24 novembre 2010

Jack Johnson (1971)

Allez, je l'avoue bien volontiers : je n'ai jamais vu le film en question. Mais qui l'a vu, hein ? Qui ?
La vie de Jack Johnson, premier noir champion du monde des poids lourds – de 1908 à 1915 – fut pour le moins mouvementée. Son premier titre fut d'ailleurs une révolution : un noir n'avait encore jamais combattu un blanc dans la catégorie prestigieuse des poids lourds, laquelle était jugée l'apanage des blancs jusqu'alors. C'est pourquoi la police déboula en plein match sur le ring pour séparer les deux boxeurs qui en étaient à leur 14ème round. Les juges attribuèrent ainsi la victoire à Jack Johnson par KO technique.
Non content de défier sous l'angle du sport le racisme ambiant, notre boxeur se permit carrément de violer la loi en épousant une femme blanche...Une fuite s'engagea au Canada puis en France...en passant par la case prison.
Inutile de dire que ce genre de personnage fut un modèle pour les figures mythiques du XX ème siècle que furent Mohammed Ali ou...Miles Davis.
Miles, grand admirateur de boxe – Sugar Ray Robinson l'inspirait énormément – ne pouvait que se reconnaître en la personne de Jack Johnson, un noir qui n'avait pas peur de dire ce qu'il pense et de vivre sa vie comme il l'entendait, envers et contre tous.
Il faut savoir que la boxe est à mettre en parallèle avec la musique de Miles Davis. Il s'entraînait dur pour progresser, s'astreignant à une discipline de fer similaire à ses séances de trompettiste. Néanmoins, il ne pouvait se permettre de monter sur le ring en compétition pour des risques évidents de blessure à la bouche.
Boucler une bande originale appuyant les images d'un film documentaire consacré à la vie tumultueuse d'un géant tel que Jack Johnson ne pouvait donc qu'exciter les sens de Miles; des sens pour le moins électriques en 1971.
L'album ne contient que deux pistes – d'un peu plus de 25 minutes chacune – elles vont laisser à Miles le temps de développer une atmosphère jazz/blues/rock tour à tour planante, agressive, stressante, aérienne, « pleine de bruit et de fureur » pour citer Macbeth...Et qui « ne signifie rien » ?
Certes non ! les soli du trompettiste protéiforme façonnent nos images mentales et traduisent les coups portés à l'adversaire. La rythmique est implacable : elle colle au jeu de jambe de Miles dans ses mouvements alternés, dans ses brusques changements et s'adapte à toutes les situations. Et comment ne le ferait-elle pas ? Derrière Miles, nous avons tout de même Herbie Hancock et Chick Corea au piano, Dave Holland à la basse, John McLaughlin à guitare et Jack DeJohnette à la batterie – excusez du peu – pour ne citer que les plus connus...Oui, il s'agit bien de la crème de la crème des jazzmen de l'époque. Une dream team comme seul Miles Davis pouvait en composer, une réunion d'artistes inégalables autour de son nom, communiant dans un même sens...le sien évidemment.
Cette bande son est une réussite totale, de l'aveu même du trompettiste – l'humilité faite homme, comme vous le savez (rires) – « un chef d'œuvre ».
Force est de constater qu'une fois de plus, dans la discographie pléthorique de ce génie musical, cette appellation n'est pas volée...

Mr Bof.

lien deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/miles-davis/a-tribute-to-jack-johnson-101294

Tracklisting :
1- Right Off
2-Yesternow

Quelques vidéos :

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