8 juin 2016

Qualité Made In France - Acte XIV

Un nouveau volet des Qualité Made In France un peu spécial, puisqu'il met, hasards de l'actualité, à l'honneur l'excellent label Howlin Banana Records, seul (Volage) ou en co-prod (Retard Records pour Combomatix, Beast Records pour Sapin et Kaviar Special).
Un label qui n'en finit pas de sortir des perles comme en atteste cette nouvel fournée.

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COMBOMATIX - CHINESE SONGS FOR BAD BOYS (2016)

Malgré son titre, ce nouvel album des rennais de Combomatix ne marque pas un tournant vers des mélodies doucereuses asiatiques. Non oubliez le Chinese Songs puisqu'au final le côté asiatique ne sert que de gimmicks sur une poignée de morceaux ("Chinese Thoughts" ; "Take A Ride"), pour vous focaliser sur le Bad Boys, et là point d'inquiétude, notre duo, devenu trio avec l'appoint d'un claviériste, pratique toujours le même garage rock frontal, primal et minimaliste qu'à l'accoutumée.
La seule variation concerne justement l'apport de claviers qui permet une variation bienvenue ("Never Cut The Wire" parfait pépite nuggets-like). Pour le reste on retrouve avec joie les héritiers des Gories, Oblivians et autre Stooges.
Entre saillies rock and roll lo-fi ("Wet Bones" ; le stonien "Another Shakin'" marqué par un son de batterie martiale) et titres bien secs à souhait ("I'm On It" ou le brut de décoffrage "Guinea Pig"), ce nouvel opus des Combomatix remplit parfaitement son objectif et comblera les amateurs du genre.
Cerise sur le gâteau, l'étonnant "I'll Make You Mad" qui conclue le disque, avec son alternance entre riffs incisifs / boucles de clavier et parties vocales, ouvre d'intéressantes pistes pour l'avenir.




SAPIN - SMELL OF A PRICK (2016)

Autre retour avec ce nouvel album de Sapin, deux ans après le très bon Wrong Way. A l'époque on avait été conquis par ce groupe qui avait réussi à se démarquer avec un style, une identité propre. Puisant aussi bien dans le flower punk braillard cher aux Black Lips des débuts que dans le surf ou la country, les membres de Sapin ne connaissent pas leur pareil pour enquiller des pistes aussi jouissives qu'immédiatement reconnaissables.
Et ce Smell Of A Prick ne fait qu'enfoncer le clou et imposer Sapin comme l'un des tous meilleurs groupes français actuels.
Il faut écouter le potentiel mélodique des titres présentés sur ce nouvel opus pour s'en convaincre. Des titres qui restent durablement en tête et qui sont autant de singles en puissance ("Stories" ; "Not Far Away" ; "Hipster Johnny", "For My Girl" et la géniale "I'm Alive" avec ces références à Johnny Cash), parfois empreints de légèreté comme sur "Mr Pleasant" ou dans un registre différent "Bad News", ce dernier titre renvoyant au "How Do You Tell A Child" des Black Lips.
L'ensemble des compositions brillent à la fois par leur parfait agencement au sein de l'album, tout y est parfaitement fluide, et par le remarquable travail du groupe que ce soit au niveau des harmonies vocales ou des parties de guitares toutes excellentes, et ce quelque soit le style déployé (avec de belles références surf  comme sur "Good Old Days" ou "See You Cry").
Mais le grand mérite du groupe reste à faire, au sein d'un même morceau, la synthèse de toutes les références citées plus haut, pourtant pas une mince à faire (comme ce "I Wanna Die" qui mélange banjo, harmonica... et fuzz !). Le groupe n'en apparaît que plus précieux.
Un grand disque tout simplement.



KAVIAR SPECIAL - #2 (2016)

Que de chemin parcouru par Kaviar Special depuis leur premier album il y a deux ans, qui envoie du très lourd avec ce nouvel album.
Un disque qui surprend, notamment dans sa première moitié par un côté plus mélodique, plus aéré, qui ne sacrifie pour autant jamais les guitares, incisives à souhait. En mettant de côté le côté punk abrasif de leurs débuts, les Kaviar Special ouvrent leur palette musicale, et offrent des titres éblouissants de maîtrise.
Si "Starving" qui ouvre le disque donne le ton, c'est "Sleep Thoughts" qui détonne porté par un superbe riff.  "Highway" les voit lorgner du côté de Ty Segall quand ce dernier se la joue bucolique. Chassez le naturel et il revient au galop, sur "I Wouldn’t Touch You With A Stick" les Kaviar Special ressortent les grosses guitares mais, signe du changement, l'ensemble reste parfaitement maîtrisé, un titre dans une veine Oh Sees qui doit dévoiler tout son potentiel sur scène. Un potentiel présent aussi sur "Night Shift" et son riff très seventies.
Mais si ce disque nous a également surpris c'est par la présence de titres pop complètement assumés du plus bel effet ("Come On", "Drowned In Doubts), mais également une ballade parfaitement maîtrisée ("Yolove").
Des titres qui cohabitent donc avec quelques saillies garage ("Mad" ; "Now I Know") ou des boogies décomplexés ("Mind Fuck" ; "Morning Light") pour un résultat aussi enthousiasmant qu'inattendu, vu le virage musical du groupe.
Mais s'agissant d'un groupe avec un tel potentiel, dois-t-on vraiment être surpris ?




VOLAGE - COFFEE DREAMER (2016)

C'est un EP curieux qu'a sorti Volage. Après un premier EP prometteur (Maddie) et un album épatant (Heart Healing), et alors que l'on attendait avec impatience la suite de leurs aventures, le groupe offre un EP ... acoustique.  Surtout que quatre des six titres sont des relectures de titres présents sur Maddie et Heart Healing.
Pourtant cela fonctionne plutôt bien, "Not Enuff", "Upset" et "Owl" bénéficient assez bien du traitement plus dépouillé. La plus belle relecture restant "6H15" avec ce côté sautillant et primesautier.
Mais c'est bien "Coffee Dreamer" le morceau-titre qui retient l'attention, un titre simple, basique serait tenté de dire sans que cela ne soit péjoratif, qui fait plaisir à entendre, et révèle, si tant est qu'on en aurait douté, le talent des membres de Volage.
Une bien belle récréation en attendant la suite.



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