absolu. Sur ces six titres, les Jacuzzi Boys, en grande forme, y dévoilent toutes leurs influences, font montre d'une vraie sensibilité powerpop sans jamais rompre avec leur côté nineties qui fait tout le sel de leurs précédents enregistrements ("Sun" présente quelques proximités avec l'oeuvre des Pixies).
Enfin, ultime raison, très prochainement le groupe devrait sortir un nouvel album que l'on espère du même tonneau.
Croisons les doigts.



WAHYAS - THIRD EYE / POLARIZED VISION (2016)

Poursuivons dans les oublis avec la sortie en début d'année, en coprod Six Tonnes De Chair Records / Shipwrecked Records de ce 45T des Wahyas, duo venu de Caroline Du Nord et composé de Joshua Johnson et Lindsay Sprague. Formule minimaliste donc, guitare / batterie, au service d'un garage rock particulièrement acéré et addictif.
Sur "Third Eye", Lindsay prend les refrains, le fait que les deux chantent sur les couplets apporte une réelle plus-value mélodique à l'ensemble.
On est particulièrement curieux d'entendre ce que le groupe proposera par la suite.



MAIORANO AND THE BLACK TALES – DECONTROL / NOT MELLOW ANYMORE (2016)

L'année dernière on vous avait présenté un album de rock and roll old school, venu d'Italie, le très bon Everything Boom d'Alex Maiorano And The Black Tails.
Les gars ont remis ça le temps d'un single, toujours sur le label allemand Off Label records (on en change pas une équipe qui gagne), qui prolonge le plaisir pris à l'écoute de l'album.
"Decontrol" et "Not Mellow Anymore" ne sont pas des chutes de l'album, vite assemblées en un single pour occuper le terrain mais bien deux titres qui ne dépareraient pas sur Everything Boom.
Juste la marque d'un groupe généreux.



20 août 2016

Qualité Made In France - Acte XV

Et c'est reparti avec une nouvelle fournée de disques français !

------

The Cayman Kings - Suffering Chelsea Boots (2016)

C'est un authentique brûlot garage rock sixties que viennent de sortir les lillois de Cayman Kings. 10 titres dans la grande tradition du genre, portés par des riffs incisifs, une fuzz et un farfisa omniprésents.
Ce qui est remarquable avec ce Suffering Chelsea Boots c'est le rythme imposé par nos frenchies,  la dynamique qui est mise en place dès les premières notes de "Yard Of Junkies" et qui ne se relâche jamais réellement. On sent bien que les gars ont privilégié l'impact, l'unité de l'album quitte parfois à booster le son de la section rythmique là où d'autres auraient privilégier le potentiel mélodique  ("Heavy Candy") et ma foi c'est tout à leur honneur.
Les amateurs de garage rock seront aux anges. Celles et ceux qui le préfère saignant se délecteront de pistes comme "Memory Lane" ou "Same Old". Si c'est l'assaisonnement qui vous fait chavirer "All Nighters" et ses allures de voyage en train fantôme ou "Heavy Candy" vous combleront.
Et si vous cherchez un peu de variété dans un genre ô combien balisé, les Caiman Kings ont également pensé à vous ("Two Lovers" ; "Every Dog Has Its Day" ; "Eyes On The Prize")
Un premier album certes classique mais efficace, solide et varié qui fait plaisir à entendre.
On comprend que l'éminent label Soundflat Records se soit penché sur les Cayman Kings : c'est du tout bon !



Le Villejuif Underground - Le Villejuif Underground (2016)

L'art du pastiche est un art extrêmement délicat. A chaque instant la tentative de rendre un hommage appuyé,  de raviver les souvenirs d'une époque jugée bénie par l'auteur, peut se retourner contre lui. On peut très vite sombrer dans le plagiat le plus éhonté comme virer dans la caricature la plus gênante.
C'est à tout cela que s'est confronté Nathan Roche, l'homme derrière The Villejuif Underground. Australien installé donc à Villejuif, Nathan Roche vient de sortir un album , un pastiche donc, de l’œuvre de l'immense Lou Reed (et pas seulement de l’œuvre du Velvet auquel le blasé de son groupe fait immédiatement pensé).
Le résultat est aussi confondant que réjouissant. Se payant le luxe de chanter comme son idole, The Villejuif Underground se paye le luxe d'enquiller des vignettes en forme d'hommage sans jamais verser dans l'un des deux travers évoqués plus haut.
Déjà parce qu'il prend soin de varier les emprunts. On pense ainsi à un Jonathan Richman en solo ou avec les Modern Lovers mais aussi aux Dandy Warhols ("C. C. C") ensuite parce qu'il y a quelques tics, une légère patine qui est propre à son auteur. L'orchestration, le côté volontairement déglingué de l'ensemble quitte parfois à en grossir le trait y contribuant largement ("Since Everything Changes")
Et ainsi on se surprend à écouter en boucle l'album, satisfait que quelqu'un rouvre la boutique et ose balancer des titres comme "Visions of Shannon", "The Daintree Is Gone", "Cold Dark Place In Your Art", la superbe "Portrait Of A Serial Killer" ou encore "Chefchouen Blues".
Une superbe sortie que l'on doit au label SDZ Records.



Les Tigres du Futur - Collection Illusions Sonores Volume 2 (2016)

S'il y a bien un groupe français enthousiasmant ces derniers temps, c'est bien Les Tigres du Futur...Bon, ok, il n'y a pas que lui, m'enfin quel plaisir de les retrouver dans les bacs après un volume 1 aussi court qu'efficace, tricotant le jerk comme le twist, le rock comme le roll, le bis comme le Z.
Qu'on se rassure, le volume 2 reprend les armes là où on les avait laissées. Baignant dans une atmosphère de moog enfumé, les guitares cisaillent leurs riffs entraînant, flirtant parfois avec le stoner, le heavy (très prégnant en concert) mais ça reste toujours du pur rock'n roll électrisant.
Toujours aucun chanteur à l'horizon – et c'est tant mieux ! - les seules voix présentes sont des extraits sonores de films typé "Nanarland" au début de chaque piste, hilarants au possible, magnifiques tremplins pour lancer des morceaux survoltés aux titres prometteurs tels que "le château des messes noires", "l'énergie cosmique du sexe", "les chiennes du Maharaja" ou bien encore "la mangrove des damnés".
Ce réjouissant programme ne débande jamais, un disque aussi fort en face A que B, qui met une patate d'enfer, à l'image de la splendide pochette.

Longue vie aux Tigres du Futur !


The Hands - We Are Other Men (2016)

Souvenez vous il y a deux ans lorsque l'on évoquait le premier album de ce groupe perpignanais (On The Words) on parlait d'un disque curieux entre punk DIY et rock psyché. Deux ans se sont écoulés et rien n'a vraiment changé pour The Hands qui prend manifestement toujours autant de plaisir à brouiller les pistes.
Ainsi aux côtés de brûlot énergiques "I'm An Other Man", "Won't Change", "Nawa Quest", "We're Just Waiting", le groupe prend le temps de placer quelques variations bienvenus.
Si "The Moment" qui ouvre l'album avait annoncé la couleur, "Right In My Back" qui les rapproche par certains côtés des bretons de Sapin fait la démonstration que le groupe est capable de remiser les rythmiques punk au profit de sonorités plus psyché tout en conservant une tension dans les guitares qui font de ce titre un des meilleurs de l'album.
"Sometimes I Feel" quasi pop porté par un rythme entêtant confirme la science du contre-pied dont est capable le groupe, un constat renforcé par "Illusion" et "I'm a man (in the fields)" qui tente (avec réussite) de concilier les deux facettes du groupe.
"Save Yourself" termine ce disque solide avec un mid tempo qui monte progressivement en tension même si on aurait aimé un titre plus long plus épique. On ressent une légère pointe de déception de terminer ainsi un album qui confirme néanmoins le talent du groupe qui a mis à profit ces deux dernières années pour affiner sa formule.
Affaire à suivre.



18 juillet 2016

The Mystery Lights - The Mystery Lights (2016)

S'il y a un bien un style qui a la vie dure, c'est bien le garage rock d'obédience sixties. Pas une année ne se passe sans que nous ayons droit à notre lot de disques de garage revival, portés par des groupes ayant sévèrement biberonnés aux coffrets Nuggets et autres Mindrockers. Et chaque année un disque sort du lot, concourant ainsi à l'intemporalité du genre.
Cette année c'est au tour des Mystery Lights de reprendre le flambeau et de quelle manière. Groupe américain composé de californiens ayant posés leurs valises à New York, comme un symbole d'unification des deux côtes, les Mystery Lights viennent de sortir un disque incroyable, appuyé par une production aux petits oignons.

Une production que l'on doit au label Daptone (Wick Records est la nouvelle filiale rock du label) et à ses studios d'enregistrement aussi rutilants que les cuivres qui émaillent leurs productions habituelles (la fameuse House Of Soul). Car comme vous le savez sûrement le label Daptone est surtout connu pour ses sorties soul, jazz, funk ou reggae et la qualité incroyable de leurs enregistrements.
Ici avec les Mystery Lights le résultat est confondant. On jurerait avoir affaire à un disque d'époque, à une rareté exhumée des caves d'un label sixties, dûment réhabilitée et soigneusement remastérisée.
Mais résumer ce disque au travail de Daptone et à ce son résolument vintage serait éminemment réducteur. Comme vous le diraient les éminents spécialistes, avoir le son c'est bien, mais à quoi bon si on n'a pas de compos. Et de ce côté là les Mystery Lights font très fort.

Après la mise en bouche, le justement nommé, "Intro", le groupe envoie une palanquée de titres à faire se pâmer les amoureux du garage sixties. "Follow Me Home" c'est la grosse classe, ça suinte l'urgence, c'est remarquablement exécuté et la gouaille du chanteur y fait merveille. "Flowers In My Head, Demons In My Head", enterre le rêve hippie dans un désert texan quand "Too Many Girls" est le titre parfait, un tube garage finement ciselé. Du bel ouvrage. Et ça continue avec "Without Me", sur lequel les Mystery Lights tentent la pop song ultime avec la même réussite.
"Melt" vient remettre un peu de peps avant que "Candlelight" ne revienne à ce que les Mystery Lights semblent affectionner, des tempos plus lents, appuyés par des guitares incisives, ce que l'on retrouve par la suite sur "Too Tough To Bear", "21 & Counting" et "What Happens When You Turn The Devil Down". Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on prend un pied considérable à l'écoute de ces petits chefs d'oeuvre.

Alors certes, les indécrottables grincheux argueront qu'il n'y a là, rien de neuf sous le soleil et que ça manque quelque peu d'une identité propre.
Certes on ne pourra nier cet état de fait mais tant qu'on nous servira des disques de cette qualité on sera, pour notre part, comblés.

Frank

Tracklist :
1.Intro
2.Follow Me Home
3.Flowers In My Hair, Demons In My Head
4.Too Many Girls
5.Without Me
6.Melt
7.Candlelight
8.21 & Counting
9.Too Tough To Bear
10.Before My Own
11.What Happens When You Turn The Devil Down

Audio et vidéo :

5 juillet 2016

Audacity - Hyper Vessels (2016)

Audacity ne fera jamais parti des têtes d'affiche, de ces groupes capable de fédérer les troupes, de ceux qui font l'unanimité. Leur formule forcément limitée, du garage rock braillard mâtiné de powerpop,  les empêchera toujours de suffisamment se renouveler comme de toucher le plus grand nombre.
Pourtant on a toujours eu un faible pour la bande à  Matt Schmalfeld et Kyle Gibson.  Tout simplement parce qu'ils ont toujours des fulgurances, une simplicité dans l'évidence mélodique qui font que sur chaque disque on trouvera de quoi se contenter.
Qui plus est la sortie il y a trois ans de Butter Knife, qui les voyaient sortir du carcan lo-fi, avait nourri quelques espérances.
A ce titre, la sortie d'Hyper Vessels déçoit encore plus.
S'il on retrouve le style d'Audacity et une poignée de titres assez emballants le groupe tourne assez vite en rond et s'engonce dans des travers que l'on ne lui connaissait pas, grossissant le trait de ce qui était ses qualités jusqu'à parfois provoquer une pointe d'agacement.
Ainsi, un titre comme "Umbrellas" gonflé aux hormones ne mène nulle part et apparaît beaucoup trop long. La production loin d'être un modèle de finesse est pour beaucoup dans l'agacement qui est le notre à l'écoute de ce Hyper Vessels. Le cas "Counting The Days" est symptomatique de cet état de fait. 
Ce titre était initialement sorti en single et produit par le non moins remarquable Bobby Harlow (The Go). Là où Harlow avait réussi a ménagé ses effets, à transcender un titre déjà accrocheur, le mix de l'album, enregistré chez Ty Segall, gomme quelque peu ses aspects pour ne conserver que le côté frontal.
 Néanmoins, si la production peut être pointée du doigt, rien n'explique que le groupe qui envoyait "Tell Yourself" sur Butter Knife soit le même qui propose un titre aussi affligeant que "Baseball" qui n'a pour effet que de filer un sacré mal de tête.
Mais ne tombons pas à notre tour dans l'excès et convenons néanmoins qu'encore une fois nos trublions arrivent à enquiller quelques titres bien sentis qui adoucissent la pilule : "Counting The Days" malgré ce qui a été dit plus haut car c'est un excellent morceau, "Not Like You", "Dirty Boy" ou "Previous Cast".
Hyper Vessels n'est pas un mauvais disque, loin s'en faut, c'est juste que l'on attendait plus et mieux de nos californiens.
Allez, gageons que ce ne soit que partie remise.

Frank

Audio et vidéo :

26 juin 2016

King Gizzard & The Lizard Wizard - I'm In Your Mind Fuzz (2014), Paper Mâché Dream Balloon (2015) et Nonagon Infinity (2016)

Si le rythme de parution sur le blog est devenu quelque peu erratique, on passe encore pas mal de temps à écouter les nouveautés, à défaut de prendre le temps de vous faire partager nos découvertes. Histoire de rattraper quelque peu le temps perdu, nous allons aujourd'hui évoquer le cas King Gizzard & The Lizard Wizard. Un groupe dont on ne se lasse pas depuis des mois d'écouter la discographie, du moins récente (vous allez comprendre pourquoi "récente" dans quelques secondes lecteurs impatients !).
Le groupe se forme à Melbourne en Australie en 2011 et sort son premier album, 12 Bar Bruise en 2012, point de départ d'une discographie pléthorique qui compte à ce jour pas moins de sept albums et un EP !

Il faudra néanmoins attendre la sortie en 2014 sur Castle Face de I'm in Your Mind Fuzz pour que le groupe parvienne jusqu'à nos oreilles. Difficile donc pour nous de nous faire une idée du potentiel déployé sur 12 Bar Bruise, Eyes Like the Sky (2013), Float Along, Fill Your Lungs (2013) ou même Oddments (2014). Grâce en soi donc rendu au label de John Dwyer de nous avoir fait découvrir cet extraordinaire groupe.
King Gizzard & The Lizard Wizard est sans doute la plus belle surprise qui nous a été donnée d'entendre depuis longtemps et I'm in Your Mind Fuzz est une excellente porte d'entrée pour découvrir l'univers du groupe. Un univers où s'enchevêtre rock psyché fin sixties, space rock et kraut dans un mélange à la fois détonnant et hypnotique.
Sur cet album le groupe délivre une vraie leçon de rock and roll et tient la dragée haute avec le meilleur des Oh Sees (pas une surprise si ce disque est sorti chez Castle Face donc).
Les quatre premiers titres s'enchaînent sans temps mort constituant une seule et même pièce qui ravit et laisse exsangue "I’m In Your Mind" / "I’m Not In Your Mind" / "Cellophane" / "I’m In Your Mind Fuzz", c'est du miel pour les oreilles. Rarement on aura été aussi retourné à l'écoute d'un début d'album. Des titres servis par des musiciens impeccables, la palme au bassiste qui tire merveilleusement son épingle du jeu, donnant le la de chaque morceau.
Le hic c'est que ces titres sont d'un tel niveau que l'on a tendance à considérer, lors des premières écoutes, qu'il s'agit d'un disque bancal, qui après un début époustouflant à tendance à s'essouffler. Cela n'est pas complètement faux mais aussi un peu injuste.

"Empty" qui les rapproche de l’œuvre d'un Tame Impala, "Hot Water", réhaussé d'une flûte, qui rappelle les grandes œuvres du krautrock ou l'excellente "Am I In Heaven?" sont d'un très bon niveau également.
S'il on devait émettre une quelconque réserve on la porterait sur les trois derniers titres moins essentiels ("Slow Jam I" ; "Satan Speeds Up" et "Her And I"), qui par leur côté bucolique, tranchent un peu trop avec la tonalité du reste de l'album.

Tracklist : I’m In Your Mind / I’m Not In Your Mind / Cellophane / I’m In Your Mind Fuzz / Empty / Hot Water / Am I In Heaven / Slow Jam 1 / Satan Speeds Up / Her And I (Slow Jam 2)


Dans la foulée de ce disque remarquable, les King Gizzard & The Lizard Wizard ont sorti un EP, Quarters!, un peu curieux, qui nous a quelque peu désarçonné. Quatre titres d'une durée égale de 10'10, quatre jams space-rock, assez vaines, et surtout  assez loin du niveau de I’m In Your Mind Fuzz dont on croirait par instant entendre les ébauches.

Pas à un contre-pied près, et alors qu'après la déception de Quarters! on attendait plutôt un disque en forme de retour aux sources, le groupe propose avec Paper Mâché Dream Ballon... un disque de pop acoustique ! Et le moins que l'on puisse dire c'est que cet album est plutôt réussi.
"Sense" qui ouvre le disque un peu chichement avec sa clarinette dégoulinante colle un peu aux doigts, mais démontre la capacité du groupe à œuvrer à la limite du bon goût. Heureusement la suite est d'un tout autre niveau, et Stu Mackenzie et ses six compères s'y entendent pour offrir une sunshine pop bluffante : "Bone" est le genre de titre qui une fois entendu reste en tête, impossible de s'en détacher, "Dirt" à ce petit truc qui la rend immédiatement attachante ...
Alors certes il faut aimer la guimauve, les guitares un peu chiche, la flûte (omniprésente) et les voix de fausset, autant de prérequis nécessaire pour s'enfiler ce disque étonnant.
Mais avec un peu d'effort, difficile de ne pas aimer des titres comme "Paper Mâché Dream Balloon" qui à la saveur des obscurs disques californiens sixties, "Cold Cadaver", "Time=Fate" ou "Time=$$$" qui vaut bien un Foxygen non ?
Alors comme on a affaire à d'authentiques cinglés, on trouve ça et là quelques titres cintrés qui ont le mérite d'éviter à l'auditeur de tomber dans une certaine torpeur : l'incongrue "Trapdoor", l'excellente "The Bitter Boogie" qui sonne comme une relecture d'un titre de Canned Heat ou "N.G.R.I.".
Même si on préfère le groupe quand il envoie du steak, les entendre déclamer leur pop folk pastoral fait beaucoup de bien.

Tracklist : Sense / Bone / Dirt / Paper Maché Dream Balloon / Trapdoor / Cold Cadaver / The Bitter Boogie / N.G.R.I. (Bloodstain) / Time = Fate / Time = $$$ / Most of What I Like / Paper Maché


Quelques mois après la sortie de Paper Mâché Dream Balloon, le groupe propose un nouvel album. Si le stackhanovisme du groupe est patent, ce Nonagon Infinity n'est pas vraiment la suite de leurs aventures discographiques puisqu'il a été enregistré avant, et constitue à ce titre, en écartant Quarters!, la vraie suite de I'm in Your Mind Fuzz.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on est gâté. C'est simple le groupe propose la même recette que sur I'm in Your Mind Fuzz en mieux. Chaque fin de morceau s'enchevêtre dans le début de la suivante donnant l'impression de n'avoir affaire qu'à une longue jam. Le dernier morceau reprenant le début du premier incitant donc à écouter ce Nonagon Infinity en boucle.
Plus lourd que I'm in Your Mind Fuzz, avec par moments une rythmique qui tire vers le stoner, Nonagon Infinity est une franche réussite, gommant les quelques défauts du groupe. Rarement on aura entendu un disque d'une telle intensité et d'une telle richesse, le groupe relançant la machine à de multiples occasions parfois plusieurs fois au sein d'un même titre, avec une frénésie qui laisse exsangue après quarante minutes d'écoute.
Résultat, difficile de ressortir un titre plutôt qu'un autre, Nonagon Infinity, se concevant comme un tout. On citera néanmoins "Robot Stop" qui met sur orbite l'album d'entrée de jeu, "Gamma Knife" pour la variation qu'il apporte à l'ensemble, "Mr Beat" pour son côté hypnotique tranchant avec la décharge "Evil Death Roll" qui lui succède ou encore "Road Train" sorte d'Overkill à la sauce King Gizzard.
Avec Nonagon Infinity, King Gizzard & The Lizard Wizard frappe un grand coup, avec un album en tout point excellent, le summum de leur discographie (du moins pour ce que l'on en a entendu).
Un disque qui a tout d'un classique en devenir.

Tracklist : Robot Stop / Big Fig Wasp / Gamma Knife / People-Vultures / Mr. Beat / Evil Death Roll  / Invisible Face / Wah Wah / Road Train 


En trois albums, King Gizzard & The Lizard Wizard s'impose comme l'un des groupes le plus enthousiasmant du moment. On espère avoir l'occasion de les découvrir sur scène, là où ils doivent pouvoir exprimer au mieux tout leur potentiel.
En attendant on va tenter de creuser plus avant le début de leur discographie.

Frank


--

22 juin 2016

The Two Tens - Volume (2016)

Duo venu de Los Angeles, les Two Tens ont sorti en février leur premier album chez Ugly Sugar Records. Pour ce premier effort, Adam Bones (guitare / chant) et Rikki Styxx (batterie) ont pu enregistrer leurs morceaux avec le producteur Bruce Duff connu entre autre pour être l'actuel guitariste des Streetwalkin’ Cheetahs et surtout bénéficier du mixage du légendaire Jim Diamond. Ajoutez à cela une pochette signée Stephen Blickenstaff (la pochette de Bad Music for Bad People des Cramps c'est lui) et avouez que cela ne pouvait que susciter notre intérêt !

Mais trêve de bavardages et abordons l'essentiel : la musique.
Et de ce côté là c'est sans fioritures, nos deux larrons œuvrant dans un garage punk abrasif et mélodique (si si c'est possible). Car Adam Bones et Rikki Styxx, s'ils maîtrisent à la perfection les codes du genre, ne sacrifient jamais la mélodie sur l'autel de la fuzz. Et c'est ce qui provoque en partie un immense capital sympathie malgré une formule fatalement minimaliste et éprouvée par tant d'autres.
Dès le début de l'album, le duo envoient trois brûlots histoire de bien poser les bases : "Scene", "Ella Don't Like My Hat" et "Watching Me" qui les voient évoluer dans un style direct et efficace proche de ce propose The Hussy, autre duo américain frondeur.
La suite les voient varier les plaisirs. Ainsi si "Sweet As Pie" aux allures de tube imparable les placent comme les lointains rejetons des Ramones, "Dreams" par son approche plus roots évoque quelque peu un groupe comme les 22-20's (et c'est plutôt un compliment), tandis que "Rush Out" plus bas du front emprunte son tempo frénétique au mouvement hardcore. Des titres comme "Care At All" ou la superbe "I Can't Win" souligne le soin apporté à la mélodie. Sur ce dernier titre il ne manque d'ailleurs que les gabba gabba hey !
Et c'est ainsi tout au long de ce disque court, à peine plus d'une demi-heure, et intense. La pression ne retombant jamais, même sur "Breathe" qui passé une intro quasi bucolique, dévoile un titre qui n'aurait pas dépareillé sur Bleach de Nirvana.

Au final vous l'aurez compris on passe un très bon moment en compagnie de nos deux californiens, qui offre avec ce Volume, un premier album hautement recommandable qui, s'il manque peut-être de personnalité, contient suffisamment d'attraits pour convaincre l'amateur du genre.

Frank

Tracklist :
1. Scene
2. Ella Don’t Like My Hat
3. Watching Me
4. Sweet As Pie
5. Dreams
6. Rush Out
7. Care At All
8. Life
9. I Cant Win
10. You Want It All
11. Can’t Pull Through
12. Breathe


Audio et vidéo :