18 avril 2011

Life de Keith Richards

Avant de lire cette autobio, quand je pensais « Keith Richards », je pensais « coke ». A la fermeture du bouquin, ma vision du mec a changé. Désormais je penserai : « héroïne »…

Je caricature à peine tant nombreuses sont les pages consacrées à ses problèmes de stups. Et notamment d’héro. Mais, hé ! N’est-ce pas ce que je suis venu un peu chercher ? Keith nous en donne pour notre argent de voyeur. Chemin faisant, il en profite pour recadrer pas mal de légendes. Oui, les Stones ont été un grand cirque rock’n roll bien allumé dans les 60’s-70’s. Mais beaucoup de conneries ont également circulé sur leur compte. Ce témoignage est précieux puisqu’il est validé par l’un des personnages centraux de l’Histoire. Force est de constater que le bonhomme n’a pas cherché à régler bêtement ses comptes avec tout le show business. La seule personne à qui il s’en prend (et souvent), c’est son pote, son frère, son partner in crime, j’ai nommé l’inénarrable Mick Jagger. Que de coups tordus entre eux deux ! Quand l’un s’envole pour « dope island », l’autre atterit sur « jet set island ». Deux trajectoires opposées. Deux conceptions de la vie.
Ajoutez à cela des histoires de femmes, d’égos et moultes excentricités (sans parler de la « période » brian Jones)…Et vous obtenez un coktail détonnant ! Pendant ce temps, le jazzeux Charlie Watts compte les points. Voire les « poings ». Une nuit, Keith raconte qu’il revient d’une soirée passablement éméché avec Mick. Décrochant le téléphone, Sir Jagger décide d’appeler Charlie pour le réveiller en hurlant « hééé, et il est où mon batteur ?? ». Charlie lui raccroche au nez. Quelques minutes plus tard, le distingué batteur est à la porte, rasé, parfumé, dans un costard à quatre épingles. Mick lui ouvre et se prend un méchant crochet dans les gencives, l’envoyant direct dans le décor. Et Charlie de fulminer : « ne m’appelle plus jamais TON batteur ! ». Voilà, les Rolling Stones, ça se cogne, ça se lance les pires vannes, ça se démolit de l’intérieur comme de l’extérieur…et ça continue de jouer ensemble. Parce qu’au fond, comme le dit Keith, c’est une drogue dont ils n’ont pas réussi à décrocher…

Mais revenons au bouquin. Il se décompose en trois parties selon moi.

La première se concentre sur la jeunesse du guitariste. On apprend qu’il vient d’un quartier défavorisé, qu’il a été scout, chanteur dans une chorale et qu’il fut dégoûté du système scolaire lorsqu’on l’obligea à redoubler. Bon. Tout ça n’est pas très intéressant à mon goût. La seconde partie, bien plus prenante, raconte les débuts du trio Mick/Keith/Brian, vivant tous les trois dans un taudis londonnien, trois crapules puant la crasse, se refilant les nanas comme les puces, passant leurs journées à écouter de vieux titres de Chicago blues tout en essayant de capter l’essence de la blue note.

Puis le succès arrive. Foudroyant. Alors démarrent les tournées interminables, suivies des inévitables engueulades, le temps file, les cuillères sont chauffées, les seringues pressées, les lignes sniffées et le Jack Daniel’s bu comme du petit lait. La vie réglée en mode « sex, drug & rock’n roll »... Pour expliquer le fait d’être encore en vie, Keith évoque l’excellente qualité de la came qu’il s’envoyait. C’est là tout l’avantage d’être une rock star : on ne s’injecte pas la saloperie traînant dans la rue, on se met le top du top dans les veines (sic). A cela, Keith ajoute qu’il n’était pas du genre à rajouter le « petit plus ». Selon lui, nombre de problèmes surviennent lorsqu’on cherche à s’en reprendre systématiquement une petite louchée. Mouais. Dis l’homme qui, suite à un pari, s’est envoyé d’un trait une ligne de HUIT grammes de coke dans les narines ! Keith raconte son amitié quasi fraternelle avec Gram Parsons, ses virées avec le peu résistant John Lennon, ses déboires « répétitifs » avec la justice, ses aventures en Jamaïque, où monsieur était « plus rasta que les rastas », initié par les autochtones par le rite suivant : fumer un énorme bang avec du rhum pur à la place de l’eau.

La troisième partie est la moins intéressante. Keith nous parle de recettes de cuisine (?), son amour des chiens ( ??) et ses vacances ( ???).

Personnellement, sur les 650 pages, j’en aurais enlevé un bon tiers. Bon, ça reste très agréable à lire, je dirais même qu’il se dévore, on est happé par les délires d’une existence consacrée à l’amour du blues, de la guitare, d’un son qui vous file la chair de poule…et ça croustille d’anecdotes. Parfois limite d’ailleurs. Un exemple ? Le fils de Keith, Marlon, 7 ans, s’est retrouvé à faire la route en bagnole avec son père. Tous les deux traversaient les frontières européennes, matos chargé dans le coffre. Marlon prévenait son père dès qu’il voyait des flics, il surveillait les alentours pendant que Keith se faisait un fix sur le bord de la route. En tournée, Marlon était le seul à pouvoir le réveiller de ses longs « comas ». Keith dormait toujours avec un flingue sous l’oreiller, le braquant sur qui venait l’importuner. Son record sans dormir ? Neuf jours. Neuf jours à bouffer des stimulants, neuf jours enfermé dans le studio d’enregistrement, menant une vie parallèle, voyant les gens autour de lui se coucher, se lever, partant, arrivant…Une seule et même journée pour Keith qui finira par tomber raide, littéralement mort de fatigue.

Aujourd’hui, Mister Richards vit en parfait « gentleman farmer » dans sa maison du Connecticut, écoutant du Mozart dans son beau canapé bleu (on a les photos), complètement clean, absolument rassasié des drogues.
Keith est devenu raisonnable avec le temps.
D’ailleurs, chaque matin, lorsqu’il sort du plumard, il attend « au moins dix minutes » avant de se rouler un joint.



Mr BOF.

3 commentaires:

  1. Putain aucun commentaire sur ce bouquin ? merde c'est de Keith dont on parle ! Personne ne l'a lu ?
    bon c'est vrai que la fin du bouquin m'a gavé mais je dois reconnaître que ça fait toujours plaiz de lire quelquechose sur le Rolling Stones Circus !
    Vous comptez pas faire quelque chose sur la bio de François Bon ? elle est excellente.
    Bien à vous.

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  2. C'est vrai que la bio de François Bon est très bonne (en sus d'être un sacré pavé !) mais je pense pas que l'un de nous est prévu d'en parler.
    Par contre bientôt du Hunter S. Thomson !

    Frank

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  3. Très bon bouquin (évidemment ?) du coup je réécoute " Aftermath"...

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