4 février 2011

White Stripes, la fête du split...

Si la nouvelle était parue un premier avril on aurait pensé à un canular, il n'en est malheureusement rien. C'est donc la fin du duo formé en 1999 par Jack et Meg White.
Doit-on s'en réjouir ? Les derniers albums (en dents de scie?) ont quelque peu divisés les fans de la première heure en même temps qu'ils leur offraient reconnaissance tant artistique que commercial. De même on leur doit LE tube de la décennie écoulée ce "Seven Nation Army" qui restera pour le meilleur et pour le pire le "Smells Like Teen Spirit" des années 2000, un morceau que l'on en peux plus d'entendre et qui ne symbolise en aucune manière le talent des White Stripes.
Si des signes avant coureurs ne font pas de cette annonce une réelle surprise, les fans de la première heure que nous sommes ne pouvaient qu'espérer un retour aux sources pour le duo. A tout dire on aurait préféré une dissolution des Dead Weather voire des Raconteurs.
Artisan avec les Strokes et les Libertines du revival du début des années 2000, les White Stripes est des trois celui qui fait le moins débat entre nous à RawPowerMag'.
Cela valait bien un retour en arrière...

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Il aura fallu attendre 2001 et la sortie de White Blood Cells pour que le groupe commence à récolter les fruits de leur travail, pourtant le groupe s'est formé à partir de 1997 et ce bien que Jack White est continué ses collaborations avec d'autres artistes (The Hentchmen et The Go).
Le premier album, éponyme, du groupe sort en 1999, sur le label Sympathy For The Records et est produit par Jim Diamond dans ses Ghetto Recorders de Detroit.
D'emblée le groupe distille un son qui n'appartient qu'à lui, porté par des riffs de guitare incisifs et un son de batterie minimaliste auquel s'ajoute la voix si particulière de Jack White. Et que dire de l'esthétique même du groupe, parfaite. Douze ans après, écouter "Jimmy The Exploder" qui ouvre l'album est un réel plaisir. Leurs influences du blues à la country, les rapprochent notamment des Black Keys (l'album est dédié à Son House). D'ailleurs l'album comprend trois reprises "Stop Breaking Down" de Robert Johnson, "St James Infirmary" de Primrose et "One More Cup Of Coffee" de Dylan.
Ce premier disque, est un excellent disque sans les effets de manche dont sera parfois coupable le groupe par la suite.
A noter que Johnny Walker des Soledad Brothers joue de la slide sur deux morceaux : "Suzy Lee" et "I Fought Piranhas"

Tracklisting :
1."Jimmy the Exploder" / 2."Stop Breaking Down" (originally performed and written by Robert Johnson) / 3."The Big Three Killed My Baby" / 4."Suzy Lee" / 5."Sugar Never Tasted So Good" / 6."Wasting My Time" / 7."Cannon" / 8."Astro" / 9."Broken Bricks" / 10."When I Hear My Name" / 11."Do" / 12."Screwdriver" / 13."One More Cup of Coffee" (originally performed and written by Bob Dylan) / 14."Little People" / 15."Slicker Drips" / 16."St. James Infirmary Blues" (originally performed by Louis Armstrong; written by Joe Primrose) / 17."I Fought Piranhas"




Le deuxième album du groupe, De Stijl sort dans la foulée en 2000. Déjà sur ce disque le groupe évolue : Jack White le produit, le duo démontre qu'il est capable de concilier blues et mélodies pop comme sur ce "You're Pretty Good Looking" magistral. Pour le reste ce disque reprend la recette du premier. Le groupe rend cette fois hommage à Son House ("Death Letter") et Blind Willie Mc Tell à qui l'album est dédié ("Your Southern Can Is Mine"). Aussi indispensable que le premier De Stijl marque l'aboutissement du groupe dans sa formule la plus roots.
Il suffit d'écouter "Little Bird" pour s'en convaincre : les White Stripes avant d'être le groupe de rock le plus connu de la planète était un formidable groupe de blues.

Tracklisting : 1."You're Pretty Good Looking (For a Girl)" / 2."Hello Operator" / 3."Little Bird" / 4."Apple Blossom" / 5."I'm Bound to Pack It Up" / 6."Death Letter" (Eddie James "Son" House) / 7."Sister, Do You Know My Name?" / 8."Truth Doesn't Make a Noise" / 9."A Boy's Best Friend" / 10."Let's Build a Home" / 11."Jumble, Jumble" / 12."Why Can't You Be Nicer to Me?" / 13."Your Southern Can Is Mine" (William Samuel "Blind Willie" McTell)




C'est donc avec leur troisième album, White Blood Cells que le groupe accèdera à la reconnaissance. Il faut dire que sur ce disque remarquable, le groupe a mis tous les atouts de leur côté. Le travail de Stewart Sikes à la production donne un souffle épique aux compositions de White, le groupe apparaît plus percutant comme s'il s'affranchissait de ses limites, dépassaient ses influences. Tout apparaît énorme, démesuré sur ce disque, mais tellement authentique.
Le duo propose toujours sur sur ce disque le même mélange de blues et de rock mais sonne moins roots qu'à l'accoutumée et surtout se permet d'offrir quelques morceaux plus légers ("Hotel Yorba" ; "Fell In Love With A Girl") qui rebuteront quelques intégristes, fans des premiers disques du groupe. On ne boudera pas notre plaisir, car quand le groupe envoie de tels scuds que "Dead Leaves And The Dirty Ground", "The Union Forever" ou "I Think I Smell A Rat" difficile de faire la fine bouche.
Côté marketing, le travail soigné de la pochette et les clips de Gondry pour "Fell In Love With A Girl" et "Dead Leaves" ont sans nul doute accentué le buzz...
A noter que la version japonaise contient deux bonus dont une très belle version de "Jolene".

Tracklisting : 1. "Dead Leaves and the Dirty Ground" / 2."Hotel Yorba" / 3."I'm Finding It Harder to Be a Gentleman" / 4."Fell in Love with a Girl" / 5."Expecting" / 6."Little Room" / 7."The Union Forever" / 8."The Same Boy You've Always Known" / 9."We're Going to Be Friends" / 10."Offend in Every Way" / 11."I Think I Smell a Rat" / 12."Aluminum" / 13."I Can't Wait" / 14."Now Mary" / 15."I Can Learn" / 16."This Protector"




Elephant marque un nouveau tournant. Déjà il s'agit du premier disque sur une major (V2) et il rompt avec le rythme d'un album tous les ans.
S'il on essaye de faire abstraction de "Seven Nation Army" qui ouvre le disque, c'est sans doute l'un des disques des White Stripes que l'on aime le moins. Pourtant on y retrouve les mêmes ingrédients que sur White Blood Cells. Mais l'ensemble semble plus répétitif, moins surprenant après la claque de White Blood Cells. Mais attention le disque reste très bon, des pistes comme "Black Math", le surprenant "I Just Don't Know What To Do With Myself" (reprise de Burt Bacharach), "Ball And Biscuit", "The Hardest Button To Button" ou l'exceptionnel "Hypnotize" sont d'excellents morceaux.
A contrario, "There's No Home For You Here", "In The Cold Cold Night", "I Want To Be The Boy To Warm Your Mother's Heart" deviennent vite agaçants. Pour tout dire ce disque que l'on avait adoré à sa sortie, sonne presque mou à la réécoute.
Pour autant ce disque recueillera les lauriers de la presse et les viva de la foule, ce qui n'est que justice pour un groupe qui le mérite amplement. Car rappelons quand même que les Strokes et les Libertines n'ont pas la moitié de la discographie des White Stripes tant en quantité qu'en qualité.

Tracklisting :1-"Seven Nation Army" / 2"Black Math" / 3-"There's No Home for You Here" / 4-"I Just Don't Know What to Do with Myself" (Burt Bacharach, Hal David) / 5-"In the Cold, Cold Night" / 6-"I Want to Be the Boy to Warm Your Mother's Heart" / 7-"You've Got Her in Your Pocket" / 8-"Ball and Biscuit" / 9-"The Hardest Button to Button" / 10-"Little Acorns" (Mort Crim, J. White) / 11-"Hypnotize" / 12-"The Air Near My Fingers" / 13-"Girl, You Have No Faith in Medicine" / 14-"It's True That We Love One Another"




Les White Stripes auraient pu choisir de capitaliser sur le succès de White Blood Cells et Elephant et pourtant en 2005 avec Get Behind Me Satan ils choisissent de sortir un album a priori anti-commercial : peu de morceaux joués à la guitare électrique, son dépouillé (presque lo-fi pour un White Stripes), le son de batterie se fait plus basique, plus sourd et surtout White fait un usage surprenant du piano et du marimba. Ce disque plus difficile d'accès qu'à l'accoutumée ne révèle ses sucs qu'après de longues écoutes. Car sorti du single et introductif "Blue Orchid", les morceaux présentés ici ne présentent que peu de similitudes avec ce que l'on a connu : le déprimant "The Nurse" et le funky "My Doorbell", "Forever For Her", "Passive Manipulation" ou "Take Take Take" montrent le groupe en train d'expérimenter, pour un résultat assez surprenant et assez addictif.
Ce disque le plus exigent du groupe divise. On a appris à l'aimer et montrait un groupe soucieux de ne pas s'enfermer dans un quelconque carcan au risque d'y perdre son public. La démarche audacieuse et courageuse mérite d'être saluée. Un disque vénéneux pour auditeurs avertis.

Tracklisting : 1-"Blue Orchid" / 2-"The Nurse" / 3-"My Doorbell" / 4-"Forever for Her (Is Over for Me)" / 5-"Little Ghost" / 6-"The Denial Twist" / 7-"White Moon" / 8-"Instinct Blues" / 9-"Passive Manipulation" / 10-"Take, Take, Take" / 11-"As Ugly as I Seem" / 12-"Red Rain" / 13-"I'm Lonely (But I Ain't That Lonely Yet)"




Icky Thump dernier album du groupe sorti en 2007 marque le retour du groupe a des sonorités plus rock. Pour autant il ne s'agit pas non plus d'un retour aux sources du blues...
Loin de Get Behind Me Satan, le son du groupe s'est épaissi, boursouflé diront certains. Certes. Il y a un peu de ça notamment sur "Icky Thump" le morceau-titre qui sonne très seventies.
Car ce disque semble devoir beaucoup au premier effort des Raconteurs sorti l'année précédente.
Pas mauvais le disque apparaît néanmoins comme le parent pauvre de la discographie du duo et ce malgré de réelles réussites : "Bone Broke", "I'm Slowly Turning Into You", "Rag And Bone". On a même un plaisir coupable pour "Conquest" et ses trompettes ou "St Andrew" et sa cornemuse.
Les White Stripes semblent s'amuser sur ce disque mineur dans la discographie du groupe qui pour la première fois donne de réelles signes d'essouflement.

Tracklisting : 1. Icky Thump / 2. You don’t know what love is (you just do what you’re told) / 3. 300mph torrential outpour blues / 4. Conquest / 5. Bone Broke / 6. Prickly thorn, but sweetly worn / 7. St. Andrew (this battle is in the air) / 8. Little Cream Soda / 9. Rag and Bone / 10. I’m slowly turning into you / 11. A Martyr for my love for you / 12. Catch Hell Blues / 13. Effect & Cause




Avec 6 albums en 10 ans, les White Stripes ont laissé une trace indélibile sur les années deux mille et sur le rock en général. Avec cette discographie impressionnante, le groupe a su faire la démonstration d'une intégrité rare, évoluant sans jamais se trahir, tout en gardant ce son si caractéristique qui est leur marque de fabrique.
En tout cas même si on aurait aimé une meilleure fin que ce Icky Thump bancal, le groupe se sépare avant de faire un mauvais disque. Et c'est déjà beaucoup.
Un seul mot pour conclure : merci.

Frank

8 commentaires:

  1. Au final, et à mon humble avis, les Stripes sont comme 80% des groupes de rock : leur meilleur album est le premier. C'est le plus pur, le plus spontané.

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  2. Foin de la pureté (on parle bien de rock, son batârd par excellence ?) !
    J'aime toute la discographie, hormis le dernier, abomination zeppelinesque inaudible (même, j'en suis sûr, pour un fan de Led Zep) ...
    Et puis, j'aime toujours "7 Nation Army" ...
    C'est la dure loi du rock (critique) : rejeter ce que l'on a adulé.
    Snif, je ne verrai plus Meg sur scène !
    Vive les White Stripes !

    Mr. Indie

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  3. Moi je trouve au contraire que les premiers albums sont rarement les meilleurs. C'est un mythe. Allez, je vais balancer quelques noms de groupe que l'on vénère tous : les Beatles, les Stones, Les Kinks, Les Neil Young, Radiohead, David Bowie.....Vous trouvez VRAIMENT que leur 1er LP est le meilleur de leur discographie ? Restons sérieux. Certes, certains comme les Doors ou le Velvet Underground Ou Hendrix peuvent me faire mentir...Mais de là à décréter comme je l'entends souvent qu'il s'agit d'une règle d'or...Je dis non, monsieur ! Permettez moi donc de m'insurger.
    Et pour finir, si j'apprécier les White Stripes, ce sont au final les albums des Kills (autre duo un peu dans le même style) que j'écoute le plus souvent.

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  4. Je suis assez d'accord avec Mr. Bof ("les premiers albums sont rarement les meilleurs. C'est un mythe")....
    Ok, on sait que ça fait plaisir d'avoir connu les White Stripes bien avant "Seven Nation Army".
    On sait aussi que le côté "roots" (?) est supposé conférer "une authenticité et une énergie" supposément perdues au fil des albums.
    Il n'en demeure pas moins qu' "Elephant" et surtout le génial "Get Behind Me Satan" sont de vraies tueries (ce qui n'enlève guère leur qualité aux précédents albums).
    Il n'y a qu'à écouter le "White Chalk" de PJ Harvey pour s'en convaincre : les derniers albums sont souvent, pour un artiste ou un groupe, de montrer son talent ailleurs que sur des sentiers maintes fois explorés et balisés.
    Pour moi, effectivement, c'est à cela qu'on reconnait un grand groupe de rock !

    Finalement, moi aussi, j'aime souvent les derniers albums (je ne parle pas d'"Icky Thump', bien sûr) !

    Mr. Indie

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  5. J'ai zappé un mot : "les derniers albums sont souvent l'occasion, pour un artiste ou un groupe, de montrer son talent ailleurs que sur des sentiers maintes fois explorés et balisés."

    Mr. Indie

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  6. Pour en finir (ou pas) avec la discussion, le succès de "Seven Nation Army" symbolise au contraire, à mon sens, le talent énorme des White Stripes : un groupe intègre qui acquiert une notoriété planétaire, ce n'est pas un exploit à la portée de n'importe quelle formation rock ...

    Mr. Indie

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  7. Ah si Mr Indie pouvait mettre autant de fougue dans la rédaction des nombreuses chroniques de disques qu'il a en retard !

    :-)))

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  8. Putain tu vas lui mettre la même pression qu'au boulot...:)

    Mr Innnnndie !!! Au rapport !!! Elle est où ma chronique ?? Hein ? Encore fourré sur le forum à digresser sans fin ?

    Allez, hop ! Au boulot ! Il vous reste du pain sur la planche...

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