11 février 2016

Qualité Made In France - Acte XII

La qualité des sorties françaises ces derniers temps nous permettrait de sortir aisément trois nouveaux articles. Si on ne peut que s'en réjouir, pour vos humbles chroniqueurs c'est une autre paire de manches ! Promis on va essayer d’accélérer le rythme.

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MADCAPS -HOT SAUCE (2015)

C'est peu dire qu'on l'attendait ce nouvel opus des Madcaps après un premier album enthousiasmant sur lequel leur mix de garage rock et de beach goth faisait merveille.
La première surprise sur ce Hot Sauce vient des influences. Si les Growlers et autres branleurs sont de la partie ("Too Big For Your Boots" ; "Taco Truck"), si le garage sixties fait toujours partie des influences revendiquées, il plane sur ce nouvel album de nouvelles effluves. Il y a ainsi sur certains titres un fort parfum de pop, qu'elle soit sixties (la superbe "Rainy Day"), quasi powerpop ("Crack Me Up" se rapproche du genre même si la rythmique reste garage) ou sonne plus moderne ("One More Chance" a un petit truc qui nous a fait également fait penser à du Alex Turner).
Deuxième surprise qui va de pair avec la première, la richesse des compositions qui se trouvent embellies d'une basse plus souple mais également de cuivres bienvenus et utilisés à bon escient, comme sur l'impeccable "Something You Got" qui lance le disque sur les meilleures bases qui soient.
A noter que le groupe est aussi à l'aise sur les titres mid tempo ("Too Afraid To Give Up" ; "Walking Back Home") que quand il s'agit de passer la démultipliée. Quand ils n'en font pas la démonstration sur un même morceau ("Upside Down")...
Enfin, comme à l'accoutumée serait on tenté de dire, tout ici est remarquablement produit, bien équilibré, peut être même trop si on devait émettre un (maigre) reproche.

C'est un peu ce qui nous avait déstabilisé au début. Ce Hot Sauce n'a pas l'immédiateté de son prédécesseur.
Pour autant Hot Sauce est un disque auquel il faut laisser du temps. Du temps pour en apprécier tous les sucs et convenir in fine que le groupe offre là un disque remarquable, bien plus riche qu'il n'y paraît de prime abord, et qui, loin de jouer à recycler des recettes éculées, porte indéniablement la patte de leurs auteurs.
Ce n'est pas là la moindre de ses qualités.
Chapeau bas messieurs.



QUETZAL SNAKES -II (2015)

Les Quetzal Snakes reviennent avec un nouvel opus sous le bras. Les tenants d'un rock psyché dark ont cette fois choisi XVIII Records pour leur nouvel effort. Et à la lecture des titres ils ne sont pas venus pour rigoler ("Brutal Beach" ; "Satan Cruz" ; "Six Cents Soixante Six") mais bien pour partager avec nous quelques obsessions ("Hey Hey Dope Paint" ; "Ecstasy The Place To Be")...
Il est d'ailleurs assez amusant de constater à quel point chez Quetzal Snakes le titre du morceau préfigure son contenu. A la lourdeur malsaine d'un "Brutal Beach" répond le lysergisme d'un "Hey Hey Dope Paint", l'insidieux "Satan Cruz" et le tout en fuzz "666" font monter la pression avant un "Ecstasy The Place To Be" mêlant violence tout en retenue et mélodie addictive.

Un EP qui confirme toutes les promesses entrevues sur leur précédent EP, promesses que l'on espère voir bientôt confirmer sur la durée d'un album.



DOUBLE CHEESE - 7"

Double Cheese !? Un trio produit récemment par le label Frantic City, découvert quelque part à la l’ombre de la tour de La Lanterne (La Rochelle donc…). "I Hate the 60s" : titre hyper-efficace, et osons le dire dansant et rappelant les Black Lips, qui s’impose comme le tube de cet EP.
Vu les effets employés, "Restless Child" tire plus franchement vers Ty Segall, période Reverse Shark Attacks.
On préfère ici les 2 compositions apparemment plus personnelles que sont "Baby Killer" (son choeur) et "You Know Better" (ses "ponts" un peu heavy).
Même si on reste dans un registre garage-rock récent (fuzz et reverb sur la guitare, effets sur la voix…), il est nécessaire de saluer la qualité de la production ; le studio Swampland de Lo'Spider n'y est surement pas pour rien là-dedans.
Dernier point: une pochette sympathique aux couleurs vives, non sans rappeler quelques dessinateurs ou fanzines. Bref, du bon boulot!
Pour les plus gourmands, il y d’autres morceaux à se mettre sous la dent en écoutant le split avec avec les Coffee Saucers, ou encore leur K7 chez Cheap Trash Tapes.



LES AGAMEMNONZ - De A à Z (2015)

Genre ultra codifié, il n'est pas aisé de se lancer dans la surf music...L'autoproclamé "king" Dick Dale, les Challengers, Ventures, Trashmen, Tornados et autres Surfaris ont marqué de leur sceau ce style que d'aucuns trouveront (à tort) peu varié.
Premier bon point des rouennais de Agamemnonz, leur musique est instrumentale. Pas de chant pénible, on mise tout sur la qualité des compos. Et force est de constater que le défi est relevé avec brio !
Portant la toge comme personne en concert, le quatuor déroule un album rassemblant deux EP ("Au Revoir" et "Les Agamemnonz"), soit 18 titres enchaînant les cavalcades à dos de Fender dans les rouleaux d'un océan (forcément) californien.
Un album qui, loin de taper dans la pâle copie de ses illustres prédécesseurs, apporte sa brique à l'édifice en pratiquant une surf music qu'on a envie d'aller (et qu'on ira !) écouter en concert, histoire de se déhancher un peu les reins, un mai tai à la main.



FRED PALLEM & LE SACRE DU TYMPAN - PRÉSENTENT FRANÇOIS DE ROUBAIX (2015)

On ne dira jamais assez de bien de François de Roubaix, formidable pionnier de la musique électronique française et arrangeur de BO au talent fou, ce compositeur décédé si jeune, laisse derrière lui un sacré héritage.
Quelle bonne idée de la part de Fred Pallem et son groupe le Sacre du Tympan de dépoussiérer des morceaux d'anthologie pour leur redonner toute leur flamboyance ! C'est peu dire que la mission est réussie, cet album est un sans faute, les titres s'enchaînent dans la cohérence la plus totale, les arrangements sont somptueux, la production est juste parfaite.
Vraiment rien à redire, un petit bijou à conseiller à tous les amoureux de François de Roubaix...et surtout aux autres ! Ce disque est une excellente entrée en matière dans son univers et donne envie de creuser davantage ses oeuvres.
Merci à Fred Pallem pour avoir su pondre un album d'une telle qualité mais n'oublions pas les albums du Sacre du Tympan, notamment "Le Retour !", une discographie hautement recommandable...

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