4 février 2012

Baby Grandmothers - S/T (1968)

Il y a quelque chose de magique avec les sixties. On pense toujours avoir écouté tous les bons albums sortis à cette époque et chaque mois on découvre de nouveaux disques qui viennent remettre en cause nos convictions.
Découvert il y a peu, ce disque des Baby Grandmothers fait partie de ces galettes qui à la première écoute vous mettent une claque magistrale et vous fait vous demander pourquoi ce groupe ne jouit pas de la même aura qu'un Cream ou un Jimi Hendrix Experience.
Un coup de google et on a très vite compris la raison de cet "oubli". Tout d'abord il ne s'agit pas d'un album sorti à l'époque. En effet, le groupe n'ayant sorti qu'un single, il aura fallu attendre 2007 pour voir Subliminal Sounds sortir cette compilation reprenant le dit single et des morceaux enregistrés live en 1967 et 1968.
Ensuite le fait que nos trois gaillards sont suédois n'a sans doute pas favorisé ne serait-ce qu'un début de popularité. Formé en 1967, le groupe se compose de Kenny Hakanson (guitare), Goran Malmberg (basse) et Pelle Ekman (batterie). En sus d'être d'excellents musiciens, le groupe fabriquait ses propres amplis et jouait tour à tour sur des fûts en bois et métalliques ce qui leur donne un son parmi les plus malsains qu'il nous a été donné d'entendre parmi la vague heavy-psyché fin sixties-début seventies.

Avec des titres allant de 7 à 20 minutes, ce double-LP devrait ravir les amateurs de fuzz dont le disque est gorgé. Dès l'entame de "Somebody Keeps Calling Me", on est pris à la gorge par ce son hypnotique qui évoquera quelques sensations aux fans des Spacemen 3 ou des Black Angels et cette voix lugubre, comme venu d'outre-tombe pour mieux emporter l'auditeur dans un maelstrom sonique qu'il n'est pas prêt d'oublier. Ce qui est frappant avec les Baby Grandmothers c'est que leurs morceaux bien qu'étant quasi instrumentaux dénotent une capacité presque unique à offrir des parties de guitare épiques, d'une grande technicité mais sans jamais tombé dans le piège de la démonstration. Pas des branleurs de manche, les Baby Grandmothers tissent avant tout une atmosphère, créent une ambiance, offrant des pistes barrés, au charme vénéneux ("Being Is More Than Life"). L'exact opposé du dernier Radio Moscow en somme.
On ne sait si les Baby Grandmothers avait eu l'occasion d'écouter les premiers pas de Pink Floyd mais on retrouve ici des similitudes, certes pas dans le style mais plutôt dans le son et la démarche avec le premier album de la bande à Syd Barrett ("Bergakungen"). Preuve supplémentaire de leur talent, alors que s'enfiler les vingt minutes du "Dark Star" de Grateful Dead tient selon l'humeur du moment du supplice, le groupe arrive sur "Being Is More Than A Life 2" a dégager un groove infernal qui en ferait oublier sa longueur excessive (19 minutes quand même...).

Malheureusement malgré un soutien d'estime d'un certain Zappa et des premières parties pour le Jimi Hendrix Experience lors de sa tournée en Scandinavie, le groupe ne décolla jamais et sombra très vite dans l'oubli. Reste ce disque tout bonnement indispensable à tout amateur de heavy rock à l'ancienne.

Frank

PS : avant de devenir Baby Grandmothers le groupe s'appellait les T-Boones connu pour le single "At The Klub/King Of The Orient", illustre morceau garage suédois. Après l'expérience Baby Grandmothers le groupe deviendra Mecki Mark Men, premier groupe suédois à jouer aux states mais sans que ce nouveau groupe laisse plus de traces dans l'histoire...



Tracklisting :
01 - Somebody Keeps Calling Me
02 - Being Is More Than Life
03 - Bergakungen
04 - Being Is More Than Life 2
05 - St Georges Dragon
06 - St Geoges Dragon 2
07 - Raw Diamond

En écoute ici :
http://grooveshark.com/#!/album/Selftitled/5849621

Vidéos :
le groupe s'est reformé en 2009, c'est quand même autre chose que Cream au Royal Albert Hall...


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