17 mars 2015

Froth - Bleak (2015)

Les californiens de Froth avaient fait leur petit effet en 2013 avec la sortie de Patterns, bon petit album sorti chez Burger, qui les voyaient tenter l'impossible : concilier influence shoegaze et héritage sixties. Une sorte de jeu d'équilibriste, quelque part entre leurs contemporains des Cosmonauts et le beach goth cher aux Growlers. Si tout n'était pas parfait sur ce disque, notamment en face B, l'ensemble était suffisamment prometteur pour que l'on surveille la suite des aventures du groupe.
La sortie de ce Bleak risque, à ce titre, d'en désarçonner plus d'un voire de décevoir une partie de leurs fans.
Exit l'héritage sixties, sur cet album, le groupe a les yeux rivés sur la fin des eighties et la première moitié des nineties. Un disque où se télescopent shoegaze, accents brit pop et tonalité indie rock pleinement assumée.

Alors c'est sûr que si votre appétence pour les styles ici déployés s'avère limitée, passez votre chemin, il y a fort à parier que vous n'y trouviez pas votre compte.
Pourtant ce Bleak, s'il on oublie Patterns, qu'on l'accepte pour ce qu'il est, et qu'on oublie quelques menus défauts que nous allons évoquer, réserve son lot de surprises et de compositions éminemment sympathiques.
"Afternoon" est ainsi une excellente entrée en matière qui pose les bases du disque, entre noisy et dream pop avant un "Postcard Radio" qui évoque quelque peu les débuts d'un Placebo ou d'un Suède, l'emphase en moins, le côté shoegaze en plus. La très bonne "Nothing Baby" nous a rappelé les Flaming Lips de Hear It Is tandis que "On My Chest" retrouve la magie des Raveonettes. Ce dernier titre synthétise néanmoins ce que l'on reprochera au groupe, en dépit de la qualité de leurs morceaux : le manque d'audace. "On My Chest" est le genre de titre que le groupe aurait pu étirer, triturer ou lancer dans un délire kraut. Malheureusement, Froth préfère jouer la sécurité.
"Turn It Off" qui ouvre la face A, retrouve un léger parfum west coast, avant sans doute le titre sur lequel le groupe ose le plus ce 2-en-1 "Richard Likes Grey Sky"/"Saccharine Sunshine", une voie que l'on espère que le groupe va explorer plus avant à l'avenir (en moins court !).
Après un "Bleak" sympathique, l'album se conclue sur un énième changement de direction, le bucolique "Sleep Alone" qui s'il peut dénoter une capacité du groupe à oeuvrer dans des genres différents, ne fait finalement que pointer du doigt l'absence de fil conducteur.

Pour autant, malgré son manque d'audace et de ligne directrice, Bleak a le mérite de rappeler que Froth s'y entend pour envoyer des compositions parfaitement maîtrisées.
Ne faisons pas la fine bouche, il y a sur ce disque suffisamment de matière pour contenter celles et ceux qui jetteront une oreille (avertie) sur cet album.
Un disque qui donne envie qu'on le défende.

Frank

PS : Le disque est une coprod' Azbin Records / Frantic City Records

Tracklisting :
Face A : Afternoon / On my chest / Nothing Baby / On my chest
Face B : Turn it off / Richard Likes Grey Sky / Saccharine Sunchine / Bleak / Sleep Alone

Audio et vidéo :

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