24 décembre 2013

Neils Children - Dimly Lit (2013)

Erratique et chaotique. Audacieuse et insaisissable. Tels sont les termes qui viennent à l'esprit quand il s'agit d'évoquer l'oeuvre et la carrière des Neils Children. Sortes de losers magnifiques lors du renouveau du rock anglais au début de la décennie précédente, le groupe n'a jamais récolté, si ce n'est la gloire, au moins la reconnaissance qu'il méritait. Aux côtés des Eighties Matchbox B-Line Disaster, le trio punk-gothique faisait office de trublions. Après une poignée de singles, un mini-album Change / Return / Success, sorti dans l'anonymat le plus complet malgré la qualité des pistes qui le composait, le bassiste, James Hair, quittait le navire, laissant le duo John Linger and Brandon Jacobs seuls aux commandes. Le duo fit de son mieux, mais dans le créneau The Horrors rafla la mise et le groupe sombra (encore plus) dans l'oubli. En 2009, on vit pourtant le groupe refaire surface avec un nouveau bassiste et un album post punk sous le bras, X.Enc., pour un résultat plus qu'honorable. Nouveau départ d'un bassiste et clap de fin. Du moins le pensait-on jusqu'à l'annonce de la sortie de ce Dimly Lit...

Le groupe, réduit (comme d'habitude) à son duo de  membres fondateurs, a choisi de s'exiler dans le sud de la France pour peaufiner ce nouvel album (le disque est d'ailleurs signé sur Boudoir Moderne, label français).
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le duo a mis beaucoup d'application à mettre en boîte ces onze nouvelles pistes.
L'album fourmille ainsi de ces petits détails, de ces gimmicks qui font la différence. Sous une apparente simplicité, c'est à un travail d'orfèvre auquel s'est livré le groupe pour offrir un petit bijou de pop lysergique magnifiquement produit.
Pop lysergique ? oui, vous avez bien lu. Les Neils Children ont choisi pour leur retour de prendre le contre-pied de leurs premières amours, même si celles et ceux qui suivent le groupe depuis leurs débuts le savent : le groupe avait toujours pris soin de soigner leurs mélodies.

Album d'une rare homogénéité, Dimly Lit épate par cette capacité à maintenir l'attention de l'auditeur, à littéralement captiver. Sans doute est-ce le mélange des genres, cette synthèse a priori bancale mais réussie entre  psyché sixties dans son versant californien et tout ce courant anglais nineties autour de groupes comme Stereolab. Mais il y a aussi un côté "cinématographique" dans le son déployé par le groupe, ce qui rend ce Dimly Lit insaisissable et si personnel. L'ensemble sombre et mélancolique n'est jamais pesant.
"At A Gentle Place" met dans l'ambiance, plaçant l'auditeur dans les meilleurs conditions avec son ambiance cotonneuse et la voix aérienne de Linger mise en avant. Une parfaite entrée en matière avant un "Edward The Confessor" mirifique. "Dimly Lit" et "The Beat On The Boulevard" enfoncent le clou et confirme l'excellente tenue de ce nouveau disque du groupe.
Avec ce genre d'album on évite pas une certaine langueur mais le duo n'hésite pas à varier quelques peu les rythmes sans perdre en cohérence. Ainsi l'instrumental "The Way The Web Was Woven", la synthétique Never Could Be Any Other Way ou la plus pêchue "Trust You" mettent en valeur le travail du groupe sur "Warm Wave", "Spectral" ou "What's Held In My Hands" pour un résultat tout simplement brillant.

Un retour remarquable. On espère juste que ce Dimly Lit ne sonnera pas comme un chant du cygne.

Frank

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