Cela faisait un bail que l'on avait pas évoqué en ces colonnes, les remarquables Cosmonauts. 2013 et Persona Non Grata pour être précis. Remarquable, les Cosmonauts le sont à plus d'un titre. Déjà dans cette incroyable capacité à faire du neuf avec du vieux, à recycler les bonnes vieilles recettes tout en sonnant toujours aussi frais. Remarquable également le fait que chaque nouveau disque constitue un nouveau jalon dans une discographie sans faille.
Et ce A-OK! ne viendra pas contredire ce point puisqu'il s'agit une nouvelle fois d'une franche réussite.
Si l'influence des Spacemen 3 a toujours été patente sur les précédents enregistrements des Cosmonauts ce A-OK! lorgne sans doute plus qu'à l accoutumée du côté de Spiritualized.
Il s'agit d'ailleurs du disque le plus "anglais" à ce jour des californiens puisqu'outre la fixette sur la discographie de Kember et Pierce ce nouvel album est l'occasion de déployer, de révéler, d'autres sources d'inspiration des Cosmonauts.
Des Cosmonauts qui n'hésite pas à faire preuve d'une sensibilité rare ("Party At Sunday), ou à convier à la fête le spectre des Echo And The Bunnymen ("A-OK!").
L'ensemble du disque a également un côté très madchester ("Be Bop A Loser") : on imagine très bien Bez des Happy Mondays se déhancher sur "Good Lucky Blessing". De même les sonorités baggy sont légion sur ce nouvel album.
Ainsi si, comme à l'accoutumée, on retrouve ces pistes merveilleuses de psychedelic drone dont les Cosmonauts ont le secret ("Short Wave Communication" ; "Doom Generation", "Heavenspeak") c'est bien l'apport de nouvelles sonorités, qui plus est avec la même réussite, qui dope le potentiel du disque. Un album plus varié tout en étant très homogène.
Du coup la palette musicale du groupe s'étend en même temps qu'elle s'affirme (on a beau chercher on ne voit aucun morceau sur cet album mais bien que des petites pépites) et devrait dans un monde idéal ramener au groupe un nouveau parterre de fans.
Ce A-OK! est avec Human Performance de Parquet Courts et Weird Exits des Oh Sees, un de ceux qui aura le plus tourné en 2016 sur la platine. Dans le top 3 de 2016 donc.
Frank
Tracklisting : Face A : A-OK! / Doom Generation / Party At Sunday / Be-Bop-A-Loser / Shortwave Communication Face B : Heavenspeak / Good Lucky Blessing / Cruisin'/ Discophilia / Graffiti
John Dwyer est incontestablement l'homme de cette année 2016. Alors que seulement une année s'est écoulée depuis la sortie de Mutilator Defeated At Last voilà qu'en 2016 les Oh Sees ont sorti la bagatelle de trois disques !
Le premier disque à voir le jour est un live, dans la désormais mythique série Live In San Francisco. Un live qui permet de donner un aperçu de la puissance scénique du groupe, de la machine à groove que sont Dwyer et sa bande. Toute personne ayant assistée à un concert des Oh Sees vous le dira, les californiens sont un des meilleurs groupes de rock and roll en activité. Si rien ne vaut l'expérience du live cet enregistrement à le mérite de capter et de restituer un peu de la magie de la bande. Un aperçu qui rappellera des souvenirs heureux à celles et ceux qui ont eu la chance de les voir et qui devrait convaincre les autres de la nécessité d'assister une fois dans leur vie à un concert des Oh Sees.
Le tracklisting fait la part belle à Carrion Crawler/The Dream (2 titres), Floatin Coffin (3 titres) et Mutilator Defeated At Last (3 titres). Un tracklisting complété d'un titre du futur album A Weird Exits et deux singles du groupe (dont le mythique Tidal Wave enregistré en 2010).
Tracklist : I Come From The Mountain / The Dream / Tunnel Time / Tidal Wave / Web / Man In A Suitcase / Toe Cutter Thumb Buster / Withered Hand / Sticky Hulks / Gelatinous Cube/ Contraption
Après cette mise en bouche, place à A Weird Exits la nouvelle production studio du groupe. Disons le sans ambages il s'agit là du meilleur album enregistré par les Oh Sees depuis Carrion Crawler. Rien que ça. Si la formule depuis lors est bien connue, mélange de garage rock high energy, de heavy et de kraut, les Oh Sees sous la houlette d'un Dwyer plus aventureux que jamais insuffle un vent nouveau, une vague de fraîcheur à leur recette qui menaçait de les voir tourner en rond.
Les expérimentations de Dwyer avec son projet parallèle Damaged Bugs servent désormais à enrichir la palette musicale du groupe ("Jammed Entrance"). S'il on devait faire une comparaison, ce Weird Exits c'est le Fun House des Oh Sees. Et pas seulement parce que certains titres font penser immanquablement aux Stooges (flagrant sur les attaques de guitare de "Dead Man's Gun") mais surtout par cette esprit de liberté, de créativité artistique qui habite ce nouvel album. On sent les Oh Sees libérés comme jamais comme si le renouveau apporté par le changement de personnel avait requinqué Dwyer et que Mutilator Defeated At Last malgré ses nombreuses qualités n'avait été au final qu'un brouillon, un nécessaire album de rodage pour ses nouveaux compagnons de jeu.
Résultat on est à la fête sur chaque titre, l'apport des deux batteurs (comme désormais en live) apportant un vrai plus.
Si "Ticklish Warror" est dans le plus pur style Oh Sees, sur "Plastic Plant" le côté plus aventureux plus débridé, dope le morceau. Un morceau époustouflant.
Weird Exits est un album varié aux multiples facettes et rend la facilité avec laquelle le groupe enquille les perles plus fascinante encore.
Aussi à l'aise quand il fait sortir l'artillerie lourde ("Gelatinous Cube") que quand il faut prendre son temps pour poser les bases avant de faire décoller le morceau ("Unwrap The Fiend pt2"). Et que dire de la fin de l'album - toute la deuxième partie de l'album revêt une tonalité différente - avec "Crawl Out From The Fall out" titre planant bien psyché s'étalant sur près de huit minutes ou "The Axis" ballade nimbée d'échos noyés, portée par des nappes d'orgue pour se conclure dans un maelström de guitares noisy digne d'un Neil Young.
Avec Weird Exits les Oh Sees viennent de sortir ni plus ni moins qu'un des meilleurs albums de 2016 mais aussi un de leurs meilleurs disques à ce jour.
Chapeau bas.
Tracklist : Dead Man’s Gun / Ticklish Warrior / Jammed Entrance / Plastic Plant / Gelatinous Cube / Unwrap the Fiend Pt. 2 / Crawl Out From the Fall Out / The Axis
Et alors que l'on pensait les agapes terminées voilà que déboule dans les bacs Odd Entrances composé de pistes enregistrées lors des mêmes sessions que Weird Exits. Six nouveaux titres qui prolongent, avec une égale qualité, le plaisir de ce dernier. Une part plus grande étant consacré aux titres au long cours puisque trois des six compositions excédent les six minutes.
"You Will Find It Here" qui ouvre l'album est de ceux là. Une odyssée sonore superbe, planante à souhait, sorte de mille feuilles sonique (à chaque écoute on découvre une couche nouvelle).
Rupture de ton avec "The Poem" qui convoque Donovan au banquet. Un titre tout en retenue qui permet de constater la maîtrise nouvelle du groupe de ces nouveaux tempos tout en permettant une pause avant l'arrivée des huit minutes de "Jammed Exit" le bien nommé sur lequel Dwyer et sa bande s'essayent à moules expérimentations (bidouillages électroniques, flûte. ..). "At The End On The Stairs" résonne à nouveau comme du Donovan, cette fois période Barabajagal, la démesure des Oh Sees en sus tandis que "Unwrap the Fiend pt1" paye son dû à Brian Eno influence revendiquée de Dwyer comme l'attestait la sortie de son album sous le nom de Damaged Bugs.
Même si les titres de Odd Entrances prolongent ceux de Weird Exits, on recommandera de ne pas commencer par ceux-ci, souvent moins abordable dans leur excentricité comme "Nervous Tech (Nah John)" qui clôt le disque par une jam entrecoupée de saillies de guitares... De plus Weird Exits à le mérite malgré sa variété d'avoir une réelle unité qui manque fatalement vu l'exercice à Odd Entrances.
Néanmoins on aurait tort de bouder notre plaisir en ne faisant pas l'acquisition de cette autre galette du groupe, n'en déplaise à nos banquiers.
Tracklist : You Will Find It Here / The Poem / Jammed Exit / At the End, On the Stairs / Unwrap the Fiend, Pt. 1 / Nervous Tech (Nah John)
On vous l'indiquait en introduction, on le réaffirme en conclusion : John Dwyer est le grand bonhomme de cette année 2016. Vivement 2017...
Il faut bien reconnaître que la première fois que l'on a écouté Singing Saw on a pas vraiment accroché. Hormis le morceau titre et "Dorothy" ce nouveau disque nous avait quelque peu déçu. On l'avait même trouvé un peu plat ("Destroyer" pas sauvé à vrai dire par ses arrangements un peu lourdingue), faisant preuve d'une mélancolie un chouia trop appuyée et même un peu "forcé" comme sur "Ferris Wheel" qui nous a, sans doute involontairement, fait penser à Jeff Buckley (dont l'oeuvre nous laisse globalement de marbre).
Résultat on a remisé ce disque sur l'étagère sans vraiment aller plus loin.
Et puis on y est revenu, par petits bouts, pour finir par réviser quelque peu notre jugement.
On a toujours pas changer d'avis sur "Ferris Wheel " et "Destroyer" que l'on trouve toujours aussi pénible (surtout qu'ils s'enchaînent ) mais pour le reste, disons le c'est du bel ouvrage.
On comprend au fil des écoutes ce qui nous avait rebuté : une production au son plus ample qui donne un côté un peu plus indie au folk intimiste de Kevin Morby, ce qui lui sied moins et des arrangements moins pertinents qu'à l'accoutumée qui donnent parfois une impression d'empilage qui nuit à la fluidité de l'ensemble.
Mais malgré ces quelques écueils, Kevin Morby conserve cette qualité, ce talent pour torcher de belles pépites folk, qui si elles font échos à l'oeuvre des Dylan et surtout Leonard Cohen, sont marquées du sceau de leur auteur.
"Cut Me Down" magnifique ouverture de l'album, "I Have Been To The Mountain", malgré ses choeurs mais avec sa ligne de basse entêtante, confirment tout le bien que l'on pensait de Kevin Morby depuis Harlem River.
Si "Drunk And On A Star" est le genre de titre intimiste dans lequel Morby est le plus à l'aise, "Black Flowers" est l'exemple des progrès affichés par ce dernier qui n'hésite plus à prendre des risques.
Et même si tout n'est pas convaincant comme évoqué plus haut, la facilité déconcertante avec laquelle il trouve la mélodie juste, permet au final à ce Singing Saw si ce n'est d'égaler ses prédécesseurs, d'être bien supérieur à ce que peut offrir la concurrence tout en ouvrant de belles perspectives pour l'avenir.
Frank
Tracklist : 1.Cut Me Down 2.I Have Been to the Mountain 3.Singing Saw 4.Drunk and on a Star 5.Dorothy 6.Ferris Wheel 7.Destroyer 8.Black Flowers 9.Water
Plus de dix ans que l'on attendait le retour des Embrooks...
C'est peu dire que c'est avec beaucoup d'émotions que l'on a posé ce nouveau single des auteurs de l'incroyable Yellow Glass Perspections, sommet du garage rock sorti en 2004. Un classique qui dépasse d'ailleurs le simple monde du garage.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que Mole, Alessandro Cozzi Lepri et Lois Tozer font un retour en grande forme avec deux nouvelles pépites "Nightmare" et "Helen", qui reprennent là où on les avait laissé : dans une bulle spatio-temporelle bloquée en 1966 (les Who et autres Creation constituent toujours des influences majeures du groupe).
Un 45T à se procurer d'urgence.
On espère maintenant simplement que cela ne soit pas qu'un one shot, et qu'un album est en préparation. Les Embrooks nous ont terriblement manqué.
PINK SLIP DADDY - GOOD HARD ROCK (2016)
Puisque l'on en est à évoquer des retours, signalons celui des Pink Slip Daddy, de Palmyra Delran et Mick Ferguson, groupe américain eighties qui a eu son heure de gloire au début des années 90 et a signé un album recommandable chez Sympathy For The Record Industry (Rock Damage & Other Love Songs en 1994).
Après une carrière en dents de scie, faits de splits et de reformations, on était sans nouvelle depuis un single il y a quelques années.
Et c'est Kizmiaz Records qui rappelle à notre souvenir le combo qui sort de sa retraite avec un 45 à l'ancienne, du bon rock and roll old school, à l'image du bien nommé "Good Hard Rock".
"Bristol Stomp" et "Outskirts" en face B, poursuivent l'effort dans la même veine d'un pub rock jovial et séminal.
JACUZZI BOYS - HAPPY DAMAGE (2015)
Puisqu'on en est à rattraper le temps perdu, il est plus que temps d'évoquer un superbe EP sorti l'an passé et que l'on doit aux Jacuzzi Boys. Il fallait que l'on parle absolument de ce disque et ce pour de nombreuses raisons.
Tout d'abord parce que leur troisième album sorti en 2013 était une vrai sortie de route, le genre de disque à oublier, alors que ce Happy Damage est une vraie bouffée d'air frais, un disque jouissif, tout ce que l'on était en droit d'attendre du groupe.
Ensuite parce que le morceau-titre est sans doute le titre que l'on a le plus écouté l'an passé. Un hit absolu. Sur ces six titres, les Jacuzzi Boys, en grande forme, y dévoilent toutes leurs influences, font montre d'une vraie sensibilité powerpop sans jamais rompre avec leur côté nineties qui fait tout le sel de leurs précédents enregistrements ("Sun" présente quelques proximités avec l'oeuvre des Pixies).
Enfin, ultime raison, très prochainement le groupe devrait sortir un nouvel album que l'on espère du même tonneau.
Croisons les doigts.
WAHYAS - THIRD EYE / POLARIZED VISION (2016)
Poursuivons dans les oublis avec la sortie en début d'année, en coprod Six Tonnes De Chair Records / Shipwrecked Records de ce 45T des Wahyas, duo venu de Caroline Du Nord et composé de Joshua Johnson et Lindsay Sprague. Formule minimaliste donc, guitare / batterie, au service d'un garage rock particulièrement acéré et addictif.
Sur "Third Eye", Lindsay prend les refrains, le fait que les deux chantent sur les couplets apporte une réelle plus-value mélodique à l'ensemble.
On est particulièrement curieux d'entendre ce que le groupe proposera par la suite.
MAIORANO AND THE BLACK TALES – DECONTROL / NOT MELLOW ANYMORE (2016)
L'année dernière on vous avait présenté un album de rock and roll old school, venu d'Italie, le très bon Everything Boom d'Alex Maiorano And The Black Tails.
Les gars ont remis ça le temps d'un single, toujours sur le label allemand Off Label records (on en change pas une équipe qui gagne), qui prolonge le plaisir pris à l'écoute de l'album. "Decontrol" et "Not Mellow Anymore" ne sont pas des chutes de l'album, vite assemblées en un single pour occuper le terrain mais bien deux titres qui ne dépareraient pas sur Everything Boom.
Pour être honnête on n'y croyait plus à la sortie d'un nouvel album des Mrs Magician. Quatre ans s'était écoulé depuis Strange Heaven, remarquable premier album qui s'écoute toujours avec le même plaisir aujourd'hui. De plus, alors que l'on espérait écouter son successeur assez rapidement, le groupe a choisi de sortir dans la foulée ... un recueil de faces B et d'inédits, certes sympathique mais dont aucun titre n'arrivait à la cheville de ceux présents sur Strange Heaven.
On avait donc ranger le groupe dans la catégorie des one shot malgré toute la tendresse que l'on éprouve pour leurs débuts.
Et c'est en fouillant dans les bacs de notre dealer favori (petit indice il est rue Keller à Paris ...), que nous sommes tombés sur ce nouvel album, nommé - de manière incompréhensible, on cherche le lien - "Bermuda".
Mais au delà de ce titre ce qui surprend le plus à l'écoute de ce nouvel album c'est le son du groupe. Exit la reverb à outrance qui nimbait les compositions de Strange Heaven et leur donnait cette patine si singulière. Exit aussi dans une moindre mesure le côté surf pop enthousiasmant qui faisait tout le sel de titres comme "Nightlife" ou "The Spells".
Sur Bermuda les influences powerpop du groupe sont exacerbées même si les Mrs Magician conservent cette indéniable qualité pour faire cohabiter des styles parfois opposés.
En faisant coexister leur énergie issu du punk, une assise rappelant les groupes de leur mentor et producteur John Reis et donc des velléités powerpop, Bermuda est un disque curieux qui a la première écoute rebute et pas qu'un peu. Le souvenir de Strange Heaven y contribue sans doute fortement même si la faute en incombe largement à ce changement de cap (seul "Phantoms" et "Forgiveness" font le pont avec Strange Heaven) et à une production qui si elle dope les compositions en accentue aussi les défauts ("Jessica Slaughter" en est l'exemple parfait).
Pourtant malgré cela, Bermuda n'est pas un mauvais disque et les Mrs Magician n'ont pas perdu en route leur capacité à enregistrer de bons morceaux. C'est un disque qui nécessite un peu de persévérance pour l'apprécier à sa juste mesure. Pas sûr toutefois que le fan lambda se donne cette peine... Pourtant cela serait dommage de passer à côté de titres comme "Phantoms", "Tear Drops", "No Action", "No More Tears" ou encore "Where's Shelly?" qui démontre que le potentiel est encore là, prêt à s'exprimer...
Malgré tout, s'il on veut être honnête on doit se poser la question suivante : si on avait découvert les Mrs Magician avec cet album aurions nous été indulgent ? Si Bermuda fait pâle figure à côté de Strange Heaven, il permet aussi de juger avec plus de complaisance ce disque que s'il avait marqué les débuts discographiques du groupe.
Au vu de leur potentiel, on ne peut qu'espérer que le groupe retrouve un peu de simplicité. En attendant on va réécouter Strange Heaven.
There's No Goddddd !!!
Frank
Tracklist : 01. Phantoms 02. Eyes All over Town 03. Forgiveness 04. Tear Drops 05. Don't Tell Me What to Do 06. Jessica Slaughter 07. No Action 08. Where's Shelly 09. No More Tears 10. Reborn Boys 11. The Limbo (Party's Over)
Lorsque l'on a appris que Les Claypool et Sean Lennon s'accoquinais pour monter un nouveau projet on a été surpris, amusé mais finalement assez peu concerné.
Il faut dire que la carrière respective des deux larrons, bien que respectable, ne nous avait, pour le dire poliment, peu intéressé.
D'un côté Sean, le fils de vous-savez-qui, capable du meilleur comme du pire, responsable d'albums bancals un peu vite montés au pinacle par la presse.
De l'autre Les Claypool bassiste de Primus groupe foutraque californien qui a fait sa renommée en mélangeant heavy, funk et punk, et s'appuyait sur un bassiste virtuose doublé d'un chanteur au phrasé curieux , Les Claypool donc.
Pas de quoi, de prime abord, nous pâmer d'émoi en attendant la sortie de leur disque.
Et puis sort le nom du groupe, The Claypool Lennon Delirium et surtout le titre de l'album, Monolith Of Phobos. Et on se prend alors, éternel optimiste que nous sommes,à imaginer un disque psyché mâtiné de space rock. Un début de curiosité vite récompensée par la sortie du single "Cricket And The Genie" qui dévoilait un groupe plein de promesses.
Plus sérieux et abouti que la carrière de Primus, plus ambitieux et personnel que celle de Sean Lennon, Monolith Of Phobos se révèle être un disque aussi intrigant qu'attachant, un album bien perché comme on les aime sur lequel les deux larrons en combinant quelques influences communes (les gaillards ont appris à mieux se connaître lors d'une tournée commune Primus / The Ghost of a Saber Tooth Tiger) arrivent à se transcender, chacun se mettant au service de l'autre.
Les deux facettes des musiciens sont ainsi présentes, le côté pop de Lennon, ici dans son volet le plus psychédélique, étant représenté par une poignée de titres souvent brillants ("Ohmerica" ; "Oxycontin Girl" ; "Bubbles Burst"), tandis que Claypool, sans effets de manche, réussit à placer des pistes plus alambiquée ("The Monolith Of Phobos" ; "Mr Wright" ; "Breath Of A Salesman" ; "There's No Underwear In Space"), quand les deux ne réussissent pas à conjuguer leurs efforts pour un résultat aussi bluffant que joliment anachronique (la suite en deux temps "Cricket And The Genie" ; "Captain Lariat").
Avec ce disque aux parfums d'un autre temps, les deux compères réussissent un album plus qu'attachant dont on recommande chaudement l'écoute.
Frank
Tracklist : 1. "The Monolith of Phobos" 2. "Cricket and the Genie (Movement I, The Delirium)" 3. "Cricket and the Genie (Movement II, Oratorio Di Cricket)" 4. "Mr. Wright" 5. "Boomerang Baby" 6. "Breath of a Salesman" 7. "Captain Lariat" 8. "Ohmerica" 9. "Oxycontin Girl" 10. "Bubbles Burst" 11. "There's No Underwear in Space" (Instrumental)
Après un premier album en forme de relecture de leurs influences, à mi chemin entre pas passéisme et modernité, les Cool Ghouls avait offert un deuxième album, A Swirling Fire Burning Through The Rye, au son résolument tournés vers les sixties.
Dans les deux cas parler de réussite totale n'était pas usurpée faisant des Cool Ghouls un des groupes le plus enthousiasmant du moment.
La sortie de ce troisième album, Animal Races ne fait finalement qu'enfoncer le clou et confirmer tout le bien que l'on pense du groupe.
"Animal Races" qui ouvre l'album a beau se draper de rythmes kraut c'est bien toujours le même fonds sixties qui est mis à l'honneur. D'ailleurs dès "Sundial" le second titre tout est dit : harmonies vocales, guitares claires et un son qui a le parfum des enregistrements des Byrds, les Cool Ghouls ont tout bon.
Mais contrairement à beaucoup de leurs contemporains, mais aussi par rapport à leur précédent album, les Cool Ghouls ont deux avantages. Le premier c'est que malgré leurs influences tout cela sonne résolument moderne, on est pas dans un simple trip revival. Entendons nous bien on aime le revival mais on aime aussi les prises de risques, et les Cool Ghouls osent et apposent leur patte sur chacun des morceaux.
Le second c'est le mélange des genres. Une recette parfaitement éprouvée et réussie sur le premier album et que le groupe instille ici de façon différente sur Animal Races. On retrouve donc ça et là du kraut comme évoqué plus haut mais aussi quelques pistes psyché nimbées d'écho (le bien nommé "Time Capsule") et même une piste plus enlevée, plus garage ("Brown Bag"), Autant de compositions qui apportent une variété bienvenue, tout en attestant de la palette musicale plus complète de la bande et vient alterner avec de belles pistes pop.
Des pistes pop également à multiples facettes, quelles soient touchées par la grâce ("When You Were Gone" ; "Spectator"), magnifiquement mis en lumière par une rythmique irréprochable ("Days" ; le tube "Nevers You Mind"), aux accents country ("If I Can't Be The Man") ou à mi-chemin entre pop et indie rock ("Just Like Me").
Certains titres bénéficiant de l'apport en guest de Tom Heyman à la pedal steel.
On sent bien que rien n'a été laissé au hasard sur ce nouvel album, Tout à été pensé et mis en place avec soin, bien aidé en cela par la production soignée et signée Kelley Stoltz.
Animal Races est un disque brillant d'un groupe qui l'est tout autant.
A ce stade un des meilleurs disques de l'année.
Frank
Tracklist : 1.Animal Races 2.Sundial 3.Time Capsule 4.When You Were Gone 5.Days 6.Just Like Me 7.(If I Can't Be) The Man 8.Brown Bag 9.Never You Mind 10.Material Love 11.Spectator