20 octobre 2016

Qualité Made In France - Acte XVII (Montreuil, comptoir et grande oreilles...)

Gommard - Live in MonStreuil (2016)

Gommard. LE Gommard...
Pour les plus experts d'entre vous, il évoquera irrémédiablement le nom du chien d'un des musiciens. Pour les plus mélomanes (et éventuellement alcooliques), il évoquera des soirées inoubliables dans des bars comme le Chinois, le Café des Sports, l'Armony, le Comedia... où la scène montreuilloise faisait ses armes et défendait chèrement son territoire (face aux fermetures administratives et pressions diverses...).
Les 6 comparses ne sont pas inconnus de nos services: des informateurs bien placés, certains ayant déjà des cheveux blancs, suivent leurs faits et gestes depuis longtemps. Concerts dans des bars, des squats... De véritables "serial players" comme disent certains. Tendance "rhytm'n blues et rock'n'roll qui auraient plu à des punks" si vous voyez ce que je veux dire, ils n'ont d'ailleurs pas peur de faire des reprises de pépites oubliées.
Voyez le tableau: Kik (chant, harmonica), Eric (batterie), Bob (basse), et le trio Maxime-Pierrot-Bruno pour le braquage guitaristique! Se sachant recherchés par nos plus fins limiers, ils ont tardé à sortir un disque, mais ont fini par  enregistrer cet album en 2 sessions live à l'Armony en janvier dernier. La pochette sérigraphiée est magnifique... et s'échange sous le manteau pour des sommes faramineuses d'après nos indic'.
Au programme parmi les 10 titres, de belles reprises aussi bien en anglais qu'en français: "Teenage Head" (Flamin Groovies), "Preachin' the blues" (R. Johnson / Gun Club / Solead Brothers), "Les révoltés du bloc G" (OTH)... mais aussi des titres plus personnels avec "Les Zomatoufaire" ou encore "Y a du baston dans la taule" (un véritable hymne à lui tout seul!). Ce dernier titre rappellera également des mauvais souvenirs aux plus anciens d'entre nous, notamment la 1ère page du "Parisien" d'avril 1986: "Montreuil: 200 punks attaquent la police"...
Ne pouvant terminer mon exposé sur une note aussi négative pour nos services, je vous rappelle que ce disque est une valeur sûre sur le marché noir de la galette vinyle, "un petit bijou brut de contrebande" aux dires des locaux. Donc, priorité absolue lors de vos prochains contrôles chez les disquaires parisiens!




PS: L'auteur de ces lignes est aussi membre du label associatif "Mauvaise Foi Rds" (en co-production avec le Gommard pour ce live), vous voilà donc informé(e) et aucun manque de transparence ne pourra ainsi nous être reproché. Notez quand même que vous pouvez accéder à notre page de doléances/recours administratifs en faisant un clic gauche sur votre barre d'adresse, puis en appuyant sur "alt"+"F4".


Johnny Montreuil - Narvalo City Rockerz (2015)

Il n'y a que la banlieue montreuilloise pour permettre l'alchimie nécessaire à l'émergence de Johnny Montreuil!
Les 5 membres du groupe ne sont pas des minots nés de la dernière pluie, plutôt des canailles rappelant l'époque où les épithètes "prolo", "manouche", "rital", "gadjé", "marlou" roulaient sur le pavé, entre les lèvres d'une population hétéroclite et fière de son travail ouvrier.
Ces gars-là ont vu du pays, vécu 100 combats et galères, écouté et dansé sur 1000 choses. Rien que sur l'étiquette, le mélange était de bonne augure: guitare électrique (Rön), harmonica (Kik), contre-basse (Johnny), mandoline/violon (Géronimo), piano et batterie (Tatou). Le français est largement teinté d'argot, d'arabe...
Imaginez, écoutez, ces 8 pistes qui s'entrecoupent dans des styles différents: ballade nocturne ("Oh Liège"), complainte ("Le cœur qui saigne"), revendication d'une forme de résistance et de liberté (le countrysant "Devant l'usine", "Par les toits"), ou encore clin d’œil goguenard moderne à l'alcoolisme (les hoquets de "Bois de l'eau") ou aux poinçonneurs (la perle de "Wesh leur-leur"). Tout ça pour donner une identité incroyable à cet album, témoignage supplémentaire d'une diversité que d'autres préfèrent ignorer. Sur ce disque, les 5 comparses de Johnny Montreuil sont bons, très bons même... Et puis, on a aussi une certaine idée de leur travail "en famille" avec les invités tels que Gigi Pantin ("Bois de l'eau"), Rachid Taha ("L'amour aux balcons")...
Dernière chose à noter, la "spéciale dédicace" de cet album est pour Schultz (le fameux boss de la Clinik du Dr Schultz, le membre de Parabellum, des Tontons flingueurs et bien d'autres...) disparu en 2014 et auquel la scène montreuilloise continue de rendre un hommage vivant, légitime et appuyé.
Bref, ce n'est plus de "l'échantillon de la scène locale" pour journaleux là, mon bon m'sieur! C'est du concentré de bars, de l’élixir du meilleur pinard, de la 1ère pression de ricard! Bon. Autrement, c'est pas tout ça mais il boit quoi le monsieur?



John The Revelator

1 octobre 2015

Qualité Made In France - Acte X

Un nouveau volet des Qualité Made In France placé sous le signe de la variété !
Il y en a pour tous les goûts.
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BASTON - GESTURE (2015)

Lors de la sortie du single Alamo l'an passé, Baston donnait l'impression d'un groupe à la recherche de sa voie comme en attestait les deux facettes (l'une garage l'autre plus indie pop) dévoilées sur ce 7".
Le moins que l'on puisse dire c'est que Gesture ce nouvel EP donne quelques indications sur l'orientation prise par le groupe : clairement nineties. Ne pas se fier ainsi au premier titre, "Maybe I'm Dead" dans une veine Harlem / Jacuzzy Boys, car le reste de l'EP est plutôt en mode shoegaze / psychedelic drone à la Cosmonauts avec une touche pop à la The Shins qui donne à l'ensemble un côté très fédérateur ("Decay", "Jacques Vache"). Dans la grande tradition du genre, l'éthérée "Holotape" ou les plus enlevés "Sword" et "Honda"  font la démonstration du talent du groupe. Une maîtrise de leur sujet qui transparaît sur "gefahr", titre épique qui clôt cet EP.
Une belle réussite que l'on doit au label Howlin Banana Records.


LES GRYS-GRYS - LEFT UNSEEN (2015)

A l'heure où les Strypes recueillent en dépit de tout bon sens les suffrages (voir la très juste chronique de nos amis de Planetgong sur le sujet), le travail d'un label comme Dirty Water Records force le respect, s'attachant à sortir moult groupes bien plus méritant, avec au premier chef les Grys-Grys.
Car si vous aimez le beat 60's, le rythm'n blues, ce nouveau single des montpellierains est tout simplement un must have.
S'inscrivant dans la lignée des Yardbirds et autres Pretty Things, les Grys-Grys envoient deux tueries qui feront se pâmer les amateurs et oublier par la même les contrefaçons que l'on essaye trop souvent de nous refourguer.



COLD COLD BLOOD - FROM MUD TO BLOOD (2015)

Quand on écoute pour la première fois From Mud To Blood, on peine à croire que celui-ci fut enregistré ... à Limoges. Comment le Limousin serait-il devenu une terre d'americana ? On serait tenté de le croire à l'écoute de ce disque roots, dense et intense (la place de la basse y contribuant largement). Niveau intensité on pense d'ailleurs beaucoup aux australiens de The Drones, en plus apaisé certes mais avec lesquels ils partagent certaines obsessions. L'ombre d'un Mark Lanegan plane également sur From Mud To Blood et pas seulement parce que le groupe reprend One Way Street (sorti sur Field Songs). Avec un soin tout particulier apporté à l'orchestration, les titres rassemblés ici ont toutes un charme assez singulier, une puissance toute en retenue qui rappelle forcément l'oeuvre de Lanegan.
Mais ce disque est aussi éminemment personnel, ces références nécessaires pour comprendre où on met les pieds, ne sauraient suffire à expliquer la réussite d'un tel album. On a ici affaire à un groupe brillant, capable de transposer ses obsessions, ses émotions et de les partager avec l'auditeur, le tout sans emphase. Tout en économie et en talent.



THE HOWLIN' JAWS - SLEEPWALKIN' (2014)

Voilà un trio parisien découvert presque par hasard, en première partie des très bons Bloodhounds. Avec leur rock and roll rétro fifties mâtiné de surf, les Howlin' Jaws avait chauffé la salle à blanc et bien préparer le terrain aux californiens. Passage à la table de merch' et achat immédiat de ce Sleepwalkin', semble-t-il dernier enregistrement en date du groupe.
Deux titres finement exécutés pour amateurs du coffret Rockin' Bones !




MEXICAN SIX SHOOTER - GUNS OF ACAPULCO (2015)

Si vous avez besoin d'une petite dose de rock and roll high energy, vous pouvez aller faire un tour du côté des rouennais de Mexican Six Shooter . Leur Guns Of Acapulco contient son lot de bons moments et mérite une écoute attentive.
Si ça part parfois dans tous les sens, leur rock s'inscrit aussi bien dans la tradition d'autres tenants d'un rock à forte teneur en électricité comme les Rocket From The Crypt que dans une filiation avec le punk rock d'un Bad Religion.
Sympathique. On attend de voir vers quoi va évoluer le groupe.




27 septembre 2015

Alex Maiorano & The Black Tales - Everything Boom! (2015)

De temps en temps s'écouter un bon vieux disque de rock and roll old school, faut quand même reconnaître que ça fait du bien. Entre deux disques de punk blues ou de garage rock braillard, cela a l'immense avantage de remettre les idées à l'endroit, une forme de back to the basis, en somme.
A ce petit jeu ce Everything Boom! d'Alex Maiorano et ses Black Tales remplit parfaitement son office.

Originaire d'Italie, du moins pour deux de ses membres le reste on l'ignore, le combo propose un rock and roll furieusement jouissif et addictif.
Réhaussés de saxo, tambourin, clavier, harmonica (ses Black Tales si vous suivez), Alex Maiorano propose huit titres mixant rock, soul, rythm'n blues ou encore ska.
"Black Snake" et "Green Sin Bags" de facture classique emportent aisément l'adhésion, Maiorano se révélant un remarquable chanteur, très convaincant dans son rôle de performer. Et surtout caractéristique commune à tous les titres de cet album : tout transpire ici la bonne humeur, une joie de vivre, et donc de jouer, extrêmement communicative.
"Get, Get It" ou "Man With Soul" raviveront quelques souvenirs aux fans d'Otis Redding tandis que "Everybody Free" se la joue Stones période Sticky Fingers.
"Desperado With Ukulele Sound" se place sur des bases toujours plus seventies, un morceau qui entre d'autres mains aurait immanquablement virer gros cul. C'est ici juste parfait.
Preuve que le groupe a plus d'une corde à son arc, il envoie avec la même jovialité et la même réussite un titre ska avec "Three Boys In One Right".
Un album court (c'est son seul défaut) conclue avec l'efficace "She Wasn't Around" aux accents pub rock.

Cette sortie Off Label Records est notre coup de coeur de la rentrée.

Frank

Tracklisting :
1.Black Snake
2.Green Sin Bags   
3.Get,Get It
4.Everybody Free
5.Man With Soul   
6.Desperado With The Ukulele Sound
7.Three Boys In One Night
8.She Wasn't Around 


Audio et vidéo :



9 septembre 2015

James Leg - Below The Belt (2015)

On ira pas par quatre chemins, James Leg fait partie de ces artistes que l'on défendra aussi longtemps que l'on tiendra ce blog. C'est simple il pourrait se mettre à réciter le bottin accompagné de son seul Fender Rhodes que l'on trouverait surement moyen de crier au génie...
Il faut dire que le bonhomme à la voix rocailleuse, abimée par des années de consommation de whisky et de clopes, ne nous a jamais déçu, que ce soit au sein des Black Diamond Heavies ou en solo.
On avait donc peu de doutes sur la qualité de ce Below The Belt, successeur du très bon Solitary Pleasure dernier effort discographique du révérend s'il on excepte la collaboration avec les Left Lane Cruiser (Painkillers en 2012).
Avec Below The Belt on tient son album le plus varié à ce jour, sans que cela ne nuise à la cohérence d'ensemble, du moins pour les 3/4 du disque, nous y reviendrons.
Le son est juste ENORME, le travail de Jim Diamond étant comme à l'accoutumée remarquable. Un son plus ample qui doit aussi beaucoup aux musiciens qui l'accompagne : Andy Jody (son compagnon sur Solitary Pleasure) et Matt Ayers se partagent les fûts tandis que Paul Brumm tient la basse (la laissant à Jim Diamond sur "Can't Stop Thinking About It"). A cela s'ajoute comme sur Solitary Pleasure selon les pistes, guitare, trompette, trombone, violon... On est loin de la formule du duo qui a fait sa réputation.

Le début d'album permet tranquillement de se mettre dans l'ambiance, de retrouver cette voix si singulière et tout ce qui fait le sel des productions de James Leg, à commencer par son orgue : "Dirty South" reprise de Bob Reuter (1) photographe et musicien de St Louis et "Casa De Fuego" avec un vrai travail sur les choeurs, sont ainsi de parfaites mises en bouche.
Mais c'est avec "Up Above My Head" que l'album décolle vraiment. Reprise de l'immense (on pèse nos mots) Sister Rosetta Tharpe, ce titre capte la magie qui se dégage du garçon lors de ses prestations scéniques, capable de s'approprier n'importe quel titre. Les connaisseurs apprécieront.
"Drink It Away" poursuit dans une veine boogie de cabaret comme les a affectionné en son temps Jerry Lee Lewis avant la première pause de l'album avec la ballade "October 3rd". Ballade parfaitement maîtrisée, et dont il semble s'être fait une spécialité.
"Glass Jaw" permet à James Leg de renouer avec ses premières amours. Ce titre stoogien constitue la seule véritable déflagration sonore de l'album avec la reprise du "Can't Stop Thinking About It" des Dirtbombs (issu de Horndog Fest).
Curieusement c'est le moment choisi par James Leg pour envoyer une reprise du "A Forest" de Cure ! Attention il s'agit d'une très bonne reprise, c'est juste que le titre sonne quelque peu déplacé sur cet album varié certes mais qui tournait quand même autour de thématiques très ciblées.
On en dira pas autant de "Disappearing" et ses claviers à la Robert Miles qui a sonné à nos oreilles comme le seul titre dispensable de Below The Belt. Heureusement James Leg nous sert en guise de dessert "What More", tout en retenue, empreint d'une réelle mélancolie, la preuve que James Leg n'a pas fini de nous surprendre.

Au final, ce Below The Belt est une franche réussite et ne rend son auteur que plus indispensable à nos yeux (et à nos oreilles).

Frank

(1) un titre déjà repris par Mark Porchop en duo avec Johnny Walker (https://www.youtube.com/watch?v=iKcM2zHg__g)

Tracklisting :
01. Dirty South
02. Casa De Fuego
03. Up Above My Head
04. Drink It Away
05. October 3rd
06. Glass Jaw
07. Can't Stop Thinking About It
08. A Forest
09. Disappearing
10. What More

Audio et vidéo :



19 août 2015

James Luther Dickinson - Dixie Fried (1972)

James Luther "Jim" Dickinson est dans le monde du rock ce qu'il convient d'appeler une légende.
Musicien de studio, on peut l'entendre au piano sur l'extraordinaire "Cadillac Man" des Jesters, "Wild Horses" des Stones, mais également sur Teenage Head des Flamin' Groovies. Il a, entre autre, joué avec Ry Cooder, Dylan, les Cramps, Spacemen 3...
Producteur de génie, il a également travaillé avec Big Star, Alex Chilton solo, Green On Red, Mojo Nixon, The Replacements, Tav Falco, Mudhoney, Primal Scream, T-Model Ford ...

Mais au final c'est peut être son oeuvre solo que l'on connaît le moins, occulté donc par ces multiples collaborations.
Pourtant Dixie Fried son premier album sorti en 1972 mérite vraiment que l'on s'y attarde. Cocktail rafraîchissant de rock and roll old school, de rythm'n blues endiablé, de country et de boogie rock, les neuf titres de ce premier album hétéroclite sont autant de preuve de l'indéniable talent de son auteur.
Capable d'alterner éructations comme sur l'over-the-top, "Wine" qui en fait l'héritier des pionniers Esquerita / Little Richard, relecture d'un titre des Nightcaps de 1962, (version qu'ont surement beaucoup écouté les membres de Slade) ou chant poignant mais garanti sans guimauve ("Strenght Of Love"), Jim Dickinson est un très bon entertainer.

Un Dickinson qui égrène ballade country façon Exile On Main Street ("Louise"), se la joue R'n B ("Dixie Fried") tandis que "Judgement" s'apparente sans doute au résultat qu'a souhaité (en vain) atteindre Clapton tout au long de sa carrière.

Production aux petits oignons avec renfort de choeurs féminins, piano forcément, Dixie Fried est symptomatique de ce que le bonhomme produira par la suite, maîtrisant à fonds tous les courants musicaux américains, s'en inspirant pour offrir ... autre chose.
Ainsi s'il paye son due à Dylan sur "John Brown" morceau de 1962, il  transforme radicalement ce morceau pour en offrir une relecture éminemment personnelle. Autre exemple, "O How She Dances", qui présente quelques similitudes avec ce qu'offrira quelques années plus tard un Tom Waits.

Dixie Fried est ainsi un disque curieux, empreint d'un grand classicisme mais qui entre les mains de son auteur, sonne très moderne dans l'approche pour l'époque.

Frank

Tracklisting :
1. Wine
2. The Strength Of Love
3. Louise
4. John Brown
5. Dixie Fried
6. The Judgement
7. O How She Dances
8. Wild Bill Jones
9. Casey Jones (On The Road Again)

Audio et vidéo :




5 juin 2015

The Low Road - Mac Curtis (1956)

Il semblera bien difficile à croire pour nos lecteurs avisés que cette ballade hillbilly de vieux routard désespéré soit interprétée par un jeune texan de dix-sept ans qui enregistre ce titre entre deux cours de lycée.
La route qui a mené le jeune Mac Curtis dans ce studio à Dallas pour le label King en 1956, a été balisée par toutes les étapes nécessaires aux héros d’épopées country. Élevé par ses grands-parents dans une petite bourgade agricole du Texas, à douze ans, le jeune Wesley Erwin Curtis s'achète sa première guitare et un paysan du coin lui apprend les accords de base. Quelques mois plus tard, le jeune homme finit deuxième à un concours régional de musique et empoche quinze dollars, ce qui lui permettra de rembourser l’instrument béni et de prendre conscience que son avenir était tout tracé.
Sa gloire ne parviendra pourtant pas à franchir les murs de son lycée dont il faillit être exclu, comme toute légende rock’n roll digne de ce nom, pour des contorsions trop suggestives sur scène. Mais en 1956, les Country Cats se font remarquer lors d'un concert organisé par un concessionnaire auto de Forth Worth au Texas. Un DJ de la région lui obtient une audition auprès d'un représentant du fameux label King qui les signe aussitôt dans une chambre de motel après avoir entendu leur petite prestation de deux titres.
Quelques mois plus tard, au début de l'été 1956, Mac Curtis se retrouve dans le studio de Jim Beck à Dallas pour King et enregistre ses premiers titres, écrits par Jim Shell et Joe Price. The Low Road est enregistré lors de la deuxième session, en juillet 1956.



Entrecoupée de sifflements insouciants, la plainte de The Low Road s'étire au rythme des claquements de doigts de Joe Price et au son en écho de la voix de Mac Curtis, digne d'une prise sonore de chez Sun. La voix et les hoquets ne sont pas aussi maîtrisés que ceux de Charlie Feathers qui aura quitté Sun pour rejoindre la maison King deux mois après cet enregistrement de The Low Road, mais le jeune interprète use avec talent de son vibrato pour nous convaincre, malgré son jeune âge, de son chagrin d'amour de baroudeur empêtré dans les bouchons lugubres de sa mélancolie. Malgré une participation pour l'émission spéciale de Noël d'Allan Freed quelques mois plus tard, Mac Curtis retournera au lycée, finir son année avant de partir faire son service militaire en Corée. La gloire espérée ne viendra qu’avec le revival rockabilly à partir de 1973. A la réécoute, n’est-ce pas un destin railleur qui dicterait ces mots entre deux sifflottements nonchalants : "I'm travelling down the low road / It's paved with broken hearts/ The traffic's filled with fools like me/ Who were losers from the start" ?

A noter la superbe reprise du titre par Bloodshot Bill parue en split chez Hog Maw en 2011.
(à partir de 7,12 min, sur la vidéo ! )


La Duchesse de Fuzz

7 mai 2015

Natural Child - Dancin' With Wolves (2014)

Après deux disques de fort belle tenue (For The Love Of Game en 2012 et Hard In Heaven en 2013) où leur boogie rock faisait plaisir à entendre les Natural Child ont offert l'an passé un troisième album chaleureux et généreux qui fleure bon les seventies.
Lors de leur dernière tournée, les membres du groupes ont semble-t-il pas mal écouté de groupes de cette décennie et souhaitaient enregistrer un album dans cette veine. Le résultat c'est ce Dancin' With Wolves, un album de country rock à l'ancienne qui rappelle Canned Heat, The Band ou Waylon Jennings, quand ce n'est pas les Stones période Mick Taylor qui sont conviés au festin ("Don't The Time Pass Quickly")

Pour se faire, le groupe, de trio (le bassiste Wez Traylor, le batteur Zack Martin et le guitariste Seth Murray) est passé à quintet. Ils se sont ainsi acoquinés avec Benny Divine aux claviers et Luke Schneider spécialiste de la pedal steel histoire de donner plus d'ampleur à leur composition ("Country Hippie Blues"), de sonner sans doute plus authentique, au risque de sonner quelque peu cliché parfois ("Saturday Night Blues").
Heureusement, le groupe a conservé les deux atouts principaux de Hard In Heaven leur précédent album : un sens du groove diabolique qui invite instantanément à battre la mesure et une capacité à trouver LA mélodie avec une déconcertante facilité.

Si l'ensemble peut paraître convenu, le groupe arrive encore à surprendre comme sur "Firewater Liquor" titre aux accents jazzy (versant cool) ou "Out In The Country" plus sexy que ne le sera jamais les Black Keys.
A noter une reprise du "Nashville's a Groovy Little Town" de Tom T. Hall figure de la country qui en plus d'avoir été un chanteur à succès, a écrit des titres pour Johnny Cash ou Waylon Jennings.

Au final Dancin' With Wolves dégage un fort capital sympathie, par les influences auxquelles il renvoie, l'excellence de l'interprétation et la qualité des titres ici présents.

Que demande le peuple ? Du fun ? Vous voilà servi.

Frank

Tracklisting :
01 Out In The Country
02 Don't The Time Pass Quickly
03 Country Hippie Blues
04 Firewater Liquor
05 Bailando Con Lobos
06 Saturday Night Blues
07 Rounder
08 I'm Gonna Try
09 Nashville's A Groovy Little Town
10 Last Song

Audio et vidéo :