19 mars 2009

Wayne Robbins & The Hellsayers - The Lonesome Sea (2005)

Chroniquer un album de 2005 (et réédité en 2007) dans la rubrique Héros Oubliés a quelque chose de navrant et de déprimant... Pourtant ce disque, l'unique pour l'instant, mérite que l'on s'y attarde. Wayne Robbins & The Hellsayers est un groupe américain, d'Asheville en Caroline du Nord. Malgré le succès critique de The Lonesome Sea en Angleterre et une tournée réussie aux côtés de leurs potes de Band Of Horses, le groupe n'a jamais eu le succès qu'il méritait, y compris dans son propre pays. Pourtant les succès du label Jagjaguwar comme de Band Of Horses avaient ouvert une voie dans laquelle ils auraient pu s'engouffrer. Wayne Robbins & The Hellsayers doit énormément à Buffalo Springfield ou aux Byrds tout en ayant parfaitement digéré l'indie rock américain d la fin des années 80 et début des années 90. Mais l'influence évidente du groupe est bien entendu, Neil Young. La carrière entière du Loner semble avoir servi de références à l'élaboration de ce Lonesome Sea, sans nul doute le plus bel hommage à l'un des plus grands artistes du rock and roll.
Dès l'introductif "Time Is A Bird In Your Eyes"sur lequel plane un souffle épique, comme seul en procure l'americana, on sait que l'on tient un grand disque entre les mains, de ceux dont on ne se sépare jamais...
"Sarah's Lament" agrémenté de délicats carillons, "Forgiveness" ou "Turtleshell Sisters" ne dépareraient devant aucun des morceaux présents sur Harvest...
Le groupe s'abandonne avec le même bonheur dans la ballade faussement naïve sur "The Three Sisters" et "Sunset Ode", sur lesquels les guitares claires et toutes en retenue offrent un magnifique écrin à la voix de Wayne Robbins.
Mais cerise sur le gâteau, le groupe offre 3 morceaux hallucinants, où le groupe arrive par sa maîtrise, son savoir-faire, en un mot son talent, à emporter l'auditeur sur d'autres rivages, loin des champs clairement balisés de leurs influences. Ils démontrent ainsi que contrairement à d'autres, ils ont clairement digéré l'héritage de leurs ainés pour offrir un univers musical qui n'appartient qu'à eux.
"Jesus" tout d'abord se mettant lentement en place, partant de quelques accords de guitares et de la voix plaintive de Wayne Robbin, avant de s'embarquer dans une cavalcade effrennée, les guitares se mettant à rugir, symbolisant à n'en pas douter le naufrage d'un navire en pleine tempête telle qu'apparaissant sur la pochette de l'album. Somptueux.
A contrario "Queen's Ann Revenge" joue la carte de l'americana le plus pur, sentiment renforcé par des accords de banjos, les rapprochant des géniaux Great Lake Swimmers (dont on recommande l'excellent Ongiara). Ce formidable morceau s'étale sur plus de sept minutes, sans que jamais l'attention de l'auditeur ne faiblisse, l'esprit bercé par tant de délicatesse. Le groupe joue sans fard, se met à nu et ne triche pas avec les sentiments qu'il véhicule.
"Edith's Dream" va encore plus loin. Pièce quasi hypnotique et expérimental, étirée au maximum (près de dix minutes...), alternant entre moments contemplatifs et des phases où les guitares noisy permettent au groupe de sculpter dans ce maelstrom sonore des sonorités biscornues, presque décharnées, s'affranchissant d'un genre, l'americana, définitivement trop étroit pour eux.

Cet album, un des grands oubliés de cette décennie, est un incontournable, un monument qui s'écoute encore aujourd'hui avec le même plaisir qu'à l'époque où on l'a découvert.

Mr.Rock

(http://www.myspace.com/thehellsayers)

1 commentaire:

  1. Effectivement, très bon son qui rapelle Neil Young... je note ! :)

    RépondreSupprimer