16 février 2009

Morrissey - Years Of Refusal (2009)

Neuvième album solo pour Morrissey ! L'ancien leader des Smiths poursuit son bonhomme de chemin. Comme tant d'icônes des années 80, il gère habilement sa carrière, distillant, entre de dispensables albums studio (les inconsistants You Are The Quarry en 2004 et Ringleader Of The Tormentors en 2006) quelques albums live et autres compilations. Le Moz occupe le terrain à la manière de Paul Weller, chaque année apportant son album. Dans un cas comme dans l'autre, il faut le reconnaître, l'avenir est derrière. Les meilleurs albums solo de Morrissey remontent au début des années 90 (le méconnu Your Arsenal en 1991 et l'acclamé Vauxhall & I en 1994).
Que vaut donc le Morrissey 2009 ? A-t-il un arrière goût de fruit rouge ou de banane ? Et bien, ce cru sent plutôt la sueur ! Enregistré en novembre-décembre 2007 à Los Angeles en compagnie des guitaristes Boz Boorer et Jesse Tobias, mis en boîte par Jerry Finn, Years Of Refusal est présenté par son géniteur comme son "album le plus puissant à ce jour". Force est de le reconnaître : au jeu du bras de fer, les bagarreurs Your Arsenal et Southpaw Grammar sont battus à plate couture. L'album est à l'image de sa pochette : ici, on bombe le torse, on fait rouler ses muscles. Les guitares sont omniprésentes, puissantes, délivrant des mélodies simplistes, presque stadières. Matt Walker, le batteur, ne donne pas sa part au chat et martèle ses futs avec énergie-dommage qu'il ne connaisse qu'un seul rythme... Si Morrissey ne posait pas sa voix sur ces compositions, on les trouverait vulgaires, clinquantes, grotesques : du rock pompier taillé pour les arènes et les grandes salles.
Oui, mais voilà, l'icône vient pousser la chansonnette... Et, alors, de temps en temps, on cède. Tout le problème est là, Morrissey chante de mieux en mieux sur des morceaux de plus en plus ineptes. Par conséquent, on tombe dans les bras de "I'm Throwing My Arms Around Paris", la meilleure chanson du lot, la plus fine. On se fait rouler dans la farine par "Something Is Squeezing My Skull": les roulements de batterie, les grosses guitares, ça marche, pour une fois... "All You Need Is Me", mauvais comme une teigne, finit par gagner aux points. "You're gonna miss me when I'm gone" : trop facile de jeter des répliques comme celles-ci. Immanquablement, on tombe dans le panneau.
De même, on peut encore se laisser happer par ces sempiternels hymnes au désamour, à la solitude, à la difficulté d'être... Sauf que cela fait trente ans que Morrissey creuse le même sillon. Avec, au bout du bout, ce paradoxe : en France, se retrouver placardé sur tous les kiosques à journaux, avec comme extrait de l'interview au mensuel Technikart, "la célébrité, c'est dégoûtant". On se demande, alors, si toute cette mélancolie, tout ce mal être, ne sont pas devenus, eux aussi, un fond de commerce. Oh, la boutique est mieux tenue que jamais, les étals sont remplis, la présentation est flatteuse...Il n'empêche qu'après l'écoute de Years Of Refusal, et malgré quelques plaisirs honteux, on a un peu l'impression de s'être, une fois de plus, ou une fois de trop, fait avoir.

Mr. Pop

(www.myspace.com/morrissey)

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