13 avril 2012

Cool Soul Festival #2 (@ L'Aéronef, Lille, 05/04/2012)

Wraygunn :

Groupe d’origine portugaise, Wraygunn a eu la lourde tâche de lancer la 2nde édition lilloise du Cool Soul Festival (ce qui ne signifiait pas pour autant un saut dans l'Inconnu, surtout pour le guitariste : the Legendary Tigerman, présent lors de la 1ère édition). Ce soir, le groupe est composé de 6 ou 7 personnes (tout dépend de la façon dont on prend compte la présence d’une choriste manifestement enceinte depuis plusieurs mois) et semble bien décidé à venir cueillir énergiquement un public trop peu nombreux au regard de la qualité de l’affiche et du prix de la soirée. Ça joue vite et fort, les guitaristes n’hésitent pas à échanger leurs riffs dans une partie de ping-pong sonore, le chanteur traverse la foule et vient chanter sur le zinc du bar, les 2 choristes se démènent pour apporter une touche soul au groupe… Bref, les sourires de l’auditoire ne trompent pas : mission accomplie ! Sans être entièrement conquis, j’ai apprécié les influences rock n’roll et soul qui sont venues nous décrasser les tympans et faire remuer les postérieurs. Plein de bonnes intentions, on quitte la scène Club et on se dirige avec le sourire vers la mini-scène de l’Aérobar.

« All Night Long »


« Don't You Wanna Dance ? »


« Kerosene Honey »


Lewis Floyd Henry :

Pas besoin de se lancer dans la lecture de « De l’origine des espèces » de C. Darwin pour constater qu’en matière de musique, l’Evolution est parfois faite de soubresauts accouchant de mélanges incroyables… Et Lewis Floyd Henry est de ceux-là. Malgré une sono horrible (phénomène de double-réverbération à cause de la forme en L de l’Aérobar ?), notre visiteur des Amériques n’est manifestement ni un avare, ni un empoté du manche ! Jouant des pieds sur son mini-set de batterie, des mains et des « dents » sur sa guitare (un certain J. Hendrix s’en faisait une spécialité à une époque malheureusement révolue), Lewis Floyd Henry vient foutre le bordel dans notre conception de l’Univers (si si ça mérite un U majuscule) des one-man/woman-bands qu’on pensait habiter uniquement par des artistes comme Sheriff Perkins, the Mysterious Asthmatic Avenger, Hollowbelly ou Becky Lee. Mes tympans sont en pleine déroute : un type ose le grand écart entre le hip-hop, le blues et le rock (voire hard-rock) en alternant des riffs lourds et hendrixiens (parfois zeppeliniens !) avec des breaks à la rythmique légère, tantôt scandant, dénonçant, chantant ses différents titres… et allant jusqu'à insérer Prokoviev dans un titre ! A la fin du set, on le regarde ranger son matos (dont le volume tient intégralement dans l’armature d’une poussette Mc Laren poussive et hors d’âge) et on se demande encore le parcours musical de cet animal hybride, mi one-man-band rappeur / mi-Hendrix, coiffé d’une casquette Black Sabbath.

« Purple Haze »


« Protect Ya Neck »


« ODB/Prokofiev Shimmy Shimmy Ya »


Dustaphonics :

Pas la peine de s'étendre sur ce bon groupe (en le faisant moins bien que le taulier : http://rawpowermagazine.blogspot.fr/2012/02/chronique-dustaphonics-party-girl-2011.html) aux influences multiples (soul, surf, rythm' n' blues, etc) dont le guitariste est un fan de 45 trs et un vrai touche-à-tout depuis sa tendre adolescence (animateur sur une radio locale, DJ Healer Selecta, producteur, etc). Avenant avec le public et peu avare à la guitare, on ne lui reprocherait rien, si ce n'est un goût trop prononcé pour la parlotte entre chaque titre, quitte à étouffer un peu sa superbe compagne de scène : la chanteuse américaine Kay Elizabeth, qui donne un supplément d'âme à des titres comme « Party Girl » ou « The Jinx ».

« Party Girl »


« The Jinx »


« Burlesque Queen »


Mama Rosin :

Que dire de ce trio suisse de musique cajun dont un des albums détourne avec humour une œuvre d'A. Warhol ? Rien, même pas un « ça joue le châlet, ou bien !? »... La déception amère, liée à l'annulation (problème médical du guitariste, d'après les rumeurs), nous oblige au silence contrit alors qu'on n'aurait sûrement pas manqué de s'enthousiasmer pour nos voisins helvètes ! Dès lors, on se serait (évidemment) bien vengé en appelant à l'insurrection et au meurtre, mais une bière fraîche tendue par un bénévole de l'Aéronef nous laisse digérer ce changement de dernière minute pour mieux nous réconcilier avec la vie...

Bob & Lisa :

On avait déjà vu ce duo à l'édition précédente du festival avec leur groupe : les Bellrays (ainsi qu'en duo dans une autre salle lilloise : La Péniche du Pianiste), donc on peut dire que leur présence en territoire nordiste devient une habitude, même si c'est à chaque fois un plaisir. En parlant d'habitude, Bob & Lisa se connaissent par cœur et sont en place dès les 1ères secondes du set. Encore une fois, la setlist est très proche de celle de leur album (Rosethorns, partiellement enregistré lors d'un live à La Maroquinerie), avec quelques variations dans l'interprétation de certains passages où Lisa joue de sa voix de gospel, ou encore Bob se permettant des attaques plus incisives sur sa guitare folk... Nos deux compères (aka Robert Vennum et Lisa Kekaula) ne sont pas venus seuls ce soir, il semblerait que la sœur de Lisa soit au 1er rang, et très vite, quelques vannes commencent déjà à fuser : « Tu savais qu'il avait composé ce titre (« Buried alive », un inédit) juste après notre mariage ? ». Rires de l'assistance. Bref, l'ambiance est bon enfant : public et musiciens s'apprécient. En plus de « Buried alive », le duo nous gratifie de quelques autres nouveaux titres tels que « That's All You Get From Me ». Sans révolutionner leur genre (proche du blues-soul?), Bob & Lisa montrent que leur musique a droit à ses lettres de noblesse.

« Crossfire Blues »


« 90 Miles »


Barrence Whitfield and the Savages :

N'ayant jamais pratiqué la boxe, je n'ai pas deviné la carrure d'un monstre du ring cachée derrière le physique rondouillard et avenant de Barrence Whitfield. Description du match : le groupe s'installe tranquillement, Barrence remercie chaleureusement le public présent... avant de lancer une attaque avec « Ramblin' Rose » (une reprise du groupe MC5), qui est également le 1er morceau de leur, très bon, dernier album (Savage Kings chez Munster Records). Ayant baissé ma garde suite au set précédent (magnifique allitération au passage), je prends ce premier bourre-piffe rock'n roll de plein fouet. Non content de leur effet, Barrence et ses sauvages commencent l'échauffement en reprenant plusieurs titres de leurs deux albums. A l'image des autres musiciens, Barrence est en forme : il bouge, joue le cabotin, crie comme James Brown, boxe l'air de ses poings... Martelant à distance nos tympans de sa voix grave, encadrant une session rythmique impeccable, ne boudant pas son plaisir de nous entendre rugir en réponse au groove généré par le sax' ténor et la guitare, il entraîne toute la salle (diminuée de ceux tributaires du « dernier métro ») dans une danse frénétique. Ayant oublié la notion du temps, au bord du KO technique, on termine sur les genoux, on titube de bonheur sonore... et le groupe nous accorde un généreux rappel avec des tubes supplémentaires. Fair-play, le groupe nous laisse encore remuer en tous sens avant de faire retentir le gong de fin de soirée. Grâce à eux, le festival est une belle réussite !

Barrence Whitfield and the Sauvages et leur public, tels deux sparring partners qui s'apprécient, se retrouvent ensuite autour d'un verre. Barrence est redevenu modeste et généreux, mais on ne me la fait plus : j'étais là, j'ai tout vu !

Barrence... vivement le match-retour !

« Ramblin' Rose »


« Willie Meehan »


« Miss Shake It »


« King Kong »


John the Revelator

5 commentaires:

  1. Bien cinglée, cette reprise du "Shimmy Shimmy Ya" d'Ol' Dirty Bastard, mixée à du Prokoviev sur fond de grattes à la Hendrix.

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  2. En live, ça en a décontenancé plus d'un (dont moi)!

    John the revelator

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  3. Tiens, le couple des Bellrays se permet des écarts en duo ? Je ne savais pas et ça n'a pas l'air trop mal. Ah les Bellrays - contrairement aux disques - ce fut par deux fois une sacrée claque, Lisa étant une putain de showgirl ^^

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  4. Franchement, je ne suis pas fan des Bellrays (trop mainstream à mon goût je crois). Par contre, Bob & Lisa tournent ensemble depuis quelques années déjà et je les préfère en duo ;) J'aurais bien aimé qu'ils jouent un peu plus d'inédits d'ailleurs!

    John the revelator

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  5. Alors en fait j'ai vu 2 fois les Bellrays en...2002 (période "Meet The Bellrays") Lisa filait des coups de talon aiguille (!) aux mecs qui s'approchaient trop (faut dire qu'elle descendait dans la fosse et se roulait à moitié par terre :)). Et à l'époque, c'était loin d'être "mainstream"...Cela étant dit, n'ayant pas suivi le reste de leur disco, il est possible que leur musique le soit devenu...

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