7 novembre 2011

Radio Moscow - The Great Escape of Leslie Magnafuzz (2011)

La trajectoire de Radio Moscow et de son leader le virtuose Parker Griggs est assez surprenante. Après un premier effort jouissif qui les avaient placé en digne successeur des Black Keys (l'album était alors produit par Dan Auerbach), le groupe avait laissé libre cours à ses penchants pour les délires guitaristiques sur Brain Cycles qui malgré tout emportait la mise grâce à la qualité des compositions et l'énergie communicative dont faisait preuve le groupe.
Le moins que l'on puisse dire c'est que celles et ceux qui espéraient  un retour aux sources en seront pour leur frais.
Ainsi "Little Eyes" d'entrée de jeu annonce la couleur : toute la palette du guitar hero y passe. Ce disque d'emblée s'impose non plus comme celui d'un groupe mais comme celui d'un Parker Griggs qui a décidé manifestement de se faire plaisir : wah-wah, déluge de fuzz, soli endiablés, tout y passe. Pour autant que l'on se rassure Griggs n'est pas Yngwie Malmsteen, ses idoles sont à chercher du côté d'Hendrix bien sûr (flagrant sur "Creepin'"), Leigh Stephens guitariste des excellents Blue Cheer, voir Jeff Beck quand il s'acoquinait pour le meilleur et pour le pire avec les Tim Bogert et Carmine Appice.
Ainsi si Griggs s'excite sérieusement sur son manche il ne fait pas partie de ses guitaristes qui se complaisent à jouer le plus vite possible, à jouer le plus de notes à la seconde. S'il on s'attarde d'ailleurs un moment sur les compositions de ce troisième album on constatera d'ailleurs que chaque plan de guitare n'est jamais étiré, le groupe préférant multiplier, parfois à l'excès, breaks et changements de rythme.
De plus comme le laissait attendre une pochette qui fleure l'hommage au Dr Leary et un titre comme The Great Escape of Leslie Magnafuzz l'album comprend de nombreux accents psychédéliques ce qui permettra aux néophytes ou allergiques au genre de laisser une chance à cet album.
S'il on regrette le temps où Radio Moscow arrivait à concilier concision et virtuosité, il convient quand même de reconnaître que l'exercice de style que constitue ce The Great Escape Of Leslie Magnafuzz, est parfaitement maîtrisé malgré une longueur excessive (avec trois morceaux en moins l'album en aurait été meilleur). Des pistes comme "No Time", "Creepin'", Densaflorativa" ou "Misleading Me" (très zeppelinien) apportent leur lot de satisfactions mais ne permettent de faire oublier que le groupe peut mieux faire.

Frank

Tracklisting :
1. Little Eyes
2. No Time
3. Speed Freak
4. Creepin'
5. Turtle Back Rider
6. Densaflorativa
7. I Don't Need Nobody
8. Misleading Me
9. Summer of 1942
10. Insideout
11. Deep Down Below
12. Open Your Eyes

En écoute ici :
http://grooveshark.com/#/album/The+Great+Escape+Of+Leslie+Magnafuzz/7049285

Vidéos :




6 commentaires:

  1. Exactement dans la lignée des prédécesseurs, tout aussi excellent. Mais des fois je regrette qu'il n'y ait pas quelques ballades à la Little Wing ou Bold As Love, ou bien quelques morceaux avec une acoustique à la All Along The Watchtower pour diversifier un peu.

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  2. J'ai écouté le disque, ça me plait bien. Meilleur que le précédent j'ai l'impression. Vais le choper en vinyle, ça a l'air de gronder sévère dans les basses :)

    Je te trouve dur avec le côté guitar-hero/branleur de manche. C'est essentiellement rythmique comme tu le soulignes, on est rarement en train de regarder le guitariste jouer - et quand c'est le cas, je trouve ça toujours pertinent.
    Certes, un certain ennui peut se dégager de leur musique mais je dirais ça a les défauts de ses qualité.

    Sinon un truc que tu n'évoques pas : il y a une composante assez moderne et quasi-hardcore dans leur musique je trouve, dans ces motifs et breaks rythmiques incessants notamment - un peu la même approche que Josh Homme avec Kyuss ou QOTSA par moments.
    Bref on n'est pas dans du pur late-60's / early-70's à mon sens.

    Quitte à extrapoler d'ailleurs sur cette composante punk hardcore (même si ce n'est pas une musique que je connais bien) : j'ai l'impression que des groupes comme Black Flag ont une grosse influence sur le rock'n'roll américain, et on en parle jamais :)

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  3. je pense pas avoir été dur ou j'ai peut être pas assez développé ce que j'entendais par guitar-hero : en fait si Parker Griggs use de tous les artifices habituels du "branleur de manche" on a pas un gars qui s'écoute jouer, même s'il en fait des caisses justement ce que je souligne c'est ce côté rythmique prépondérant.
    ça rejoint ta très juste remarque sur le desert-rock. Pourtant je préfère parler de Blue Cheer parce que le son est, à mon avis, encore très teinté charnière 60's-70's.
    Pour Black Flag et consorts je suis assez hermétique au hardore de la bay area de SF donc difficile d'extrapoler pour moi, même si c'est assez évident chez un gars comme Jay Reatard par exemple.

    Frank

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  4. A la réécoute, j'ai mieux senti les moments pénibles :)
    "Densaflorativa" c'est juste pas possible...

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  5. Mais des trucs comme "Speedfreak" je dis oui.
    Est-ce que Blue Cheer (que je connais très mal) envoyait des trucs comme la dernière minute de cette chanson ?

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  6. Complètement ! les deux premiers albums du groupe Vincebus Eruptum et Outside Inside sortis tous deux en 1968 devraient te plaire ! Tu as des morceaux bâtis sur une base blues ou rock and roll qu'ils maltraitent avec un volume sonore assez élevé pour l'époque en multipliant les breaks et changement de rythme. Pas pour rien si le groupe est considéré comme un pionnier du stoner.
    D'ailleurs ça vaudrait le coup que je fasse un papier sur le groupe...

    Ecoute cette version de Summertime Blues :
    http://youtu.be/nU5uDozoSSM

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