28 décembre 2011

Bilan 2011

Le bilan de fin d'année est toujours pour nous un exercice à la fois passionnant puisqu'il nous oblige à avoir un retour et une vision d'ensemble et irritant car on a pas la prétention (on laisse ça à d'autres) d'avoir écouté toute la production musicale de l'année.
Comme l'an passé pas de top non plus. Tout simplement parce qu'en plus des raisons évoquées à l'instant, celui-ci changerait chaque jour et que l'on ne voit pas comment on peut classer des albums si différents entre eux.
Si on ajoute le fait que 80 à 90% des sorties "indie" nous gonfle (on parlera pas ici de M83, The Field ou de Destroyer), vous obtenez un bilan très partial mais aussi et surtout très personnel. C'est donc NOTRE vision de l'année que nous vous offrons là.

  • Le bide anglais/britannique ?
2011 aurait pu être le retour en force de la perfide Albion, surtout que le Royaume Uni avait sorti l'artillerie lourde : Beady Eye (Different Gear, Still Speeding), Noël Gallagher (High Flying Birds), Arctic Monkeys (Suck It & See), Miles Kane (Colour Of The Trap), The Horrors (Skying), S.C.U.M. (Again Into eyes) ou encore Kasabian (Velociraptor)... Malheureusement tous ces disques oscillent entre le très médiocre et le dispensable. La déception est grande notamment concernant The Horrors, Arctic Monkeys et Miles Kane dont on attendait beaucoup mieux.
Heureusement côté satisfactions on oubliera pas les disques des Male Bondings (Endless Now) qui confirment leur talent et celui des Veronica Falls (S/T) qui malgré quelques faiblesses a le mérite d'apporter de la fraîcheur sur une scène anglaise décidément bien morose. Mais la plus belle réussite est à mettre à l'actif d'Alex Turner, plus en verve en solo, qui a offert avec Submarine un superbe mini album, confirmant si besoin était qu'il est un des grands songwiters anglais actuel.
Finalement le deuxième album des gallois de Henry's Funeral Shoe (Donkey Jacket) dans un style peu britannique, se révèle être un des meilleurs disques britanniques de l'année.

  • L'hégémonie américaine se poursuit

Une confirmation tout d'abord c'est bien en Californie que ça se passe ! Les Fresh & Onlys et leur leader Tim Cohen se partagent les lauriers avec leurs compères des Oh Sees. Un EP remarquable (Secret Walls) pour les Fresh & Onlys, pas moins de deux albums et un EP pour Tim Cohen (le diptyque Magic Trick / Bad Blood et le mirifique The Glad Birth Of Love), et pas en reste deux albums pour les Oh Sees (Castlemania ; Carrion Crawler/The Dream sans compter la compilations Singles vol 1) confirment la place et la dimension qu'ont pris ces artistes sur la scène californienne et américaine en générale.
Si Ty Segall a pris un peu de retard (Goodbye Bread et une compilation de singles) malgré un 10" hommage à T-Rex (Ty Rex), l'année 2011 a amené son lot de bons disques en provenance de Californie : les Sonny & The Sunset enfoncent le clou (Hit After Hits) tout comme Girls (Father, Son, Holy Ghost), Bare Wires (Cheap Perfume) et White Fence (Is Growing Faith) tandis que Mikal Cronin (S/T) s'affirme en solo et que les Cosmonauts voient leur très bon premier album sorti en 2010 en k7 chez Burger enfin réédité en vinyle..
Malgré tout on note quelques disques en demi-teinte - Ganglians (Still Living), Ducktails III (Arcade Dynamics) ou Blasted Canyons (S/T) par exemple - qui ne masqueront guère l'importance de la scène californienne actuelle.

Face à cette hégémonie californienne, la résistance s'organise. A ce titre la scène d'Austin n'est pas en reste. Bad Sports (King Of The Weekend), et les étonnants John Wesley Coleman III (Personality Pancake) / Followed By Static (Bacon Bear) confirment la vitalité de la scène même si les Strange Boys (Live Music) auront particulièrement déçu. Pas de déception en revanche avec le nouvel album des toujours innovants White Denim (D) ! Les Black Angels auront occupé le terrain avec un excellent 6 titres pour le Record Day (Phosgene Nightmare).
Sur la côte est New York s'est distingué avec le très bon Woods (Sun & Shade), le troisième Vivian Girls (Share The Joy) et le remarquable disque des Crystal Stilts (In Love With Oblivion).
Miami n'est pas en reste avec le très bon deuxième album des Jacuzzi Boys (Glazin'), tandis que la scène de Milwaukee continue de sortir de bons disques (Midwest Beat avec Gone Not Lost ou The Hussy avec Cement Tomb Control). Et comment ne pas évoquer le délicat Days du groupe du New Jersey, Real Estate, qui par ses arpèges délicats est la découverte de cette fin d'année et en tout cas dévoile un groupe au savoir-faire indéniable.
Detroit marque le pas malgré le bel album des Gardens et le chouette dernier rejeton des Howling Diablos (Ultra Sonic Gas Can). Il faut dire que le boursouflé Party Store des Dirtbombs a singulièrement plombé l'ambiance. Malgré tout Detroit reste au firmament en 2011 par la grâce de la sortie du volumineux coffret 5 K7 de The Go (on vus a déjà dit que c'était le plus grand groupe de rock depuis vingt ans?) chez Burger Records regroupant tout ce que le groupe avait enregistré entre 1997 et 2007.

Patrie du garage rock, les states ne sont pas en reste en matière de revival, People's Temple (Son's Of Stone), Night Beats (S/T) ou Shape Have Fangs (Dinner In The Dark) ont apporté leur lot de vibrations sixties.

Pas une année se passe sans que le label Alive Records n'apporte sa pierre à l'édifice. Au final cette année est un bon cru pour le label avec les sorties du premier album du Reverend James Leg (Solitary Pleasure), le dernier Left Lane Cruiser (Junkyard Speedball), le deuxième Henry's Funeral Shoe (Donkey Jacket), la nouvelle livraison des Bloody Hollies (Yours Until The Bitter End) ou encore le troisième Buffalo Killers (3). Seule fausse note au tableau le triste The Great Escape Of Leslie Magnafuzz de Radio Moscow.
Une année marquée par le Reverend James Leg qui en plus de sortir son album a joué sur celui des Left Lane Cruiser et des Buffalo Killers.

Parmi les autres réussites notables de l'année sur le sol américain, signalons l'extraordinaire album krautrock de Cave (Neverendless), le glam de Dye It Blonde des Smith Westerns ou la furia des Bass Drum Of Death (GB City). Les Black Lips confirment tout leur potentiel sur un Arabia Mountain qui se bonifie avec le temps.
Côté O.M.N.I., Amen Dunes (Through Donkey Joe) et surtout Human Eye (They Came From The Sky) sortent leurs meilleurs disques à ce jour.
Rayon déception on ne saurait oublier l'album en demi-teinte des Obits (Moody, Standard & Poor), de Fleet Foxes (Helpness Blues) ou de Kurt Vile (Smoke Ring For My Halo). Mais une déception sans aucune commune mesure avec l'album pantouflard des Black Keys (El Camino). Déception sans aucune commune mesure avec le naufrage des Kills et de Bon Iver ce dernier réussissant à sortir un album dégoulinant de guimauve qui colle aux doigts.

  • Et ailleurs quoi de neuf ?

Même si on a pas vocation à être le plus exhaustif possible, on notera côté australien le le bel essai bad seedien de Slut Guts (Howlin' Gang) et de leurs compatriotes des Frowning Clouds en matière de beat - plus anglais tu meures - (enfin on triche un peu l'album est sorti en 2010 mais il nous a échappé à l'époque). Une Australie qui nous aura quand même bien fait rire avec le dernier album de The Vines (Future Primitive). Mais la meilleure nouvelle venue d'Australie reste la sortie du premier album de Total Control (Henge Beat), groupe composé de membres d'UV Control et d'Eddie Current Suppression Ring, disque à la pâtine post punk qui réussit à nous réconcilier avec un genre dont on a pourtant suffisamment soupé. En tout cas, la scène australienne fait preuve d'une grande vitalité.
Les Danois doivent un peu s'étrangler cette année avec l'inutile (on est gentil c'est la fin de l'année...) Love Shots des danois Blue Van répondant aux Raveonettes ont sorti un album digne (Raven In The Grave) à défaut d'intéresser grand monde.
Enfin signalons côté suisse les Hillbilly Moon Explosion qui continuent leur chemin avec Buy Beg Or Steal bon petit disque de rockabilly.
Chez nos amis belges, signalons le retour des Black Box Revelation et surtout l'enthousiasmant album de The Experimental Tropic Blues Band (Liquid Love).

  • La bonne santé du rock dans l'hexagone
On a un peu toujours tendance à l'oublier mais la scène rock française a depuis quelques temps repris du poil de la bête, grâce notamment à l'effort de quelques labels qui offre une audience plus importante à nos artistes hexagonaux. Saluons comme il se doit Kizmiaz Records, Born Bad Records, Close Up Records ou Beast Records. Faut-il y voir un lien de causalité, en tout cas de plus en plus de groupes se lancent dans l'aventure du LP. Le 45t c'est bien mais on était curieux de voir ce que tous ces artistes avaient dans le ventre sur la durée d'un album.
2011 a été à ce titre un bon cru. On a ainsi on a eu la confirmation du talent de Birds Are Alive (Blues Cooked For Cannibals) et de Chicken Diamond (S/T) - sans oublier Sheriff Perkins -, la démonstration que Decheman avec The Gardener (S/T) était toujours aussi vert ou que la scène pop pouvait occasionner de réelles surprises (A Song - You're Not There) comme en matière de folk (Hugo Clarence - Welcome To The Valley Of Imps).
Les autres belles réussites de l'année sont à mettre à l'actif des Sudden Death Of Stars (Getting Up Going Down) qui confirme les très bonnes dispositions entrevues l'an passé, des Norvins (Yoga With Mona) qui portent haut le flambeau du garage made in France ou de l'inespéré album des Kitchenmen (What's Cookin').
Un (petit) cran en dessous signalons le louable effort des Feeling Of Love (S/T) dont on espère reparler très bientôt.
S'il on ajoute à cela un florilège de 45T de grande qualité (Rivals, Rebels Of Tijuana, Sharitah Manush, Dalaï Lama Rama Fa Fa Fa, Major Dolby, Guillotines et tant d'autres..), 2012 s'annonce sous les meilleures auspices.

  • Baudruches et dinosaures
Comme chaque année, on a eu notre lot de baudruches, de disques encensés au delà du décent et qui se révèleront être d'une rare platitude ou indigence. Si on rechigne à y caser le Yuck qui bénéficie malgré tout de morceaux de qualités, la palme revient aux inoffensifs Vaccines, au risible album d'Anna Calvi et surtout aux Wu Lyf. Panda Bear est quelques coudées au dessus mais son Tomboy n'aura réussi qu'à nous soutirer que quelques baillements...
Mais une année en rock ne serait rien sans évoquer le retour des anciennes gloires. A ce petit jeu, PJ Harvey (Let's England Shake) s'en sort très bien et vieillit ma foi très bien.
Histoire de finir sur une touche humouristique comment ne pas évoquer la tentative risible de Lou Reed qui s'est acoquiné avec Metallica pour un disque dont on ne pense même pas (enfin on espère) que les ventes suffiront à payer leurs impôts.
Mais au rayon dinosaures, 2011 restera l'année où aura été remarquablement rééditée ce chef d'oeuvre des sixties qu'est Smile des Beach Boys. Les Beach Boys qui marqueront 2012, puisqu'un nouvel album est attendu ainsi qu'une tournée et des rééditions en pagaille.
Par contre rayon réédition, la palme de l'arnaque reste celle des albums de Pink Floyd, bien chère et surtout assez loin de ce que l'on était en droit d'attendre pour un groupe aussi essentiel.
Puisqu'on cause réédition, on ne saurait recommander aux fans des Buzzcocks ou Television Personalities de se procurer séance tenante la compilation Drums Over London des séminaux Disco Zombies, groupe fin seventies injustement oublié. La collection de pépites présentes ici est assez remarquable.

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Voilà, on a sans doute oublié plein de trucs, mais on espère que ce petit panorama vous donnera envie d'en savoir plus et surtout vous convaincra que 2011 a été une bonne année pour le rock.

Il me reste à vous souhaiter de passer un excellent réveillon et on vous retrouve en 2012 pour de nouvelles chroniques !

Amicalement,
Toute l'équipe du RawPowerMag'.

14 commentaires:

  1. Absolument d'accord sur l'état de la scène anglaise ! Son effondrement en 10 ans est proprement hallucinant !

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  2. Petite coquille, le 45T des Dalaï Rama Fa Fa Fa sortira le 07/01/12. Il devait sortir ces jours ci, il est en écoute ici :
    http://closeup.bandcamp.com/album/cu-018-the-dala-lama-rama-fa-fa-fa

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  3. The Experimental Tropic Blues Band, plutôt...

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  4. ça fait un paquet de bons disques quand même !

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  5. oui c'est clair que c'est une bonne année, c'est pour ça que je préfère les bilans aux tops, ça permet de se faire un panorama de l'année écoulée. Même si dans les deux cas c'est forcément partial et non exhaustif (je découvrirai sans doute des supers disques de 2011 à l'été 2012 ou 2013)

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  6. On sent quand même que l'industrie du du disque ne vit qu'avec les rééditions : Pink Floyd, Smiths, etc.
    T'es un peu dur avec Anna Calvi. Effectivement, ce n'est pas un grand disque mais delà à la qualifier de "risible" j'irais pas jusque là.

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  7. c'est pô gentil pour les danois, y'a le Buzz Human de Powersolo qui reste assez solide (février 2011)

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  8. @Anonyme : oui si on entends par industrie du disque les grosses majors, parce qu'à côté de ça les labels indépendants se démènent pour faire vivre le rock and roll. L'essentiel des disques qui nous font vibrer ne viennent que rarement de ces dernières. Pour Anna Calvi ce que je trouve le plus risible c'est quand on juxtapose l'intérêt du disque (très faible) au marketing/buzz déclenché à sa sortie.

    @Ratel : oui je me doute bien que les danois n'ont pas eu à se contenter que de ces mauvais disques (et c'est vrai que Powersolo c'est toujours efficace) mais c'est en faisant ce bilan que je me suis rendu compte que parmi les disques qui sont arrivés à mes oreilles, on note quand même deux disques dispensables.

    Frank

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  9. Pour Anna Calvi, je vois ce que tu veux dire. J'avoue que le buzz (façon inrocks) a aussi tendance à me faire fuir. Ceci dit, le disque un peu "rock lyrique" d'Anna Calvi ne colle pas vraiment au style revendiqué de ton blog donc rien d'étonnant dans ton avis.

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  10. En France tu ne peux pas passer à coté du "Franklin 101" des TV Guests produit par J Falkner !!!

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  11. essaie de donner des arguments c'est un peu court là!

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  12. @ Anonyme : "le disque un peu "rock lyrique" d'Anna Calvi ne colle pas vraiment au style revendiqué de ton blog donc rien d'étonnant dans ton avis"
    L'album d'Anna Calvi je l'ai trouvé remarquablement produit, parfaitement calibré. D'ailleurs le fait de parler de rock lyrique, donne un première indication : le terme lyrique sert ici à éviter d'employer le terme d'emphase qui aurait été plus péjoratif. Un morceau comme "Desire" est assez révélateur.
    Et si on retire la voix d'Anna Calvi, charmante au demeurant, il reste quoi ? Pas grand chose. Prends "Blackout" un des singles de l'album, il se passe pas grand chose. Disons que pour moi il s'agit d'un album peu intéressant qui si il n'était pas sorti chez Domino n'aurait pas eu droit au même éclairage.
    comme l'a si bien dit Lyle sur son blog (http://www.danslemurduson.com/archive/2011/02/23/album259-anna-calvi.html) on peut comprendre que ça plaise pas que ça passionne. Très belle formule d'ailleurs.

    @ Anonyme 2 : oui faudra que j'écoute un peu plus ce Franklin 101, je n'ai entendu que le dernier titre de l'album pour être honnête.

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  13. @AlexTwist le meilleur argument c'est de l'écouter : http://www.deezer.com/fr/music/tv-guests/franklin-101-1260554

    Sinon moi je trouve ça bien ecrit et assez original (même si l'on sent bien les influences), la prod est impeccable (d'accord je suis fan de J.Falkner c'est d'ailleurs comme ça que je les ai decouvert ;-) ! Bref un vrai bon disque de power pop ! C'est hélas de plus en plus rare :(
    Vince.

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