28 mai 2012

Tav Falco – La Java (24/05/2012)

Il y a des concerts qui changent les idées.
Il y a des concerts qui permettent de revoir des potes.
Il y a des concerts qui font remuer un peu la nuque.

Et il y a des concerts qui – l'espace de quelques dizaines de minutes – rendent vraiment heureux. Peu font partie de cette catégorie. L'expérience m'a toujours convaincu que ce genre de prodige ne se réalisait qu'au sein de petites salles. Ce n'est certainement pas cette soirée en compagnie de Tav Falco qui me fera changer d'avis...

La Java, donc. Une salle éminemment sympathique, datant de 1924 et qui, selon la légende, permit à Django Reinhardt de découvrir le jazz et l'accordéon (!). Affichant désormais une programmation éclectique allant du rock au jazz en passant par le hip hop et l'électro, ce haut lieu du quartier de Belleville était l'occasion de rencontrer l'un des derniers géants du rockab', l'inénarrable Tav Falco et ses Panther Burns.

La soirée commence avec une première partie assez furieuse de la part de The Experimental Tropic Blues Band. Bien décidé à déranger son auditoire, le groupe belge nous livre une prestation pour le moins déstabilisante ! Le tempo est rapide, très rapide, on frise le hardcore, on démarre parfois en mode « hillbilly » pour finir en mode « métal »...Ajoutez à cela un son résolument strident et vous obtenez un cocktail assez détonant pour le public bigarré venu s'approcher de la scène. Pour ma part, je reste en retrait, protégeant jalousement mon verre de Bushmills servi comme un viking par le barman qui voulait – ô joie – finir la bouteille.

Après une bonne heure de pétaradages belges, Tav Falco fait son entrée. Enfin...disons qu'il fait son entrée après celle de sa batteuse, la poumonée Giovanna Pizzorno, une brune incendaire tout droit sortie d'un film de Russ Meyer, une pin up avec des heures de vol mais dont le train d'atterrissage était en parfait état. Le concert ne pouvait pas mieux débuter. A la guitare, on découvre Grégoire Cat, sorte de Dominique De Villepin avec une prestance et une classe impressionnantes; à la basse, Laurent Lanousière, discret mais impeccable pour assurer le rythme.

Et Tav ? Né l'année de la conférence de Yalta, le bonhomme est surhumain. Pendant DEUX putain d'heures, il n'aura de cesse de monter crescendo afin de terminer le concert avec un public au bord de l'apoplexie. Dès les premières mesures, je comprends (avec soulagement) que le groupe ne partira pas dans tous les sens comme sur la récente réédition de son disque Behind The Magnolia Curtain (1981). Le son est nickel, le quatuor parfaitement en place : pas de branlette, juste du bon vieux rock'n roll dans la tronche de l'assistance. Devant la montée en puissance du groupe et l'abandon de poste de plusieurs spectateurs en première ligne (dernier métro), je finis par débarquer à l'avant de la scène pour assister à une ultime demi-heure de folie où la jubilation et l'hilarité se disputent devant une telle débauche de six cordes semblant ne pouvoir prendre fin.

Grâce soit rendue à un tel seigneur ! Malgré sa voix usée par les ans, Tav Falco fait preuve d'une incroyable générosité, prenant visiblement un pied monstrueux devant ses aficionados déchaînés, enchaînant les pas de danse au rythme des fûts martyrisés par sa batteuse exténuée, fendant le public pour venir jouer au milieu de la salle...Que dire ? Les quelques vidéos glanées par votre serviteur témoignent avec euphémisme du spectacle euphorique auquel nous avons assisté.

Le concert terminé, je retrouve les pavés tièdes d'une fin de mois de mai à Paname. Quand on constate les prix exorbitants demandés par certains artistes pour des concerts chronométrés, calibrés et sans âme...On ne peut que rougir en repensant à la modique somme versée pour prendre autant de plaisir au show d'un héraut du rock'n roll.

Mémorable.

Rick.


4 commentaires:

  1. Bien vu, pour une fois je pense tout pareil.

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  2. Un grand moment de rock'n'roll, ce concert. J'ai été bluffé par la classe et la générosité de Tav Falco et de ses acolytes. Giovanna Pizzorno remporte le grand prix du jury !

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  3. Merci Rick pour ce compte-rendu, je garde un très bon souvenir de ce concert, surtout la dernière partie!
    Nous serons de retour à Paris le samedi 4 mai au Petit Bain.
    Grégoire

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