26 mai 2010

Black Keys - Brothers (2010)

Dan Auerbach fait preuve d'une remarquable activité enchaînant projet parallèle (Blackroc avec des artistes rap), projet solo (l'excellent Keep It Hid sorti l'an passé), et productions diverses (Hacienda, Brimstone Howl, Buffalo Killers, Black Diamond Heavies, Radio Moscow...).Pourtant avec les Black Keys rien de neuf depuis Attack & Release en 2008. Pendant ce temps là, son compère Carney évoluaient dans des eaux plus indie rock avec son autre projet Drummer.
On était donc curieux d'entendre ce qu'allait donner ce nouvel album et ce d'autant qu'Attack & Release avait marqué un tournant pour le duo, s'éloignant du blues rock rugueux qui a fait son succès pour un univers lo-fi assez marqué. La sortie d'un premier extrait avait surpris les fans, le son du groupe y apparaissant plus calme qu'a l'accoutumé, dans une veine nettement plus soul. Et bien ce Brothers confirme la tendance. Celles et ceux qui attendaient un retour de Carney et Auerbach à un son plus rustre en seront pour leurs frais. A la limite si ce n'étaient la voix toujours parfaite d'Auerbach le disque aurait pu sortir sous un autre nom, tant le changement est de taille. Une révolution même.
Les projets parallèles des deux compères ont sans doute pesé lourd lors de l'enregistrement de ce nouvel album. Ainsi, Dan Auerbach confirme sur ce disque ses talents de chanteur, son timbre si particulier, plein d'émotions sied à merveille (une nouvelle fois serait on tenté de dire) à ces compositions dont le maître mot semble être décontraction. Car décontractés, les morceaux présents sur ce Brothers le sont. A un point qu'elles en sont déstabilisantes même pour le fan de Magic Potion. Pour autant, les Black Keys réussissent une fois de plus le tour de force de nous surprendre. Et puis reconnaissons également qu'il aurait été difficile pour le groupe de poursuivre dans la même veine qu'à leurs débuts sans courir le risque de se répéter...

Le début d'album s'écoute sans déplaisir mais apparaît néanmoins poussif, les morceaux s'enchaînent, baignés dans une ambiance cotonneuse pas déplaisante mais pas spécialement transcendante ("Everlasting Light" ; "Next Girl" ; "Howlin' For You") à l'exception de la deuxième partie de "Tighten Up".
Mais tout s'emballe à partir du 4e morceau, "She's Long Gone" sur lequel le groupe retrouve de son mordant. Ce titre constitue le vrai début de l'album. Derrière le groupe met la barre très haute : "Black Mud" et son clavier psychédélique, clavier que l'on retrouve sur l'extraordinaire "The Only One" bercé par quelques choeurs féminins et porté par un groove addictif. Ce "Only One" est sans conteste un des temps forts de l'album. Le groupe enchaîne ensuite avec le bluesy "Too Afraid To Love You" (ces carillons !) et "Ten Cent Pistol" qui aurait pu servir de BO à un film estampillé Grindhouse. Car c'est bien là la nouveauté apporté sur Brothers par le duo qui se repaît d'influences seventies (en vrac les disques Stax, les premiers Rod Stewart solo - la soul blanche -, le funk...) pour offrir des pistes au groove imparable, planantes, qui sentent la sueur, retrouvant ce côté lascif typique de la musique noire des seventies qu'il mêle à leur influence habituelle, le blues bien entendu. Avec comme résultat des compositions au charme vénéneux, "Sinister Kids", "The Go Getter", "I'm Not The One" que l'on recommande chaudement aux amateurs.
La fin de l'album ne faiblit aucunement, "Unknown Brother", l'ultra-cool "Never Gonna Give You Up" magistral reprise de Jerry Butler ou la ballade "These days" enfoncent le clou.

Alors que le risque de décevoir était élevé, les Black Keys réussissent le tour de force d'offrir à ses fans un album bien différent de ses productions antérieures tout en conservant une grande qualité d'écriture. Ce Brothers constitue donc un nouveau jalon dans une discographie il faut l'avouer jusqu'à présent parfaite.

Frank

Tracklisting :
01-"Everlasting Light" – 3:24
02-"Next Girl" – 3:18
03-"Tighten Up" – 3:31
04-"Howlin' for You" – 3:12
05-"She's Long Gone" – 3:06
06-"Black Mud" – 2:10
07-"The Only One" – 5:00
08-"Too Afraid to Love You" – 3:25
09-"Ten Cent Pistol" – 4:29
10-"Sinister Kid" – 3:45
11-"The Go Getter" – 3:37
12-"I'm Not the One" – 3:49
13-"Unknown Brother" – 4:00
14-"Never Gonna Give You Up" (Gamble, Leon Huff, Jerry Butler) – 3:39
15-"These Days" – 5:12

Quelques vidéos :



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