15 octobre 2009

The Kinks - Something Else (1967)

Les Kinks, c'est comme les Beatles ou les Stones : si on avait pour l'instant soigneusement évité d'en parler, c'est pour la simple raison que l'on souhaitait prendre notre temps tout ayant déjà été dit sur ce formidable groupe anglais.
Car comme vous le savez sans doute tous, la bande à Ray et Dave Davies, Peter Quaiffe (basse) et Mick Avory (batterie) est certainement l'un des plus grands groupe des années soixante. Pour l'amateur éclairé (ou non) l'ensemble de leur discographie entre 1964 et 1969 est à se procurer. Seuls les Beatles et les Stones peuvent éventuellement les égaler (Stones) ou les surpasser (Beatles). Voilà pour les poncifs...
Pourtant on ne viendra pas vous bassiner une nouvelle fois avec The Village Green Preservation Society, salué unanimement par la critique comme LE chef d'oeuvre ultime des Kinks. Non que l'on remette en cause ce jugement, mais que malheureusement la notoriété de Village Green empêche de mesurer le pas décisif que fut ce Something Else dans la discographie des Kinks. Un peu comme si on parlait de Revolver sans considérer que Rubber Soul marquait l'apogée des Beatles première formule. Il en est de même avec les Kinks. Ce Something Else est un ovni : alors que tout le monde se met à intégrer des éléments psychédéliques dans son rock ou sa pop, Ray Davies lui poursuit son oeuvre, affine ses compositions et se permet d'offrir au monde un chef d'oeuvre de disque pop, baroque voire victorien par moment, poussant la formule déjà décelable sur le précédent opus à son paroxysme. Après ce Something Else, la route est tracée, la voie est libre pour Village Green.
Tout est d'une beauté sans nom sur ce disque, les tubes sont à foison : "David Watts" que reprendra avec bonheur The Jam ou "Waterloo Sunset" évidemment qui avec ses harmonies délicates et ses arrangements classieux sera un des tubes de 1967. Si le groupe maîtrise parfaitement les morceaux aux rythmes enlevés ("David Watts" ou "Tin Soldier Man"), il est également remarquablement à l'aise sur des tempos plus apaisés ("No Return" aux accents bossa, le vaporeux "Lazy Old Sun" ou le vaudevilesque "Harry Rag")
L'album est aussi l'occasion de découvrir un Dave Davies compositeur, et qui place ici une des meilleurs chansons des Kinks ce "Death Of A Clown" qui évoque curieusement un certain Bob Dylan (My makeup is dry and it clags on my chin / Im drowning my sorrows in whisky and gin / The lion tamers whip doesnt crack anymore /The lions they wont fight and the tigers wont roar).
Les textes sont d'une grande qualité, comme à l'accoutumée on a envie de dire, notamment sur ce "Two Sisters", splendide composition où Ray Davies pose un regard que l'on devine à sa voix attendrissant, sur la situation de deux soeurs, l'une mère au foyer jalousant l'autre et ses soirées mondaines (Sylvilla looked into her mirror / Percilla looked into the washing machine / And the drudgery of being wed / She was so jealous of her sister / And her liberty, and her smart young friends / She was so jealous of her sister).
Le talent de compositeur de Ray Davies, ce don pour mettre en musique des scénettes de la vie quotidienne transparaît de chacune des pistes ce ce Something Else. La réédition CD de l'album offre d'ailleurs 8 pistes supplémentaires dont un morceau injustement (à notre avis) écarté de l'album ce "Autumn Almanach" où Ray évoque les rhumatismes d'un jardinier (From the dew-soaked hedge creeps a crawly caterpillar / When the dawn begins to crack / Its all part of my autumn almanac.) mais également d'autres pépites comme "Act Nice And Gentle" ou la très belle ballade "There's No Life Without Love"

Cet album est indispensable pour plusieurs raisons. Tout d'abord il permet de mesurer pourquoi l'on considère Ray Davies comme l'un des plus grands compositeur et parolier des années soixante. Ensuite cet album est une merveilleuse introduction à l'univers si particulier, so british, des Kinks. Enfin, il permet de mesurer l'impact qu'a eu les Kinks sur l'ensemble de la pop anglaise : tous les groupes de pop anglais des décennies suivantes doivent beaucoup aux Kinks et à Ray Davies en particulier.

Frank

Tracklisting :

Side 1 :
1. "David Watts"
2. "Death of a Clown"
3. "Two Sisters"
4. "No Return"
5. "Harry Rag"
6. "Tin Soldier Man"
7. "Situation Vacant"
Side 2
8. "Love Me Till the Sun Shines"
9. "Lazy Old Sun"
10. "Afternoon Tea"
11. "Funny Face"
12. "End of the Season"
13. "Waterloo Sunset"
Bonus tracks (CD remasters)
14. "Act Nice and Gentle"
15. "Autumn Almanac"
16. "Susannah's Still Alive"
17. "Wonderboy"
18. "Polly"
19. "Lincoln County"
20. "There Is No Life Without Love"
21. "Lazy Old Sun" (Unreleased alternate stereo take)





5 commentaires:

  1. Hey Franck, pourrait-on avoir le tracklist complet (avec ou sans la ré-edition)? Ce serait un mieux sur tes chroniques ;) Mais, je suis peut-être le seul à penser ça.

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  2. Héhé, ravi de voir que tu as craqué !

    Je partage ton avis à 200% : Something Else est aussi mon album préféré des Kinks, le meilleur groupe des années 60 (et donc de tous les temps) à mon goût.

    Là où Ray Davies surpasse les Beatles et les Stones, c'est que c'est lui qui produit l'album, ce qu'aucun groupe majeurs des années 60 n'a jamais fait. La classe.

    Ca fait du bien d'écouter "Two Sister" un vendredi matin. Merci !

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  3. Pas de soucis j'ai intégré le tracklisting, on le fera figurer à l'avenir. Il faut pas hésiter à nous faire part de vos remarques pour enrichir ce blog ! Je compte reprendre toutes les chroniques pour insérer du contenu média et donc également les tracklisting.

    merci Eric pour ton commentaire ! Venant de m'enfiler avec bonheur les rééditions mono des Beatles j'ai du mal à faire passer les Kinks devant ! Mais en tout cas je considère que sur une période identique (1964-69) les Kinks sont au moins au même niveau que les Stones.

    "Two Sisters" quel morceau ! tout y est parfait : arrangements-paroles, sans doute un des plus beaux morceaux de l'histoire de la pop, Ray Davies est touché par la grâce sur ce disque...

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  4. Je suis justement en train de me plonger dans cette période des Kinks, fabuleux groupe dont je n'avais jamais vraiment creusé au delà du best of.
    On s'éparpille, on touche à tout et on finit par passer à côté d'un combo majeur des sixties.
    "I am in paradise..."

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  5. Et dire que 3 ans plus tard ils accouchent de Arthur, là c'est plus possible faut réhabiliter ce disque!^^

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