25 février 2010

Requiem For A Dream (2000)

En l'an 2000, je sortais d'une salle de cinéma clermontoise en titubant. Hagard, déboussolé, je venais d'assister à la projection de Requiem For A Dream. Difficile fût de digérer cet univers « sex, drugs &.....amputation ».
Ce film et sa PUTAIN de B.O m'ont cloué au siège, les tripes noués, la gorge sèche et la bistouquette muette. Une véritable claque dont les effets se ressentirent durablement.

Requiem For A Dream est un exploit du jeune Darren Aronofsky : adapter l'une des œuvres du cultissime écrivain héroïnomane Hubert Selby Jr : Retour à Brooklyn.
Coupable de bouquins foutrement défoncés du casque, contant la misère et la dépravation d'un certain milieu cher à Lou Reed, Hubert Selby Jr nous entraîne dans son quotidien : trannies, putes, drogues sous toutes formes et marins tatoués valsent à l'envie dans les rues de la grosse pomme en se violant pour passer le temps. Une famille de rebuts, un monde en marge, une faune décadente en proie à ses démons, se livrant aux pires excès pour supporter cette société qu'ils vomissent et qui le leur rend bien.

Dans Requiem For A Dream, Jared Leto et Jennifer Connelly forment un couple aussi déchiré que déchirant, s'enfonçant progressivement dans le chaos jusqu'au point de non retour. Rares sont les films capables d'illustrer les ravages de la drogue et l'addiction dévorante sans tomber dans l'effet inverse escompté. Ce film fait partie de la petite famille des « chocs cinématographiques » : des pellicules perturbantes, dérangeantes, annihilant tout enthousiasme et d'une noirceur sans nom.

La musique du grand Clint Mansell n'est pas étrangère à ce climat d'effroi, loin sans faut.
Accompagné du Chronos Quartet, célèbre pour son apport au courant minimaliste, Mansell compose une bande originale oppressante, parsemée de sons électro malsains, usant des cordes du quartet pour nouer notre gorge et nous suspendre dans le vide, par dessus cette histoire malade qui s'écrira inéluctablement devant nos yeux.
Notez que plusieurs titres sont malheureusement très souvent repris dans les reportages télé afin de souligner la « gravité » d'une situation...Mais n'est-ce pas la rançon pour être parvenu à dessiner aussi brillamment les contours de l'angoisse ?
Dernièrement, Clint Mansell a composé pour The Fountain et Moon...Laissez-moi vous dire que ces bandes originales méritent également toute votre attention.
Clint Mansell est aujourd'hui l'un des plus grands compositeurs dans le monde bien souvent fadasse de la musique de film.

Si vous êtes en pleine déprime, vous feriez mieux d'aller voir ailleurs.
Requiem For A Dream ne vous sera d'aucun secours, à moins que vous ne cherchiez à presser la détente plus rapidement...

Mr BOF.



4 commentaires:

  1. Brrr... Ce "soundtrack" a l'air réfrigérant à souhait. Mais passionnant, néanmoins !
    Pour rester dans le courant "minimalisme et bande originale", je me demande, Mr. BOF, si vous allez nous parler du "Mishima" de Philip Glass ? Beau film cintré(dans mon lointain souvenir), et bien belle musique...

    Mr. Pop

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  2. Ah oui, une vraie claque que cette musique, aussi flippante que la bande son contemporaine et distordue utilisée dans "The shining" et tout aussi dérangeante que la petite musique entêtante et glaçante de "L'exorciste" (merci Mike Oldfield..).

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  3. Cher Mr Pop, je possède en effet la BO de Mishima mais...je n'ai pas vu le film ! De Philip Glass, je préfère d'ailleurs Koyaanisqatsi et Naqoyqatsi, bien plus homogènes. A écouter avec attention. Difficile de mettre cette musique en fond sonore en soirée...à moins de vouloir virer les invités et rester seul dans le noir, prostré devant cette musique ultra exigeante !

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  4. Cher Mr. BOF, je dois avouer que vous m'épatez : écouter des bandes originales sans avoir vu les films correspondants est, à n'en pas douter, la signature du véritable amateur de "soundtracks". J'en reste confondu et, faut-il le préciser, admiratif ! Je retiens vos conseils avisés à propos de Philip Glass, qui, vous le reconnaîtrez, ne s'est pas toujours fatigué. J'en veux pour preuve l'insipide BO de "Candyman", bien médiocre film d'épouvante. Quoi qu'il en soit, j'ai hâte de lire de nouveau vos excellentes chroniques !

    Mr. Pop

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