12 janvier 2013

Old Gray Mule – Like A Apple On A Tree (2012) + Interview

A la lumière des ouvrages consacrés au blues, le lecteur se rend rapidement compte que l'histoire du blues n'a pu se raconter que par l'intermédiaire d'une rencontre, celle d'un artiste avec un autre, d'une légende oubliée avec un de ses « redécouvreurs »... Notre rencontre, celle du monde du blues (pour peu qu'on l'apprécie vraiment), est alors essentiellement intérieure. En écoutant les enregistrements, l'oreille efface le bruit de fonds feutré propre à chaque enregistrement sur acétate et le cœur se laisse toucher par la musicalité, parfois rustre, du blues. En relisant les interviews : le temps peut se sublimer, la lumière change et on respire une atmosphère digne d'un roman de Steinbeck.

Vient alors le jour forcément surréaliste, où la lumière est celle du jour moderne, et sous lequel Rawpowermag' se retrouve à interviewer un vrai bluesman. Non, pas de la génération de Junior Kimbrough / T-Model Ford / RL Burnside / Rudie Burnette, mais celle plus proche de nous : de Mississippi Gabe Carter / Mark Porkchop Holder... A la faveur d'un nouvel album distribué par Nayati Dreams (tenu par quelqu'un qui est bien plus qu'un disquaire, un vrai amateur de blues !), on a eu l'occasion d'écouter Like A Apple On A Tree et d'interviewer CR Humphrey, aka Old Gray Mule (lorsqu’il joue en groupe), par email.

Like A Apple On A Tree est donc le dernier album du guitariste-chanteur de Lockhart, non loin d'Austin (Texas). En continuant dans le sillon des œuvres précédentes (Debut Album, Forty Nickels For a Bag of Chips et A Day In MS, A Night in TX), ces dix titres nous replongent dans le hill country blues : un blues particulier où les répétitions mélodique et rythmique invitent progressivement l'auditeur(trice) à la danse.
La guitare électrique de CR Humphrey donne une touche moderne qui n'altère pas pour autant la forme traditionnelle de ce blues, comme sur « Blue Front », et permet de revisiter deux titres de RL Burnside : « Come On In » et « Someday Baby ». Malgré quelques sonorités proches du style Bentonia, plusieurs riffs se rapprochent de morceaux stomp ou punk-blues dignes de Scott H Biram ou encore des Left Lane Cruiser.
Bien que cet album ait été voulu comme un disque « à écouter en conduisant » (exemple supplémentaire de la modestie de CR Humphrey), on est impressionné de constater de la qualité des autres musiciens présents, autant à la batterie qu'à l'harmonica ou au chant : Snooks la Vie (ancien membre des Hiptones, chanteur et harmoniciste), CW Ayon (one-man band venu jouer de la batterie et chanter), Cedric Burnside (petit-fils de... et excellent batteur), Dave Sims Jr (batteur), Jason Wilburn (batteur) et Lightnin Malcolm (guitariste jouant souvent en duo avec Cedric Burnside, mais qui pour le coup vient tenir lui aussi les fûts et pousser la chansonnette).
Bref, à chaque titre, un line-up changeant et des conditions d'enregistrement différente (4 studios utilisés pour 10 pistes!) avec comme dénominateur commun : CR Humphrey...

Pour mieux comprendre le phénomène, on lui a posé des questions, non sans quelques fautes d'anglais/américain et une pointe d'humour à 2 francs.

John the Revelator : D'où vient le nom du groupe, « Old Gray Mule » / « La Vieille Mule Grise », ? Y a-t-il un lien avec l'ancienne comptine populaire « Old Grey Mare » / « La Vieille Jument » ? [un jeu de mots en introduction, quel professionnalisme sur Rawpowermag']

Old Gray Mule : Haha ! Non, pas de relation avec cette chanson populaire... J'ai tiré le nom de deux sources. La première correspond à une chanson de Belton Sutherland, tirée du documentaire « Land Where Thes Blues Began » / « Le Pays où Naquit le Blues » d'Alan Lomax :


Mais également, lorsque ma femme était enceinte de notre premier enfant, elle avait l'habitude de dire que notre fille lui botterait un jour le cul comme une vieille mule grise... et j'ai commencé à écrire mes propres chansons peu après la naissance de ma fille.

JtR :Quels ont été tes débuts en tant que musicien ? Comment as-tu découvert le hill country blues ?

OGM : J'ai commencé à jouer de la guitare lorsque j'avais environ 12 ans, en jouant tout un tas de styles différents, mais le blues et la funk étaient toujours présents. J'ai toujours adoré le groove de John Lee Hooker et j'ai commencé à chercher n'importe quel blues rustique/brut et groovy, ce qui m'a naturellement conduit à la musique de RL Burnside, qui de fil en aiguille m'a fait découvrir tous ceux ayant enregistré du blues électrique rural. Je me suis acharné à jouer dans la style de RL Burnside mais je ne pouvais pas ralentir suffisamment le tempo, et, jusqu'à ce que j'entende Cedric et Malcom, je pensais que cette musique ne pouvait être jouée que par des vieux bluesmen du fin fond du Mississippi. Lorsque j'ai vu Ced' et Mal' jouer, ils appartenaient à la même génération que moi alors je me suis rendu compte que s'ils pouvaient le faire, alors moi aussi. J'ai commencé à ETUDIER le hill country blues et finalement à écrire des morceaux.

JtR : Par quel moyen as-tu étudié le blues ?

OGM : Par « étude », je veux dire que : j'ai acheté chaque album de hill country blues que j'ai pu trouver, regardé tous les documentaires parlant de ces musiciens-là, visionné chaque vidéo sur Youtube que j'ai pu trouver sur eux, allé à tous les concerts, joué par-dessus chaque album même s'il fallait s'accorder uniquement à l'aide de la chanson, rencontré chacun de ces gars tant qu'ils étaient encore vivants , joué ou enregistré avec leurs parents...

Ce que j'ai découvert, c'est que le hill country blues, ou le blues des juke joints, est une forme de musique : basée sur le RYTHME, basée sur les SENTIMENTS, basée sur le TIMING. C'est un moyen pour jouer de façon dynamique (en jouant - tout à la fois - fort, faiblement, doucement, rapidement dans le même morceau), mais ce n'est PAS un tremplin pour faire des solos (ce qui, d'après moi, est la raison de vivre de la moitié des joueurs de blues). Enfin, en citant Kinney Kimbrough (batteur et fils de Junior Kimbrough) "Tu peux jouer du blues, ou pas, suivant que tu le ressentes ou non."

Le blues rural est porté par son rythme et par conséquence, il n'est pas basé sur d'poustouflants solos de guitare ou un jeu de scène. Il n'y a rien de brillant, de flashy, tout est dans la chaleur. C'est la musique la plus honnête/modeste jouée par des hommes ne tentant pas d'être autre chose que ce qu'ils sont. L'UNIQUE but de tout ça est de permettre aux gens de passer un bon moment. Ce n'est pas une question de groupe, c'est une question de danser, transpirer, boire, s'amuser ou faire l'idiot. Il y a de la joie, du plaisir, dans cette musique.

JtR : Sur cet album, tu joues avec de nombreux musiciens  Cedric Burnside, CW Ayon, Dave Sims Jr, Jason Wilburn, Lightnin Malcom and Snooks la Vie. Comment les as-tu rencontrés ?

OGM : J'ai rencontré Cedric et Lightnin à Austtin (Texas) lorsqu'ils sont venus jouer au Continental Club. Depuis, je suis allé à tous leurs concerts sauf un ! CW Ayon et moi nous sommes aussi rencontrés lorsqu'il est venu à Austin : il est resté dormir à la maison et je l'ai finalement invité à venir avec nous au Juke Joint Festival (Clarksdale, Mississippi).
Quant à Dave Sims Jr, il était le batteur dans un groupe qui jouait au Antone's à Austin alors que Lightnin Malcolm et moi jouions un soir en duo là-bas... Moi, à la guitare, Lightnin à la batterie.
Jason Wilburn, je l'ai vu tenir la batterie pour Robert Kimbrough Jr au Juke Joint Fest mais je ne l'avais pas réellement parlé jusqu'à ce qu'il vienne lui aussi jouer à Austin avec Lightnin Malcolm. Quant à Snooks La Vie, notre rencontre a eu lieu à Adélaïde (Australie) lorsqu'il a joué en 1ère partie à la soirée de lancement de mon album « A Day in MS... ». J'ai entendu sa façon de jouer de l'harmonica , je lui ai proposé de se joindre à nous sur scène et il a accepté. C'était un concert génial !

JtR : « Like a Apple On a Tree » renvoie à la réponse que vous a faite T-Model Ford lorsque vous lui avez demandé : « Comment ça va T ? ». Ton album lui est d'ailleurs dédié et l'album commence par une reprise de RL Burnside, avec Cedric Burnside (un de ses petit-fils). Est-ce un moyen de rendre hommage aux générations précédentes de bluesmen ?

OGM : Chaque album que j'enregistre est un hommage à ces anciens bluesmen. Je n'ai pas inventé un style, donc je me sentirais mal si je ne tirais pas mon chapeau à ceux qui m'ont précédé... J'ai une grande dette envers eux.

JtR : « Issaquena » a déjà été publiée sur un album précédent. Que pensez-vous de vos albums précédents (« A Day In MS, A Night in TX » , « Forty Nickels for a Bag of Chips »...) ?

OGM : J'ai déjà fait 4 albums et ils sont tous différents et similaires à la fois. Le premier, « Sound Like Somthin Fell Off The House », est sorti en 2010. Il a été enregistrée dans une vieille église d'origine lituanienne en plein centre du Texas, avec la collaboration de Mississippi Gabe Carter au chant pour un morceau. Le second, « 40 Nickels for A Bag of Chips » est sortir en 2011. Il a été enregistré en 2 heures du côté de Como (Mississippi), Kinney Kimbrough à la batterie. « A Day In MS, A Night In TX » est aussi sorti en 2011 avec la participation de Bill Abel et CW Ayon. C'est un album-hommage où toutes les chansons sont des reprises enregistrées au studio de Bill dansle Mississippi ou enregistrées live lors de la 2nde soirée soirée pour l'anniversaire de Junior Kimbrough au Texas.

JtR : La plupart (tous?) des titres de « Like a Apple On a Tree » ont été enregistrés ave la même guitare : une Telecaster. Certaines personnes prétendent que vous l'avez construite vous-même. Est-ce vrai ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

OGM : Tous les titres ont été enregistrés sur des Telecasters... Les titres en accords ouverts l'ont été avec une Telecaster Custom jaune et noir horriblement moche, qui correspond plus ou moins au modèle d'origine, excepté qu'elle ne possède que 5 cordes et reste accordée en accord ouvert de Fa. L'autre Squier Telecaster que j'utilise pour les morceaux à accordage standard a été fabriquée à partir de différentes pièces. A la base, j'aime beaucoup les manches de Squier Tele fabriqués en Indonésie, ils ont une finition très fine et douce... et j'aime aussi des micros P-90, donc j'ai fabriqué une guitare de façon à ce que j'en aime la forme et le son. De plus, lorsque les gens voient le logo Squier sur la tête de la guitare, ils supposent qu'elle ne vaut pas grand chose et ainsi n'essaieront pas de me la voler !

JtR : Tant qu'on y est à parler guitare et matos, il y a une petite question intéressante : peourrais-tu nous expliquer comment tu t'es retrouvé avec la guitare de RL Burnside entre les mains durant un petit essai courant 2011 ?

OGM : Keith Mallette, qui gère le label Hillgrass Bluebilly Records, l'a trouvée sur ebay et l'a achetée. Quelques jours plus tard, il m'a appelé et m'a demandé si j'étais intéressé de jouer avec. Je pense que j'ai déjà joué avec durant un concert au TC's si je me souviens bien. A l'époque, j'étais prêt à faire quelques enregistrements mais aucun batteur n'était disponible à ce moment-là. Keith l'a finalement offerte au Delta Blues Museum de Clarksdale, et je lui suis énormément reconnaissant de m'avoir laissé jouer un petit moment avec.

JtR : « Banda de Gypsies » est assez différent du reste de l'album : ses racines remontent à deux morceaux de Jimi Hendrix, « Machine Gun » et « Who kows », avant de terminer par une reprise de « Rock you Like a Hurricane » qui vous, toi et CW Ayon, a faite bien rire. [Je préfère ne pas savoir quelle sorte de pouvoir mystique, sombre et dérangé, vous a conduits à choisir cette chanson ! Argh ! ]. Excepté le blues,quelles sont vos influences musicales ?

OGM : La musique qui m'aide à donner forme à ce que je joue en tant que Old Gray Mule est le blues rural mélangé avec de vieux gospels et de vieux funks. En ce qui concerne la musique que j'écoute et que j'apprécie ? Dans ma voiture en ce moment, j'ai Clotaire K (du hip-hop libanais), Parliament Funkadelic, Cedric Burnside & Lightnin Malcolm, John Lee hokker, Bob Wills & the Texas Playboys, the Yearlings (Asutralie), et Electric Six.

JtR : Plusieurs documentaires (« We Juke up in Here », etc) décrivent l'environnement du blues : les juke joints, les rent/house parties, etc. Sur ton album, est-ce que « Blue front » fait référence au Blue Front Café appartenant à Jimmy « Duck » Holmes ? As-tu une attirance particulière pour ce genre d'endroits?

OGM : Oui, c'est bien à propos du Blue Front à Bentonia. On a formé une sorte de groupe autour de Duck pour un concert à Bentonia le vendredi précédant le Juke Joint Festival (qui a lieu à Clarksdale, MS). Duck a joué un lick pendant ce jam et il m'est resté en tête durant tout le week-end. J'ai écrit une chanson basée sur ce lick et ce que je ressentais grâce à lui.
Autrement, oui j'adore jouer dans de vieux jukes joints dès que je peux. En 2010, nous avions l'habitude de jouer chaque vendredi soir au TC's Lounge (le dernier jukejoint tenu par un noir à Austin, Texas), mais il y a vraiment TRES peu de vrais jukes joints où on joue ce blues brut que j'apprécie.

JtR : T-Model Ford, Mississippi John Gabe, David Evans...beaucoup de bluesmen ont traversé l'Atlantique pour faire une tournée en Europe. Aura-t-on la chance de vous voir bientôt en France ?

OGM : Mec, il n'y a rien que j'aimerais plus que de venir en Europe et vous jouer cette musique !

JtR : Lors d'un festival, un groupe peu partager la scène avec un autre, ou inviter un(e) musicen(ne). Sur notre blog, tu es libre de faire la même chose. Y a-t-il un ou des musicien(s) – injustement méconnus ou trop peu connus – que tu souhaiterais faire découvrir à nos lecteurs ?

OGM : Musiciens vivants : RL Boyce, Duck Holmes, Bill Abel, CW Ayon, Chris Russell (Australie), Hosea Hargrove, Orange Jefferson, Odell Harris, Robert Kimbrough, Johnny Hurricane Jones et un tas d'autres.
Musiciens disparus : Willie King, Belton Sutherland, Rainie Burnett, Jessie Mae Hemphill, Clifton Chenier et tout un tas d'autres.

Un immense merci à CR Humphrey / Old Gray Mule pour avoir pris le temps de discuter avec Rawpowermag' malgré le niveau d'anglais approximatif et nos tentatives d'humour (relativement nulles, on en convient). Grâce à sa disponibilité et sa bonne humeur, cette interview a été un vrai plaisir.

On remercie ici Nayati Dreams sans qui cette découverte musicale et cette interview n’auraient jamais pu être.

Pour ceux qui voudraient admirer le style (inimitable) de votre rédacteur en langue anglaise :
John the Revelator : Where does the name of your band, « Old Gray Mule », come from ? Is there
any relationship with the old folk song « Old Grey Mare » ?

Old Gray Mule: HA ! No relation to the folk song…I got it the name from a couple places. First of
which is a Belton Sutherland song from the Alan Lomax documentary « Land Where The Blues
Began » : http://www.youtube.com/embed/ccn6_60NhJI
Also when my wife was pregnant with our first child she used to say that our daughter would kick
her like an old gray mule...and I started writing my own songs soon after my little girl was born.


JtR : How did you start as musician ? How did you get into hill country blues ?

OGM : I started playing guitar when I was 12 or so, played a whole bunch of different types of
music but blues and funk were always in there. I always dug the groove in John lee Hooker’s music
and started trying to find any blues as raw and groovin as his which naturally led me to RL
Burnside who led me to everybody else that was recoding raw electric rural blues. I tried and tried
to play RL’s music but couldn’t get the timing down and until I heard Cedric and Malcolm I thought
it was music that only old men from one tiny place in MS could play. When I saw Ced and Mal
playing it, they were of my generation so I figured if they could I could and started to STUDY it and
eventually started writing it.


JtR :How do/did you study it ?By study I mean:

OGM : I bought every hill country album I could find.
Watched every documentary I could find that featured these guys.
Watched every youtube vid I could find of these folks.
Went to every show I could.
Played along with the albums even if it meant tuning to the SONG.
Met everyone of these guys who was still living, or played or recorded with their surviving
families...
What I figured out was that Hill Country/Raw Juke Blues is a form of music that is:
- RHYTHM based
- FEELING based
- TIMING based
- a vehicle for DYNAMIC playing (loud, quiet, fast, slow all in the same song)
- NOT a vehicle for soloing (which in my opinion is the average blues guitar player's reason for
being
- and lastly in the words of Kinney Kimbrough (Junior Kimbrough's son/drummer) "You can either
play it or you cain't, cuz you either feel it or you don't"
Hill Country Blues is based on timing and subtlety, it's not based on flashy guitar solos and
jumping around. It's not about the flash, it's about the heat. And it is honest music played by men
who aren't trying to be anything but what they are, and the ENTIRE goal of it is to help folks have a
good time. It's not about the band, it's about dancing, sweating, drinking, acting the fool and
working out all the bad shit that happened since the last time you played music, danced, or acted
the fool. There is joy in this music.


JtR : On this album, you played with a lot of other musicians : Cedric Burnside, CW Ayon, Dave
Sims Jr, Jason Wilburn, Lightnin Malcom and Snooks la Vie. How did you meet all of them ?

OGM : I met Cedric and Lightnin in Austin TX when they’d come through and play the Continental
Club. Went to every show they played but one ! CW Ayon I met when he came through Austin, he
stayed at my house, and I invited him to go along with us to the Juke Joint Festival in MS. Dave
Sims Jr was the drummer for a band at Antone’s in Austin when Lightnin Malcolm and I played
there as a duo one night…me on guitar, Lightnin on drums. Jason Wilburn I saw playing drums for
Robert Kimbrough Jr at the juke Joint Fest in Clarksdale but didn’t actually get to meet him until
he came through Austin playing drums for Lightnin Malcolm. Snooks La Vie I met in Adelaide,
Australia when he sat in with the opening band at our album launch party for « A Day in MS… ».
Heard his harp tone and asked if he’d sit in with us and he did. Was an awesome show !


JtR : « Like a Apple On a Tree » refers to T-Model Ford's answer as you asked him « How you
doin' T ? ». Your album is dedicated to him and you're starting your album with a cover of de RL
Burnside, with Cedric Burnside (one of his grandsons). Is it a way to pay tribute for the previous
generations of bluesmen ?

OGM : Every album I’ll ever record will be a tribute to those previous bluesmen. I didn’t invent
this style, so I’d feel wrong not to tip my hat to those men who came before me…I owe those folks a
debt.


JtR : « Issaquena » was published on a previous records. What do you think about your past albums
(« A Day In MS, A Night in TX » , « Forty Nickels for a Bag of Chips »...) ?

OGM : I’ve got 4 albums and they’re all different yet similar. The first one « Sound Like Somthin
Fell Off The House » came out in 2010. It was recorded at an old Lithuanian Church in central
Texas, and features Mississippi Gabe Carter on vocals on 1 track. The second one « 40 Nickels… »
came out in 2011. It was recorded in about 2 hours over in Como, Ms with Kinney Kimbrough on
drums. « A Day In MS, A Night In TX » also came out in 2011 with Bill Abel and CW Ayon
performing on it. It’s a tribute album where all the songs are covers and were either recorded with
Bill at his studio in MS or live at our 2nd Junior Kimbrough Birthday Party in TX.


JtR : Most (all?) of the tracks of « Like a Apple On a Tree » have been recorded playing with the
same guitar : a Telecaster. Some people say that you built it yourself. Is it true ? Could you tell more
about it ?

OGM : All the tracks on that album were recorded on Telecasters…the open tuned songs were
played on an ugly as hell yellow and black Squier Telecaster Custom which is more or less stock
except I’ve got it strung with 5 strings and tuned to Open F. The other Squier Telecaster I used for
the standard tuned songs is one I put together from parts. Basically I like Indonesian Squier Tele
necks…they have a very thin smooth finish…and I like the sound of P-90 style pickups so I make
these guitars a certain way that I like the feel and sound of, plus when folks see the Squier logo on
the headstock they assume it’s cheap and won’t try and steal it !


JtR : As we're talking about guitar stuff, there is another interesting question : could you explain us
how you managed to have in your hands RL Burnside's guitar for a short try in 2011 ?

OGM : Keith Mallette who runs Hillgrass Bluebilly Records found it on ebay and bought it. A few
days later he called me and asked if I’d like to play it. So we met up and he handed it to me and
said I could keep it at my house for a while and play it. I think I even played a gig on it at TC’s if I
remember right. Was going to do some recording on it but didn’t have a drummer available at the
time. Keith ultimately donated it to the Delta Blues Museum in Clarksdale and I’m grateful as hell
he let me borrow it for a little bit.


JtR : « Banda de Gypsies » is quite different from the rest of your record : her roots get into two
Jimi Hendrix's songs, « Machine Gun » and « Who kows », before ending with a cover of « Rock
you Like a Hurricane » which make you and CW Ayon laugh. [I don't wanna know what kind of
dark and sick mystical power leaded you to choose this song ! Argh !]. Except blues, what are your
musical influences ?

OGM : The music that helps shape what I play as Old Gray Mule is Hill Country blues mixed with
old style Funk and old style Gospel. As for what kind of music I listen to and enjoy ? In my car right
now I have Clotaire K (Lebanese hip hop), Parliament Funkadelic, Cedric Burnside and Lightnin
Malcolm, John Lee Hooker, Bob Wills and the Texas Playboys, The Yearlings (Australia), and
Electric Six.


JtR : Some documentaries (We Juke up in Here, etc) describe the environment of blues : juke
joints, rent/house parties, etc. On your record, does « Blue front » refer to Blue Front Café , owned
by Jimmy « Duck » Holmes ? Do you feel any attraction for this kind of place?

OGM : Yes it is about the Blue Front in Bentonia. We were sort of Duck’s band for a night down in
Bentonia on the Friday before the Juke Joint Festival (which is up in Clarksdale, MS) and he
played a lick during that jam that stuck with me all weekend long and I wrote the song based on
that lick and the feeling I got from it. And yes, I love playing old jukes whenever I can, we used to
play TC’s Lounge (last black owned juke in Austin TX) every Friday night back in 2010, but there
are VERY few real jukes left that feature that raw blues I like.


JtR : T-Model Ford, Mississippi John Gabe, David Evans... a lot of bluesmen crossed the Atlantic
ocean in order to tour in Europe. Would we have the chance to see you in France soon too ?

OGM :Man, there is nothing I’d like more than to come to Europe and play this music for yall !

JtR : During a music festival, a band can share a set on stage with other bands or musicians. On our
website, feel free to do the same. Woud it be any muscian – unfairly stayed unknow or not well
known - you would like to introduce for our readers ?

OGM : Living musicians : RL Boyce, Duck Holmes, Bill Abel, CW Ayon, Chris Russell (Australia),
Hosea Hargrove, Orange Jefferson, Odell Harris, Robert Kimbrough, Johnny Hurricane Jones, and
a whole bunch more.
Musicians that have passed on : Willie King, Belton Sutherland, Rainie Burnett, Jessie Mae
Hemphill, Clifton Chenier, and a whole bunch more

John the Revelator

Tracklist :
« Come On In »
« Cotton Patch Disco »
« Blue Front »
« Sexy Mufuggin Dance Party »
« Break For Me »
« Thanksgiving '12 »
« Someday Baby »
« Issaquena '12 »
« Standin There Cryin »
« Banda de Gypsies »

Audio :


Vidéo :
Enregistrement de « Blue Front »

CR Humphrey jouant avec la guitare de RL Burnside

Lancement de l'album « Like A Apple On A Tree »

Achat :
Chez Nayati Dreams (évidemment) : http://www.nayatidreams.fr/product.php?id_product=321

Sources :
Site de Old Gray Mule / CR Humphrey : http://www.oldgraymule.com/

1 commentaire:

  1. Super.
    Merci de soutenir de bons albums les gars, et merci à John the Revelator.

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