20 août 2016

Qualité Made In France - Acte XV

Et c'est reparti avec une nouvelle fournée de disques français !

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The Cayman Kings - Suffering Chelsea Boots (2016)

C'est un authentique brûlot garage rock sixties que viennent de sortir les lillois de Cayman Kings. 10 titres dans la grande tradition du genre, portés par des riffs incisifs, une fuzz et un farfisa omniprésents.
Ce qui est remarquable avec ce Suffering Chelsea Boots c'est le rythme imposé par nos frenchies,  la dynamique qui est mise en place dès les premières notes de "Yard Of Junkies" et qui ne se relâche jamais réellement. On sent bien que les gars ont privilégié l'impact, l'unité de l'album quitte parfois à booster le son de la section rythmique là où d'autres auraient privilégier le potentiel mélodique  ("Heavy Candy") et ma foi c'est tout à leur honneur.
Les amateurs de garage rock seront aux anges. Celles et ceux qui le préfère saignant se délecteront de pistes comme "Memory Lane" ou "Same Old". Si c'est l'assaisonnement qui vous fait chavirer "All Nighters" et ses allures de voyage en train fantôme ou "Heavy Candy" vous combleront.
Et si vous cherchez un peu de variété dans un genre ô combien balisé, les Caiman Kings ont également pensé à vous ("Two Lovers" ; "Every Dog Has Its Day" ; "Eyes On The Prize")
Un premier album certes classique mais efficace, solide et varié qui fait plaisir à entendre.
On comprend que l'éminent label Soundflat Records se soit penché sur les Cayman Kings : c'est du tout bon !



Le Villejuif Underground - Le Villejuif Underground (2016)

L'art du pastiche est un art extrêmement délicat. A chaque instant la tentative de rendre un hommage appuyé,  de raviver les souvenirs d'une époque jugée bénie par l'auteur, peut se retourner contre lui. On peut très vite sombrer dans le plagiat le plus éhonté comme virer dans la caricature la plus gênante.
C'est à tout cela que s'est confronté Nathan Roche, l'homme derrière The Villejuif Underground. Australien installé donc à Villejuif, Nathan Roche vient de sortir un album , un pastiche donc, de l’œuvre de l'immense Lou Reed (et pas seulement de l’œuvre du Velvet auquel le blasé de son groupe fait immédiatement pensé).
Le résultat est aussi confondant que réjouissant. Se payant le luxe de chanter comme son idole, The Villejuif Underground se paye le luxe d'enquiller des vignettes en forme d'hommage sans jamais verser dans l'un des deux travers évoqués plus haut.
Déjà parce qu'il prend soin de varier les emprunts. On pense ainsi à un Jonathan Richman en solo ou avec les Modern Lovers mais aussi aux Dandy Warhols ("C. C. C") ensuite parce qu'il y a quelques tics, une légère patine qui est propre à son auteur. L'orchestration, le côté volontairement déglingué de l'ensemble quitte parfois à en grossir le trait y contribuant largement ("Since Everything Changes")
Et ainsi on se surprend à écouter en boucle l'album, satisfait que quelqu'un rouvre la boutique et ose balancer des titres comme "Visions of Shannon", "The Daintree Is Gone", "Cold Dark Place In Your Art", la superbe "Portrait Of A Serial Killer" ou encore "Chefchouen Blues".
Une superbe sortie que l'on doit au label SDZ Records.



Les Tigres du Futur - Collection Illusions Sonores Volume 2 (2016)

S'il y a bien un groupe français enthousiasmant ces derniers temps, c'est bien Les Tigres du Futur...Bon, ok, il n'y a pas que lui, m'enfin quel plaisir de les retrouver dans les bacs après un volume 1 aussi court qu'efficace, tricotant le jerk comme le twist, le rock comme le roll, le bis comme le Z.
Qu'on se rassure, le volume 2 reprend les armes là où on les avait laissées. Baignant dans une atmosphère de moog enfumé, les guitares cisaillent leurs riffs entraînant, flirtant parfois avec le stoner, le heavy (très prégnant en concert) mais ça reste toujours du pur rock'n roll électrisant.
Toujours aucun chanteur à l'horizon – et c'est tant mieux ! - les seules voix présentes sont des extraits sonores de films typé "Nanarland" au début de chaque piste, hilarants au possible, magnifiques tremplins pour lancer des morceaux survoltés aux titres prometteurs tels que "le château des messes noires", "l'énergie cosmique du sexe", "les chiennes du Maharaja" ou bien encore "la mangrove des damnés".
Ce réjouissant programme ne débande jamais, un disque aussi fort en face A que B, qui met une patate d'enfer, à l'image de la splendide pochette.

Longue vie aux Tigres du Futur !


The Hands - We Are Other Men (2016)

Souvenez vous il y a deux ans lorsque l'on évoquait le premier album de ce groupe perpignanais (On The Words) on parlait d'un disque curieux entre punk DIY et rock psyché. Deux ans se sont écoulés et rien n'a vraiment changé pour The Hands qui prend manifestement toujours autant de plaisir à brouiller les pistes.
Ainsi aux côtés de brûlot énergiques "I'm An Other Man", "Won't Change", "Nawa Quest", "We're Just Waiting", le groupe prend le temps de placer quelques variations bienvenus.
Si "The Moment" qui ouvre l'album avait annoncé la couleur, "Right In My Back" qui les rapproche par certains côtés des bretons de Sapin fait la démonstration que le groupe est capable de remiser les rythmiques punk au profit de sonorités plus psyché tout en conservant une tension dans les guitares qui font de ce titre un des meilleurs de l'album.
"Sometimes I Feel" quasi pop porté par un rythme entêtant confirme la science du contre-pied dont est capable le groupe, un constat renforcé par "Illusion" et "I'm a man (in the fields)" qui tente (avec réussite) de concilier les deux facettes du groupe.
"Save Yourself" termine ce disque solide avec un mid tempo qui monte progressivement en tension même si on aurait aimé un titre plus long plus épique. On ressent une légère pointe de déception de terminer ainsi un album qui confirme néanmoins le talent du groupe qui a mis à profit ces deux dernières années pour affiner sa formule.
Affaire à suivre.



10 mai 2014

Les Tigres du Futur / Calypso – Paris Paris Club (09/05/2014)

Pont du mois de mai, pintes de Murphy aux Halles, petit burger dans l'estomac... Je file en direction de l'avenue de l'Opéra. Pour aller m'enivrer de la voix d'un castré costumé ? Non. Pour assister au concert des Tigres du Futur, les géniteurs d'un premier disque trop court chroniqué l'année dernière sur Rawpowermag'.
Arrivé au numéro 5, je découvre le Paris Paris, petit club en sous-sol aux lumières rouges et tout en miroirs.

Il est tôt (20h45), la salle est vide, je commande un martini blanc avant d'aller me vautrer sur un canapé en coin. Quelques personnes arrivent, des membres du groupe, dont l'un qui se change à côté de moi. Chouette calbute.


Une demi-heure plus tard et deux ou trois dizaines de personnes sont sur la piste. La première partie est assurée par Calypso, jeune groupe parisien qualifiant sur son facebook sa musique de « hot wave ». J'avais préalablement jeté une oreille sur leur Bandcamp (http://calypso2.bandcamp.com/), et trouvé ça plutôt agréable, frais, enjoué. C'est confirmé sur scène avec un guitariste sur qui repose tout le son caractéristique du groupe, aidé par les jolies voix d'une brunette et d'une blondinette (mention spéciale pour les imitations d'oiseaux exotiques), le tempo étant assuré par la boîte à rythme d'un Tahiti Bob rigolard. Calypso délivre des mélodies qu'on retient facilement, des ritournelles pleine de peps, ensoleillées tout en concervant un aspect eighties indéniable. L'accoustique du Paris Paris Club étant nickel, les quarante minutes de leur prestation furent un plaisir, malheureusement écourté par la direction, visiblement peu encline à laisser les groupes déborder sur la soirée suivante prévue à 23h00...

Un p'tit tour aux gogues s'impose. J'y retrouve deux membres des Tigres du Futur, inquiets :
- hé, si on peut jouer seulement quarante minutes, on va enlever quel morceau ?
- bah...chais pas, on change rien, on joue jusqu'à ce qu'on nous coupe ?
- mouais...on verra bien.


Les dix coups de 22h00 sonnent et c'est parti pour le set des rugissants Tigres du Futur. Rugissants ? Oh que oui. C'est la suprise par rapport à la prod' de leur disque « illusions sonores » ! Sur scène, le son est bien plus agressif, plus brutal, plus sabbathien. Ouaip, le mot est lâché, il y a du stoner dans la musique des Tigres du Futur, la rythmique est souvent lourde, elle envoie du bois, les guitaristes se déchaînent, alternant passages entêtants et déflagrations de riffs, transfigurés par un organiste qui bariole ces séquences débridées à grands coups de pinceaux multicolores.

Y a pas à tortiller, les Tigres du Futur donne une furieuse envie de bondir, quel dommage que la salle soit si clairsemée, je ne suis pas adepte des endroits bondés où l'on ne respire même plus, mais avec un public plus compact et chauffé à blanc, leur set aurait prit une toute autre ampleur.

Quarante-cinq minutes roboratives plus tard, je me promets de retourner les voir dès que possible...et bon sang, vivement le volume 2 des Illusions Sonores ! En attendant, n'hésitez pas à craquer sur leur premier vinyle, on tape dans le haut de gamme.

Rick.


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2 mars 2013

Les Tigres du Futur - Collection Illusions Sonores Volume 1 (2012)

Qu'on se le dise, c'est TOUJOURS une bonne idée de sortir des cartons poussiéreux les vieilles bandes sonores des seventies !
Aussi courte que délicieuse, cette anthologie, sortie en toute fin d'année dernière, rassemble quelques joyaux perdus du Bis, des morceaux jerk déjantés parsemés d'extraits vocaux hilarants.

Le clavier est bien présent, pas de doute, ça donne envie de jouer frénétiquement du « Air Hammond » (je viens d'inventer le concept) en bondissant sur son lit à pieds joints...

Et puis comment ne pas refermer la main les yeux bandés sur un disque dont les titres sont « L'enfer mécanique des morts-vivants », « Limaces carnivores », « La galaxie de la frayeur » ou bien encore « La crypte du fou »?

...ça twiste à bloc, c'est absolument génial et le seul reproche qu'on pourrait formuler, c'est forcément la durée : moins d'une demi-heure, c'est beaucoup trop court.

1er volume d'une collection dirigée par Jo-Bernard Castagneri, il est peu dire qu'on attend la suite avec impatience...

We want more !

Rick.

Tracklisting :
01. L’enfer mécanique des morts vivant
02. Décapitron
03. Limaces carnivores
04. Ninja twist
05. La galaxie de la frayeur
06. Course à la mort
07. La crypte du fou