22 juillet 2011

White Denim - D (2011)

Venus d'Austin, les White Denim sont certainement un des groupes les plus passionnants à suivre. Il faut dire que le groupe n'a pas son pareil pour faire du neuf avec du vieux, tout en se réinventant à chaque album. Après avoir revisité le garage rock ("Workout Holiday") le rock funky ("Fits") et la pop ("Last Day Of Summer"), le tout en trois ans, on se demandait quelle direction le groupe allait prendre.
Et c'est une nouvelle fois un contre-pied parfait, car ce D voit les White Denim secouer le rock fin sixties / début seventies (quelque part entre Captain Beefheart, Zappa, Caravan... pour en citer quelques-uns) tout en l'agrémentant d'une touche de jazz (le final de "Bess St") voire folk ("Is And Is And Is"), de quelques orchestrations léchées à la Lee Hazlewood, pour un ensemble classieux.

Les morceaux aux structures complexes étonnent autant par leur immédiateté (dès les premières notes on sait que l'on tient un grand disque), leur fraîcheur (pas évident au vue des influences citées plus haut) et surtout leur richesse (après une bonne dizaine d'écoutes on se surprend encore à noter ici un pont remarquable, tel ou tel effet...).
Le groupe joue juste, remarquablement bien. La section rythmique basse/batterie déjà énorme sur Fits contribue une nouvelle fois à créer un groove extraordinaire tout au long de ces dix pistes. Avec l'apport d'un second guitariste, qui allège James Petralli, le groupe peut tout se permettre et certaines pistes prennent des dimensions épiques que l'on ne retrouve à la rigueur sur la scène actuelle que chez Tame Impala ou à un degré moindre Wolf People.
La construction du disque montre également que le groupe a souhaité soigner ses effets. Ainsi le groupe propose en amuse-bouches, trois pistes impeccables, concises, maîtrisées et diablement efficaces, offrant un aperçu de leurs influences du moment ("It’s him!", "Burnished" et "At the farm") avant de marquer une pause avec un "Street Joy" presque buccolique, piste que n'aurait pas renié un Pink Mountaintop. Et puis le groupe décolle, les pistes gagnent en intensité, plus complexes que les premiers morceaux, elles accaparent l'attention de l'auditeur. On reste scotché à l'écoute de "River To Consider" réhaussé de flûtes ou devant le décomplexé "Drug"... Autant de pistes qui préparent au grand moment du disque, ce "Bess St" d'anthologie qui du rock pêchu vire carrément free jazz par la grâce de musiciens aussi inspirés que compétents.
Après ce moment de bravoure, "Is And Is And Is" s'occupe de faire redescendre l'auditeur avant que "Keys" ne clôt l'album sur une note plus légère.

On a une certitude à l'écoute de ce quatrième album : les White Denim dispose d'un potentiel hors norme. On espère que le groupe continuera à nous offrir des albums de cette qualité.

Frank

(http://www.myspace.com/whitedenimmusic)

Tracklisting :
1. It’s him!
2. Burnished
3. At the farm
4. Street Joy
5. Anvil Everything
6. River to consider
7. Drug
8. Besse St
9. Is and is and is
10. Keys

Lien pour écouter l'album :
http://grooveshark.com/#/album/D/5844248

Vidéos :






4 commentaires:

  1. Incroyablement bon en live! Je me réjouis de les voir en Angleterre en septembre, dans le cadre du End of the road festival.

    RépondreSupprimer
  2. Je les ai enfin vus, et c'était incroyable, époustouflant. Frank, tu parle d'influences jazz, mais j'y vois même - attention, osons lâcher le mot - du rock progressif! Les morceaux sont bourrés de changements de rythmes, de mesures impossibles en 7/8, 5/4, et autres signes de virtuosité musicale. Sans compter les modes bizarres que les deux guitaristes doivent pratiquer. Il n'y a que l'énergie qui les éloigne du rock progressif et les rapproche du garage rock. Il faut que j'écoute les premiers disques: l'évolution a dû être radicale.

    RépondreSupprimer
  3. J'ai pas eu le courage pour être honnête de faire la review de leur concert à Paris mais je partage ton enthousiasme et effectivement on peut parler de prog' mais alors plutôt Amon Duul II :-))
    Je suis également bluffé par la virtuosité du groupe. Sur scène c'est assez incroyable : certaines pistes sont pressurées, ils en tirent tout ce qu'il y a à en tirer avant d'enchaîner avec un de leurs premiers titres... tout s'enchaîne magnifiquement. C'est une vraie expérience un concert des White Denim... à condition d'aimer le genre !
    Difficile de parler d'évolution vu que le groupe a choisi de ne sortir aucun album qui se ressemble ! Mais tous leurs disques sont excellents ! Ils ont une discographie assez nébuleuse, je te conseille l'article que je leur ai consacré et que tu trouveras dans l'index.

    Frank

    RépondreSupprimer