24 janvier 2015

Amen Dunes - Love (2014)

Amen Dunes, Damon Mac Mahon à la ville, a sorti ces dernières années quelques disques intrigants, non dénués de qualité, mais qui avait peiné à nous convaincre sur la durée malgré l'évident talent de leur géniteur (Dia en 2009, Through Donkey Jaw en 2011). La faute à des compositions nimbées à l'excès d'échos ? Sans doute. A cette batterie minimaliste ? Un peu aussi.
Through Donkey Jaw avait néanmoins laissé entrevoir quelques évolutions dans sa façon d'enregistrer, une volonté plus affirmée de jouer sur les harmonies et de sonner un peu moins artisanal.

C'est donc curieux de voir l'évolution du bonhomme que l'on a jeté une oreille à ce Love, troisième album d'Amen Dunes pour ceux qui ne suivraient pas. Le moins que l'on puisse dire c'est que le changement est radical, du moins dans le son.
Damon Mac Mahon se serait-il muer en chanteur folk ? On pourrait le croire à l'écoute des morceaux présents ici, qui le voit en apparence plus proche de l'univers d'un Kevin Morby que de ce qu'il avait l'habitude de proposer. Pour autant on retrouve aussi tous ce qui faisait le sel des précédents albums : les capacités vocales hors-norme de Damon Mac Mahon et cette indicible capacité à brouiller les pistes.

C'est un Damon Mac Mahon plus pastoral que jamais qui ouvre ce disque avec "White Child", titre qui se conclue dans une ambiance quasi bucolique. "Lonely Richard", est un titre brillant, velvetien, tout en retenue, révélateur du contenu de Love : son auteur y avance sans fard ou presque, ne comptant que sur sa voix, une guitare acoustique et une orchestration minimale mais toujours fort a propos. Ici quelques cordes, plus loin un piano bastringue ("Sixteen") ou des percussions rythmant mine de rien l'ensemble ("Splits Are Parted").
"Rocket Flare" marque un tournant dans le disque, puisque l'on réalise sur ce titre que Mac Mahon n'est pas seul et qu'il a pris soin de convier quelques guests : Colin Stetson, Efrim Menuck et Dave Bryant échappés de Godspeed You Black Emperor ou Thee Silver Mt. Zion mais aussi E.B Ronnenfelt de Iceage sans compter ses habituels collaborateurs Jordi Wheeler et Parker Kindred.
Pour autant et hormis sur le plus rock, et donc incongru, "I Can't Dig It", cela ne vient pas bousculer l'orientation plus calme de ce nouveau disque. "I Know Myself", "Everybody Is Crazy" ou "Green Eyes" poursuivant dans la même veine.
Le disque se referme sur le morceau-titre, pièce à rallonge de pas moins de huit minutes trente, aérienne à souhait, sur lequel la voix de Mac Mahon n'émerge que pour mieux bercer l'auditeur.

Si les fans d'Amen Dunes pourront être désarçonnés voire déçus par ce nouvel album, force est de reconnaître que dans un registre plus bucolique, ce Love, d'une rare profondeur, est, dans le genre, à placer dans le haut du panier.

Frank

Tracklisting :
1/ White Child
2/ Lonely Richard
3/ Splits Are Parted
4/ Sixteen
5/ Lilac In Hand
6/ Rocket Flare
7/ I Know Myself
8/ Everybody Is Crazy
9/ Green Eyes
10/ I Can't Dig It
11/ Love

Audio et vidéo :





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