24 décembre 2014

Ty Segall - Manipulator (2014)

S'il y a un artiste dont on se félicite de l'actuelle reconnaissance, c'est bien Ty Segall. A force de persévérance, d'albums brillants et de prestations scéniques qui ne le sont pas moins, le californien a réussi à se faire une place dans le milieu et dépasser la simple audience des fans de garage rock lo-fi. Il faut dire que Ty Segall a toujours réussi à offrir des albums variés tout en conservant un haut niveau de qualité. Et ce en apposant sa patte sur chacun des styles auxquels il s'est essayé, en solo comme avec ses compères White Fence, Cronin, Moothart (ces deux derniers jouent les guests sur le disque) ou au sein de Fuzz.
C'est bien simple après tant d'années on en est venu à considérer Ty Segall comme le Midas du rock : tout ce qu'il touche il le transforme en or. Et il n'en va pas autrement sur ce Manipulator.
Pourtant, nombreux sont celles et ceux qui se sont cassés les dents à l'heure d'enregistrer un double album. Pas Segall. Sans doute parce qu'il est arrivé à maturité, s'est affranchi des limites qu'il s'était sans doute lui même imposé par le passé. Sa façon de chanter est particulièrement révélatrice, il n'hésite pas (comme ce fut le cas sur Sleeper) à se lâcher, à utiliser à merveille ses qualités comme ses défauts. La production comme depuis quelque temps est tout simplement parfaite, jamais clinquante, jamais vraiment lo-fi non plus, Manipulator contient suffisamment d'aspérités pour que le vieux fan s'y retrouve.

Et musicalement me direz vous ? Et bien on y retrouve à la fois tout ce qui faisait le sel de ses enregistrements précédents et, comme sur tout nouvel album du blondinet, une nouveauté. Ici c'est le côté très bolanien de l'ensemble. On trouve ça et là des inflexions, des rythmes, que l'on peut retrouver sur la discographie du leader de T-Rex (dont Segall est un grand fan, lui qui a enregistré il y a quelques années, un EP de reprises sous le nom Ty Rex). Ces éléments sont décelables dès l'entame du disque avec cette brochette de titres remarquable constituée de "Manipulator", "Tall Man Skinny Lady" et "The Singer" mais également à divers endroits du disque ("The Hand" ; "Stick Around").
Les fans du Segall frontal seront ravis à l'écoute de "It's Over" ou "Susie Thumb" et ceux de Fuzz aux anges avec l'extraordinaire "The Faker" ou "The Crawler" tandis que "Green Belly" fait le pont avec Sleeper.

Preuve supplémentaire du talent du garçon, chaque titre contient le petit truc en plus qui transforme un bon morceau en pépite : le groove de "Feel", les violons sur "The Singer" (titre dont l'intro rappelle aussi un titre d'Otis Redding), l'accroche de guitare de "The Clock" ou "Mister Main", les changements de rythme sur "Don't You Want To Know?" (écrit par Mike Donovan des Sic Alps) ou encore les synthés de "Manipulator" et "The Connection Man" qui font échos à l'oeuvre de Dwyer avec Damaged Bug.

Ce Manipulator est un album brillant, varié mais homogène, facile d'accès mais qui ne cède jamais aux sirènes du commercial. Il s'agit ni plus ni moins que de l'album de l'année.
Reste à espérer que Segall n'éprouve pas le besoin de se laver les mains dans les eaux du Pactole, son talent nous manquerait.

Frank

Tracklisting :
1."Manipulator"
2."Tall Man Skinny Lady"
3."The Singer"
4."It's Over"
5."Feel"
6."The Faker"
7."The Clock"
8."Green Belly"
9."The Connection Man"
10."Mister Main"
11."The Hand"
12."Susie Thumb"
13."Don't You Want To Know? (Sue)"
14."The Crawler"
15."Who's Producing You?"
16."The Feels"
17."Stick Around"


Audio et vidéo :

2 commentaires:

  1. "Reste à espérer que Segall n'éprouve pas le besoin de se laver les mains dans les eaux du Pactole, son talent nous manquerait."

    LOL - AS IF

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  2. Très bonne chronique, au fait ! ;) (assez d 'accord avec toi pour le désigner album de l'année, peu importe qu'il soit notre préféré ou pas)

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