28 septembre 2008

The Stooges (1969)

The Stooges... Ce groupe formé à Ann Harbor, Michigan, en 1967 constitue peut être LE groupe rock "définitif". Aucun succès à la clef lors de la parution de leurs 3 premiers opus, et pourtant groupe culte ayant selon l'expression consacrée "déclencher un nouveau groupe avec chaque nouvel auditeur". Groupe ayant dépassé le carcan du garage rock, inventé avec 10 ans d'avance le punk , et incarné ce que le rock and roll a de mieux à offrir... tout en gardant une intégrité et une sincérité qui a fait tant défauts à d'autres "pionniers" du rock (Rolling Stones?).
La création des Stooges tient d'abord à une réunion de circonstances, d'évènements presque de destinées...
Tout d'abord, James Osterberg, devenu Iggy Stooge puis Iggy Pop, est le seul membre du groupe à connaître une certaine notoriété locale en tant que batteur des Iguanas puis des Prime Movers. C'est en accompagnant des bluesmen à Chicago que dans l'esprit d'Iggy commence "à germer le son des futurs Stooges", voulant selon son expression "jouer son propre blues, à l'image de Detroit [...], un son quasi industriel". En qualité de chanteur, la révélation viendra d'un concert des Doors où le jeune Iggy est estomaqué par la prestation de Jim Morrison. Il en retire l'idée que pour laisser une marque indélibile sur le public, il lui faut le marquer, le violenter...
A contrario, les trois autres membres des Stooges, les frères Asheton (Ron et Scott) et Dave Alexander sont d'authentiques voyous... Pour Ron et Dave, le choc c'est une escapade à Londres en plein Swinging London dont ils reviendront profondément marqués notamment pour Ron suite à un concert des Who...
C'est chez un disquaire où travaille Iggy que les larrons se rencontrent ... Forts de leurs expériences respectives ils décident de monter un groupe, qu'ils nommeront dans un premier temps Psychedelic Stooges (en hommage à la série télé Three Stooges) puis The Stooges ... l'histoire est en marche.
Au même moment, la soeur des frères Asheton fréquente un guitariste d'un groupe dont la côte commence à grimper à Détroit, Fred "Sonic" Smith du MC5... Les deux groupes finissent par sympathiser permettant aux Stooges de jouer sur les principales scènes de Detroit... où il déconcerte le public par des shows barrés, ultra violents, où Iggy, presque toujours à moitié nu, scande plus qu'il ne chante pendant que ses acolytes martyrisent leurs instruments...
Cette accointance avec le MC5, leur permet d'être signer en même temps qu'eux chez Elektra par un Danny Fields convaincu d'avoir déniché les deux groupes star de demain!
Avec un contrat pour trois disques en poche, les Stooges vont devoir se mettre au travail et transcrire sur disques, les promesses affichées sur scène...
Le résultat sera LE disque garage-punk ultime, The Stooges sorti en 1969. Pour ce dernier, Elektra confie la production à John Cale du Velvet Underground, ce qui vaudra quelques empoignades entre un John Cale adepte d'une puissance retenue et les Stooges voulant pousser le volume à des niveaux jamais atteints... Difficile de dire aujourd'hui qui l'a emporté...
Quoiqu'il en soit ce disque est un must, jamais auparavant on avait osé enregistré un tel manifeste surpassant en brutalité tout ce qui avait pu être enregistré auparavant. Les riffs, glaciaux, de Ron Asheton associés à une section rythmique puissante et monolithique (Scott à la batterie et Dave à la basse) sont bien plus subtils qu'ils n'y paraient au premier abord. Ron semble vouloir, conscient de ses propres lacunes, tirer avantage de ses défauts. Il modèle le son qui sort des amplis, donnant un côté tribal au son des Stooges. Le son de cet album donne l'impression d'une immense transe, renouant avec un rock libre, sauvage et rebelle.
Iggy donne au groupe des compositions hallucinées empreint d'un désoeuvrement et d'une mélancolie parfois morbide.
Sur "1969", l'Iguane chante "Well It's 1969 ok / all accross the USA / It's another year / for me and you / another year / with nothing to do", enterrant par la même l'imagerie sixties. Pour rappel, quand l'album sort on est en plein Woodstock!
Ces mauvaises vibrations, ce sentiment de rejet, les Stooges les déclinent au gré des 8 morceaux que compte l'album : "No Fun" (No fun to be alone / In love with nobody else), "Not Right" ("She Wants something alright / but I can't help / cause I'm not right) ou le décadent à souhait "I Wanna Be Your Dog" (So messed Up I want you here / In my room I want you here / Now we're gonna be face to face / And I'll lay right down in my favorite place) en sont quelques exemples.
Le groupe reste encore marqué par quelques réminiscences des Doors ("We Will Fall" ; "Ann") mais pour le reste propose, dans une société et une époque qui n'étaient définitivement pas prêtes, un brulôt punk-rock plus subversif que l'ensemble des disques qui sortiront en 1977...
Ce disque sera fusillé par la critique, Rolling Stone en tête... Elektra est désemparé devant cet ovni musical ne sachant plus très bien comment en assurer la promotion...
Conséquence : les ventes seront ridicules...
Pourtant cela a un avantage : afin de doper les ventes, Elektra fait tourner de façon incessante le groupe sur toute la côte Est. Résultat, le groupe se perfectionne, affine son jeu de scène et fait forte impression sur toutes celles et ceux qui les verront en concert, notamment sur toute la fameuse scène de New York qui explosera bien plus tard (Ramones, Suicide, Television...).
Il est d'ailleurs intéressant de constater que ce disque, maudit et hai de la critique (exception faîte d'un Lester Bangs qui les encense...) est devenu aujourd'hui... un classique!

Et ce n'est qu'un commencement...

Frank

la suite ici :
http://rawpowermagazine.blogspot.com/2008/10/oldies-but-goodies-stooges-fun-house.html

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