14 mai 2011

Transmetropolitan de Warren Ellis

Comic complètement à part dans l'univers de la bande dessinée, Transmetropolitan est une oeuvre résolument frappé au coin du mauvais sens. De l'art séquentiel hystérique. Un pavé énervé, un tas de pages qui vous fait ressentir ce qu'Evander Holyfield a dû ressentir en 1997 lorsque Tyson lui arracha un bout du lobe de l'oreille en plein combat sur le ring. Une douleur fulgurante qui donne la rage, qui donne envie de tabasser tout ce qui bouge.
Mais de quoi parle donc Transmetropolitan ? Et bien du journalisme les amis. Et pas n'importe lequel : le « gonzo », style propre à Hunter S. Thompson, repris ici sous les traits à peine déguisés de Spyder Jerusalem.






« Si je dois en chier, tout le monde en chiera »

Spyder est un fou furieux. Un vrai de vrai. Un tatoué camé jusqu'à l'os, un journaliste badass qui écrit des chroniques capable de déclencher comme d'éteindre les révolutions. Son impact médiatique est énorme. Ses écrits dépeignent le monde dans lequel il vit, une projection sous acide de notre XXIème siècle. Ce futur là n'est guère réjouissant. L'auteur Warren Ellis y transpose toute la folie de notre mode consumériste occidental en y accentuant tous les travers. Le résultat est détonnant et fait peur à voir. L'angle politique est très présent. Rappelons que le comic est publié aux States en pleine période Bush, les élections et la campagne présidentielle pour le second mandat arrosent donc les pages de Transmetropolitan et éclaboussent le lecteur de leur ignominie. De la Politique avec un grand pet. Asphyxié, Spyder va tenter de faire échouer un candidat...pour se retrouver face à un autre monstre assoiffé de pouvoir. Epaulé de ses « sordides assistantes », traqué, shooté (au sens propre comme au figuré) à longueur de temps, Spyder va user de toute sa verve pour pièger ces hommes de pouvoir et dénoncer leurs crimes à la population. Son arme favorite ? L'agitateur d'intestins. Une arme relativement dangeureuse, voire mortelle, lorsqu'il la règle en mode « diarrhée foudroyante »...

« Je ne peux que dire la vérité »

Spyder est obsédé par LA vérité. Il ne supporte pas l'injustice, le règne des profiteurs qui s'engraissent sur le dos d'une population biberonnée aux manipulations médiatiques, lobotomisée, réduite à se contenter du peu qu'elle a : du pain et des jeux. Par son succès grandissant auprès du public, Spyder explorera fatalement l'autre côté du miroir, lui-même transformé en dessin animé pour enfants, utilisé dans des spots publicitaires, un personnage de plus dans la galerie des vedettes exposées à l'écran...lui faisant perdre toute crédibilité.

« J'étais d'une humeur plutôt paranoïaque, surtout que la curetonne cinglée d'en face avait recommencé à clouer des belettes à ma porte »

Tout le monde en prend pour son grade dans Transmetropolitan : la religion, la science, les rapports homme/femme, les sujets foisonnent et s'entremêlent durant les six volumes parus en français chez Vertigo. Le prix relativement prohibitif (29€) des volumes pourra vous freiner. Je vous conseillerais toutefois d'acquérir au moins le premier numéro, intitulé « Le comeback du siècle », presque un one-shot, contrairement au reste où les aventures se suivent pour former un tout.
Le dessin est superbe, les traits sont énergiques, parfaitement dans l'esprit punk de la narration, les cases s'enchaînent à un rythme dément et les références à la culture underground jaillissent aux yeux rougis du lecteur........dont le lobe de l'oreille est intact.


Mr BOF

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