5 juillet 2008

Cat Power (Bataclan - 21/01/08)

« That old black magic? »
J'avais conservé des années 90 le souvenir ému de Chan Marshall, alias Catpower, chanteuse indiefolk emblématique pour une petite partie de la génération X ... et pour le bien plus jeune pote qui me proposai d'aller la voir au Bataclan ce 21 janvier 2008. Aussi est-ce avec un a-priori plutôt positif que je m apprêtai à retrouver la charmante Chan, espérant ainsi renouer avec sa voix au timbre si particulier, associée à des mélodies très personnelles, toutes empreintes d'une grande sensibilité, composées à l'époque sur le fil du rasoir . Catpower s'était rappelée à mon bon souvenir avec l'album « The Greatest », gorgé d une soul music agréable, laissant entendre que miss Marshall avait recouvré une certaine sérénité, composant là des morceaux beaucoup moins tourmentés et plus lumineux que ceux de ses débuts. Je fus d'abord surpris de constater que la salle était bondée avant d'assister, une fois passée la prestation oubliable d'une première partie scandaleuse d'amateurisme, à l'entrée de Catpower et de son groupe.
S'imposèrent alors toute la puissance instrumentale et scénique du groupe ... ainsi que ma profonde déception !
« Jokebox »
Certes, Marshall semble goûter son plaisir sur scène, multilpliant les sourires et les clins d'oeils à ses musiciens, qui jouent un mélange de blues et de soul on ne peut plus sympathique. Le public lui-même est très enthousiaste,souhaitant à Marshall un joyeux anniversaire (la date du concert correspondait à l'heureux évènement) en multipliant cris et applaudissements ... La plénitude et l'allégresse semblaient donc habiter le Bataclan l'espace d'une soirée qui aurait dû être mémorable ... « W hat would the community think? » Mais la prestation cache bien mal une évidence : la jolie chanteuse n'en a pas fini avec ses tourments intérieurs. En effet, à aucun moment Catpower ne nous gratifiera de l'interprétation de morceaux de ses débuts, manifestant ainsi le désir de solder définitivement le compte d une période où la jeune femme laissait transparaître son mal être dans des ballades d une nudité presque impudique mais particulièrement touchante. C'était Chan Marshall seule avec sa guitare et ses démons : un dénuement de moyens et d effets qui faisaient tout son charme. Peur de traumatiser son nouveau public, qui l'a peut-être découverte à travers The Greatest ? Au lieu de cela, la chanteuse se cache désormais derrière des compositions impeccablement lisses, des instruments qui ne laissent aucun espace aux fêlures vocales de son organe si caractéristique (mais comment jouer sur la corde sensible lorsqu'on doit composer avec des musiciens omniprésents) et un registre musical passablement ennuyeux de classicisme ...
« I 've been loving you (too long) ... but I can get no satisfaction! »
Les deux derniers morceaux du concert (après premier rappel) sont symptomatiques : une reprise sensiblement décalée des Stones (sans comparaison avec la performance équivalente de Björk et PJ Harvey sur le même morceau) et une interprétation appliquée et orthodoxe d'un standard d'Otis Redding ... C'en est fini du temps où Chan Marshall jouait sa vie sur ses morceaux, se donnant sans compter ... Désormais elle prend plus qu'elle n'offre, profitant d'une standing-ovation qui vire à l'ego-trip pendant 20 minutes, sans pour autant revenir sur scène, et sans avoir joué quoi que ce soit d'un peu personnel ... Etonnant de constater que celle qui aurait pu devenir la nouvelle PJ Harvey a choisi de suivre exactement le chemin inverse : la lady du Dorset, dans son superbe dernier album "White Chalk", a préféré défier son piano avec sa seule voix, jouant des mélodies obscures et sans âge ... Probablement ce que Catpower ne fera plus jamais !
N.B.: Quelques semaines plus tard, je constaterai dans une interview que ce changement de registre "soul & sexy" n'avait pas permis à Catpower de retrouver la paix intérieure . J'ai donc dépensé vingt-huit euros pour une psychothérapie de groupe ratée ....
(Mr Indie)

1 commentaire:

  1. Globalement d'accord, le constat sur l'instrumentation (lisse et classique) est tout a fait pertinent. J'ai vu Cat Power a la sortie de "The Greatest" et j'en garde un plutôt bon souvenir, néanmoins chaque nouvelle vidéo de live semble temoigner que sa musique devient de plus en plus ininteressante. Je crois qu'elle a un disque de prévu pour 2011, nan ? Ce sera la vraie occasion de voir si elle se remet en question "comme PJ Harvey", car après tout, son virage soul a été très détonnant, et généralement on a le sentiment que ses directions musicales durent une paire d'album (indie new-yorkaise, puis coloration folk, avant un virage pop puis cette soul cuivrée.) Wait and See.

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