12 décembre 2009

Them Crooked Vultures (2009)

On a vu récemment que réunir la crème des musiciens n'était pas forcément le gage d'une franche réussite. L'expérience Dead Weather s'ajoutant à la longue liste des pseudo supergroupes qui n'avaient, il faut bien le dire, de super que le nom. Pourtant malgré notre scepticisme, il faut bien reconnaître que dans le cas de Them Crooked Vultures, l'affiche est alléchante : Josh Homme (Queen Of The Stone Age) au chant et à la guitare, Dave Grohl (Nirvana) aux fûts et John Paul Jones (Led Zeppelin) à la basse... Une sorte de fantasme pour l'enfant qui sommeille en chacun de nous (ou uniquement issu du cerveau malade de votre serviteur).
Surtout la présence de Josh Homme dans le projet avait quelque chose de rassurant, le bonhomme ne nous ayant que rarement déçu (je cherche encore en écrivant ces lignes)...

Après de multiples écoutes de ce premier album (un deuxième est déjà évoqué), il convient de reconnaître que le groupe déçoit quelque peu notamment en début d'album ou des pistes comme "No One Loves Me & Neither Do I" (malgré sa deuxième partie) ou "Mind Eraser, No Chaser" peine à convaincre. On ne sent pas le feu sacré annoncé dans ces pistes aux structures et ambiances mille fois entendues.
Ainsi, et bien malheureusement, nos trois musiciens d'exceptions que sont Homme, Grohl et Jones pêchent parfois par gourmandise ou péché d'orgueil (au choix) comme sur le bien nommé "Elephants" ou "Warsaw or the First Breath You Take After You Give Up" (sic). Ces morceaux, pourtant assez bons sont malheureusement étirés à l'envie et auraient au final gagné à plus de concisions. Ces deux pistes fourmillent de milles et une idées, qui aurait pu être la matière à de multiples morceaux

Pour le reste il faut bien reconnaître que le job est fait, et bien fait. Dave Grohl confirme qu'il est un extraordinaire batteur au toucher incomparable ("New Fang"), John Paul Jones est toujours capable de mettre le feu d'une ligne de basse incendiaire ("Scumbag Blues") et Josh Homme sans doute l'un des plus grands musiciens des deux dernières décennies (si besoin est réécoutez les albums de Kyuss, de QOTSA ou les Desert Sessions pour vous en convaincre).
A l'exception notable de certaines pistes comme "Reptiles" ou "Interlude with Ludes", qui s'écoutent et s'oublient tout aussi vite, et que l'on zappe systématiquement après plusieurs écoutes, force est de reconnaître que ce premier effort des Them Crooked Vultures est tout sauf mauvais, les pistes s'écoutant sans déplaisir ("Caligulove" ; "Gunman").
Mieux le groupe place la barre très haute sur "Dead End Friends" qui lorgne du côté de QOTSA (tout comme "Bandoliers"), "Scumbag Blues" sur lequel plane l'ombre de Cream notamment dans la voix (on jurerait écouter une piste échappée de Disraeli Gears !) ou encore l'intrigant "Spinning in Daffodils".

Alors c'est sur cet album n'est pas le chef d'oeuvre annoncé. Pour autant on se gardera bien d'être aussi négatif que certains sur la blogosphère. Comme souvent avec ce genre de disques on se retrouve face à deux types de réactions : ceux qui par principe encensent l'album comme si les institutions que sont (et oui !) les musiciens qui le compose semblaient intouchables, et à l'opposé ceux qui en réaction le dénigrent en pointant du doigt ses imperfections comme si elles étaient rédhibitoires.
Finalement, si on met de côté l'attente que suscitait le groupe, on a un bon album tout simplement. Qui plus est au fil des écoutes ce dernier en devient plus attachant en partie à cause justement de ses imperfections qui le rendent plus humain, moins mécanique dirons nous.

Frank

Tracklisting : 1. No One Loves Me & Neither Do I 2. Mind Eraser, No Chaser 3. New Fang 4. Dead End Friends 5. Elephants 6. Scumbag Blues 7. Bandoliers 8. Reptiles 9. Interlude With Ludes 10. Warsaw or the First Breath You Take After You Give Up 11. Caligulove 12. Gunman 13. Spinning in Daffodils



9 commentaires:

  1. Objectivement, les "super-groupes" n'ont de super que le nom. Encore un machin stéroïdé, qui capitalise essentiellement sur les noms célèbres de ses membres.
    Quant à Josh Homme, c'est bien "l'un des plus grands musiciens des deux dernières décennies" ... du haut de son mètre quatre-vingt dix ! Pour le reste, l'Homme a une légère tendance à la répétition au long de ses collaborations.
    Vraiment le genre d'album qui ne sert à rien, et qu'on connaît avant de l'avoir écouté !

    M. Indie

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  2. C'est surtout un LP bien plus difficile d'accès qu'il n'y paraît. Je me souviens lors de la toute première écoute que je me sentais légèrement déçu, car je m'attendais à une grosse baffe immédiate dans la tronche.
    Cet album est en fait une bombe à retardissement. C'est dès la deuxième (et ça se confirme sur la troisième, et ainsi de suite) écoute que l'on se rend compte que le riff plus qu'incisif est en fait aussi tranchant que du rasoir, que la basse est encore plus grasse et dégueulasse qu'un Burger King, et que Dave Grohl tape sur sa batterie «comme si elle avait violée sa propre mère» (je cite un journaliste). La barre technique est si haute qu'elle blasera en fait les oreilles peu connaisseuses du son bête et méchant. Mais en tout cas c'est loin d'être gratuit et fait par-dessus la jambe, et une fois les yeux et les oreilles grandes ouvertes, on réalise l'explosion faciale de la deuxième partie de "Spinning in Daffodils".
    Mon seul bémol: j'avais l'album en version mp3 puis en vinyle, et sur les deux supports le constat est le même: le son est (beaucoup) trop compressé !!! Les instruments sont trop effacés, même la voix paraît réduite ! Pour rendre le tout plus grand public (pour ne pas trop effrayer les p'tites oreilles sensibles) ? En tous cas le constat n'en est que plus flagrant une fois la comparaison faite entre la version studio et les versions lives (qui sont justes phénoménales).

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  3. Et en fait, je voulais dire «une bombe à retardement». Allez hop, je me recouche.

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  4. Oui je suis assez d'accord sans être l'album du siècle, il se bonifie au fil des écoutes même si le résultat est quand même en deça de nos espérances.
    C'est sur que si l'album avait été enregistré par des jeunes loups on aurait sans doute eu un buzz à la clé...
    Assez d'accord avec ton constat sur la différence avec le live. D'ailleurs il y a exactement le même problème(en pire même) avec le dernier Dead Weather.

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  5. J'ai vu le concert sur Canal (en live, donc), et objectivement, c'était une souffrance (je me suis vraiment ennuyé) !
    Pitié, ne m'obligez pas à réécouter ça pour réviser mon jugement !
    Je veux bien admettre la théorie du "buzz" mais, en même temps, est-il possible d'avoir des albums dont la durée de vie dépasse les deux ans (au-delà du simple buzz, donc) ?
    Je persiste à penser que Homme a fait des trucs excellents mais que ce projet de super-groupe est creux, et capitalise sur les noms qui le composent.
    A mon sens, c'est une "gentille" escroquerie, plate et sans ambitions. Enfin, si les "vrais amateurs de gros son" (dont je me targue de faire partie, pour peu que le son soit un brin original) sont contents ...

    Mr Indie

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  6. "Josh Homme sans doute l'un des plus grands musiciens des deux dernières décennies"

    Houla, Frank, tu t'emportes là...



    Thom

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  7. Ben si on additionne les multiples desert sessions, Kyuss, QOTSA... soit un nombre assez impressionnant de bons morceaux, qui peut se targuer d'en avoir fait autant durant les deux décennies écoulés ? Finalement très peu de personnes... d'où cette phrase.

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  8. Je trouve qu'il est un peu trop souvent dans de la répétition depuis Kyuss et qu'il a rien sorti de très marquant ces derniers temps. Malheureusement, suffit pas de brancher sa guitare dans un ampli basse pour sortir de bonnes chansons...
    Ceci dit il est loin d'être un mauvais musicien ;)


    Thom

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  9. Elles ont été si mauvaises que ça les deux dernières décennies ?

    Merde alors :)

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