Beach Goth, rien que le nom a quoi faire sourire. Et pourtant comment qualifier autrement ce courant, autoproclamé de la sorte par ces branleurs magnifiques de Growlers ? Du rock garage lysergique, de la pop lo-fi embrumé, bref une sorte d'idéal west coast pour hippie moderne.
Issu de ce courant les Allah-Las et les Growlers ont su particulièrement tirer leur épingle du jeu jusque là, incarnant chacun à leur manière une facette du genre. Le ying et le yang du beach goth en somme.
Après un premier album qui a divisé la rédaction de RawPowerMag', les Allah-Lahs sont revenus enfoncer le clou avec Worship The Sun, qui ne les voit que très peu s'écarter de la formule, éprouvée, de leur premier album.
Oublier l'intro de "De Vida Voz", les Allah-Las n'ont pas vraiment décider de sortir l'artillerie lourde et préfèrent pousser à l'extrême leur cocktail habituel d'instrumentaux enjoués et de morceaux chaleureux (d'ailleurs ce premier titre nous a plus qu'évoqué le Love de Forever Changes) . Le problème c'est qu'hormis un début d'album particulièrement jouissif ("Had It All" ; "Artifact" ; "Ferus Gallery"), le soufflé retombe d'un coup, le groupe retombant dans les travers de leur premier album. On ne s'ennuie jamais certes. Mais pire, on bascule dans le domaine de l'indifférence. C'est sympathique à écouter mais jamais on ne retrouve la saveur des premiers titres. Il faut attendre la toute fin d'album pour retrouver un peu de peps ("Better Than Mine" et "Every Girl")
A ce stade les Allah-Las sont une énigme. On ne criera pas pour autant à la supercherie : quand on est capable d'écrire des titres de la trempe de "Catamaran" ou de "Artifact" on a forcément du talent. Reste que pour l'instant le groupe s'est montré plus pertinent à écrire des singles qu'à construire un album excellent de bout en bout.
Tracklist : De Vida Voz / Had It All / Artifact / Ferus Gallery / Recurring / Nothing To Hide / Buffalo Nickel / Follow You Down / 501-415 / Yemeni Jade / Worship The Sun / Better Than Mine / No Werewolf / Every Girl
On a tout entendu a propos de ce nouvel album des Growlers (rupture avec le passé, revirement, etc...) et c'est vrai que la première fois que l'on a posé le disque sur la platine on a été un peu désarçonné. Il faut dire que pour le fan de Are You In Or Are You Out ou de Hot Tropics, ce Chinese Fountain sonne assez inattendu. Et ce même si Not Psych avait dévoilé la volonté du groupe d'abandonner les ambiances cotonneuses. Mais rien ne présageait cette nouvelle orientation, la tonalité générale de ces nouvelles compositions. Plus que la (trop?) grande variété des titres présentés ici, plus que ces deux pistes dispensables que sont le discoïde "Chinese Fountain" ou "Dull Boy" et son reggae beat, c'est cette volonté de vouloir trouver LA mélodie chatoyante, de vouloir systématiquement proposer des titres enjôleurs (assez perturbant sur un titre comme "Love Test" qui colle un peu aux doigts).
En comparaison avec les disques antérieurs on pourrait reprocher aux Growlers de sonner comme du The Coral mou. Pas glorieux sur le papier.
Et pourtant s'il on accepte cet état de fait (et que l'on oublie les trois titres sus-nommés), ce Chinese Fountain contient son lot de très belles compositions : "Big Toe", les accents ska de "Going Gets Tuff", la mélancolique "Magnificient Sadness", "Not The Man", la gentiment rétro "Rare Hearts".
Tout en étant le moins bon des disque qu'a sorti le groupe jusqu'à présent, Chinese Fountain n'est pas le naufrage annoncé, juste un bon disque. Reste à espérer qu'après avoir fait de la nonchalance un art de vivre les Growlers ne tombent pas dans l'éloge de la paresse. L'avenir nous le dira.
Tracklist : Big Toe / Black Memories / Chinese Fountain / Dull Boy / Good Advice / Going Gets Tough / Magnificent Sadness / Love Test / Not the Man / Rare Hearts / Purgatory Drive
Dans un secteur dominé sans partage par les Allah-Lahs et les Growlers, quelle place accordée aux Mystic Braves ? Celle des losers magnifiques bien sûr ! Celle d'un groupe qui n'a pas les mêmes soutiens que leurs amis des Allah-las, ni l'aura des grands frères des Growlers. Celle d'un groupe pas verni qui dût changer de nom (ils s'appelaient auparavant Blackfeet Braves) retardant d'autant la sortie de leur premier album, pendant que les autres raflaient la mise...
Et pourtant, des trois groupes notre sympathie ira toujours aux Mystic Braves et pas seulement parce qu'on préfère les losers. Mais bien parce que les Mystic Braves jouent comme les Allah-Lahs mais avec la décontraction et le je-m'en-foutisme des Growlers.
Si on ne devait retenir qu'un seul disque parmi les trois qui sont sortis cette année, la palme irait haut la main à ce Desert Island. Un album brillant, truffé de compositions ensoleillées aux mélodies marquantes. Sûr de leur talent ils peuvent même envoyer cette reprise parfaite de "In The Past" des géniaux We The People.
Sceptiques ? Allez écouter des titres comme "Bright Blue Day Haze", "There’s A Pain", "Desert Island", "You Take The Dark Out Of Me" ou "I Want You Back", et il y a fort à parier que comme pour nous les Mystic Braves apporteront un peu de soleil californien dans votre salon.
Tracklist : Bright Blue Day Haze / There’s A Pain / Coyote Blood / Desert Island / Valley Rat / You Take The Dark Out Of Me / I Want You Back / Born Without A Heart / In The Past / Earthshake
Frank
Audio et vidéo :
30 décembre 2014
11 février 2014
The Growlers - Hung At Heart (2013) et Not Psych! (2013)
Alors que l'on passe régulièrement en revue moults groupes californiens, on avait jamais écrit une seule ligne sur The Growlers. Un crime. Heureusement le groupe semble avoir passé la vitesse supérieure en enregistrant en 2013, un album Hung At Heart et un EP Not Psych!. L'occasion est belle de rattraper un peu du temps perdu.
Les Growlers avaient créé une réelle attente suite à la sortie de Are You In Or Are You Out en 2009 vite suivi du EP (de 10 titres tout de même), Hot Tropics en 2010. Il faut dire que leur côté branleur, la nonchalance qui se dégage de leurs morceaux n'a d'égal que la fulgurance de leurs compositions. Quelque part entre envolées west coast et le The Coral des débuts, la pop embrumée des californiens faisait plaisir à entendre.Après la sortie sur cassette chez Burger de Beach Goth un recueil d'inédits, le groupe a enfin sorti, après une collaboration avortée avec Dan Auerbach, le successeur de Hot Tropics. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est à la hauteur des attentes. Pas de grands changements dans la musique proposée par Brooks Nielsen et Matt Taylor, on y retrouve ce même attrait pour une pop nimbée d'écho, envoutante et toujours passionnante.
Sur les quinze titres qui compose Hung At Heart, certains titres sonnent en-dedans mais c'est surtout parce qu'ils sont entourés de grands morceaux à la qualité réellement impressionnante. Le disque fourmille de trouvailles sonores (un exemple ? le clavier de "Naked Kids") qui font de ce Hung at Heart un album passionnant, ne serait-ce que pour en déceler toutes les facettes. Si quelques sceptiques doutent du talent du groupe, qu'ils se jettent sur des pistes comme "Someday", "Naked Kids", "One Million Lovers", "Use Me For Your Eggs" (un titre qui nous a fait penser à du Rascals sous valium) ou "Living In A Memory".
Tracklisting : Someday / Naked Kids / Salt on a slug / One million lovers / No need for eyes / Living in a memory / Pet shop eyes / In between / Burden of the captain / Row / It’s no use / Use me for your eggs / Derka Blues / Beach Rats / The fruit is for everyone
Est-ce par désir d'enfoncer le clou ou simplement le fruit d'une production débridée et incontrôlée ? Quoiqu'il en soit, le groupe a sorti en fin d'année un nouvel EP sorti sous le titre Not Psych! pour l'Europe et Gilded Pleasures pour USA et AUS/NZ.
Ce nouvel EP, sept titres quand même, nous a si ce n'est décontenancé, du moins surpris par le son. Jamais le groupe n'avait sonné aussi "pur", on ne retrouve pas le côté cotonneux, l'écho présent dans leurs productions antérieures sans qu'au final cela ne soit un réel problème. Au contraire, ce nouvel écrin sonore sied finalement assez bien à nos débonnaires californiens qui enfilent les perles : "Dogheart II", "Hiding under Covers", "Humdrum Blues" ou "Ol Rat Face" sont à ajouter à la longue liste d'excellents morceaux pondus par le groupe depuis quatre ans. Chaque instrument occupe parfaitement son espace, aucun n'est sacrifié pour au final un EP en tout point remarquable.
Tracklisting : Dogheart II / Hiding under covers / Tell it how it is / Humdrum blues / Ol rat face / Change in your veins / Nobody owns you
Frank
En écoute :
Publié par
Frankystooge
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